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SCENE VI.

LE COMTE DE MOOR feul.

QUE mille malédictions foudroyantes te pour

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fuivent! tu as volé mon fils dans mes bras. (11 tombe épuife.) Oh! oh! oh! Désespéré,

& ne

point mourir. Ils fuyent, ils m'abandonnent dans la mort, mon bon Ange s'eft enfui, ces Anges tutélaires s'éloignent de l'affaffin aux cheveux blancs.-Oh! oh! oh! Personne ne veut-il, par pitié, foutenir ma tête, perfonne ne veut-il délivrer mon âme? Point de fils ! point de filles! point d'amis !- Des Hommes !-Perfonne ne veut.... Seul! abandonné ! desespéré, & ne point mourir. (Il foupire, & s'évanouit.)

AMÉLIE entre d'un pas filencieux, l'apperçoit, & jette un cri.

Mort, tout eft mort. (Elle fort désespérée.)

SCENE VII.

Les Forêts de Bohême.

RAZMANN arrive d'un côté, & SPIEGELBERG d'un autre côté, avec une bande de Voleurs.

RAZMA N N.

Sors le bien venu, camarade de

guerre, fois le bien venu dans les forêts de Bohême. ( Ils ( s'embraffent.) Dans quel coin du monde la tempête t'avoit-elle jetté? D'où le vent t'amene-t-il, mon camarade?

SPIEGELBERG.

Tout bouillant de la foire de Léipzik. Il y faifoit bon là. Demande à Schufterie. Il m'a chargé de te féliciter du cœur pour ton heureux retour. - Il a joint en chemin la grande bande de votre Capitaine. (Se mettant à terre pour se repofer.) Et comment avez-vous vécu depuis notre départ? Comment va le métier ? - Oh je pourrois te raconter de nos tours, à te faire oublier le manger & le boire jufqu'à demain matin.

RAZMAN N.

Je le crois, je le crois. Tu as fait parler de toi dans les Gazettes. Mais où diable as-tu ra

maffé tous ces bandits? -Grêle & tempête, tu nous en amene un petit bataillon, tu es un excellent recruteur !

SPIEGEL BERG.

N'eft-ce pas ? Et ce font-là des gens adroits. Acroche ton chapeau au foleil, je parie qu'ils le volent, & que de tous les habitans de la terre pas un feul ne s'en appercevra.

RAZMANN rit.

Avec ces Meffieurs-là, tu feras bien accueilli du Capitaine. Il a auffi déja engagé de braves

gens.

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SPIEGELBERG avec humeur.

Tais-toi donc, avec ton Capitaine, miens, en comparaison. - Pah!

RAZMAN N.

& les

Eh bien oui! Ils peuvent avoir des doigts fort exercés, mais je te dis que la réputation de

notre Capitaine a déja tenté d'honnêtes gens.

SPIEGELBERG.

Tant pis.

SCENE VIII.

GRIMM accourt avec précipitation. LES PRECEDENS.

QUI

RAZMAN N.

UI vive? Qu'est-ce qu'il y a là? Des voyageurs dans la forêt ?

GRIMM.

Allons, allons, où font les autres? Mille fapermente ; vous reftez là vous autres à bavarder? Vous ne favez donc pas..... Vous n'en favez donc rien?.... Et Roller.....

RAZMAN N.

Quoi donc ? quoi donc ?

GRIM M.

Roller eft pendu, & quatre autres avec lui.

RAZMA N N.

Roller? Quoi? Depuis quand ? - D'où le fais-tu ?

GRIMM.

Il y a trois femaines qu'il étoit au cachot, nous

n'en favions rien. Il a été interrogé trois fois, & nous n'en favions rien. On lui a donné la question extraordinaire pour qu'il dénonçât fon Capitaine. -Ce brave garçon n'a rien avoué : hier, on lui a lu fa fentence, & ce matin, il est allé en pofte rejoindre le diable.

RAZMAN N.

Malédiction! Le Capitaine le fait-il ?

GRIM M.

Il ne l'a fu que d'hier. Il écume de rage comme un fanglier. Tu fais qu'il a toujours fait le plus grand cas de Roller, & la torture encore qu'on lui a fait fouffrir ! Nous avons porté, pour le fauver de fa prifon, échelles & cordes ; en vain. Même le Capitaine, déguifé en Capucin, eft entré dans la prison, il a voulu changer avec lui d'habits. Roller a toujours refufé. A présent, le Capitaine a juré.... Unferment qui nous a tous glacés d'effroi ! —«Je lui allumerai une torche funebre fi effrayante, » que jamais Roi n'aura eu de si horribles funé» railles; je les brûlerai tout vivans. » — J'ai peur pour la Ville. Depuis long-temps, il a une dent contre elle, parce qu'il y a trop de bigoterie, & tu fais que lorfqu'il a dit : «Je veux le faire ! » c'eft comme fi nous autres nous l'avions déja fait.

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