Imágenes de páginas
PDF
EPUB

port à l'étendue de la Religion Catholique Romaine, que par rapport à la fituation du Païs. Il n'en fait pourtant pas un crime à cet Auteur; ,, car, dit-il, il donne une defcription des Lieux, qu'il n'a pas vûs pour la plus grande partie.

دو

La defcription générale des Alpes & des Montagnes de la Suiffe, fait la matiére du Chapitre IV. Ce Chapitre, prefque tout tiré des Delices de la Suiffe, & des Voyages de Monfieur Scheuchzer, contient d'un bout à l'autre une infinité de chofes curieufes, que l'on auroit de la peine à croire fi elles n'étoient confirmées par une expérience journaliere. On a inféré dans ce Chapitre, trois Planches, qui repréfentent des Cryftaux merveilleux de diverfes figures & des Pierres de fubftances finguliéres, variées à l'infini, & chargées de poiffons pétrifiés, que l'on juge être des pierres du Déluge; parce qu'elles fe trouvent dans les plus hautes Montagnes, où il n'y a pas d'apparence qu'il y ait jamais eu ni Lac ni Riviére.

Des Alpes & des Montagnes l'Auteur vient à la defcription des Lacs & des principales Rivières; ce qui compofe le Chapitre V. Pour plus grande briéveté nous ne nous y arrêterons pas; d'autant plus qu'il ne contient guères que ce que l'Etat & les Delices de la Suiffe nous en avoient appris. Nous nous contenterons de remarquer, qu'on y trouve deux planches la prémière repréfente les fources du Haut & du Bas-Rhin & la feconde les fources du Rhône. Nous avertirons auffi une fois pour

tou

toutes, que ces Planches auffi-bien que toutes celles que l'on voit dans ce Livre au nombre de 75. avoient toutes paru dans les Délices de la Suiffe, à l'exception du Titre & des Cartes Géographiques. On a fubftitué avec raifon à celles qui étoient dans les Délices de la Suiffe, celles que Mr. Scheuchzer publia en 1714. après y avoir travaillé plufieurs années, avec tant de foin, qu'à peine y a-t-il un pouce de terre qu'il n'ait mefuré.

Comme l'Auteur avoit vû que dans les Delices de la Suiffe, il étoit parlé d'une Pierre de Dragon & de quelques Os de Géans que l'on conferve à Lucerne, il a cru qu'il feroit bon pour contenter la curiofité d'un chacun d'examiner ce qu'en difent les Hiftoriens, & les preuves qu'ils donnent afin de fixer là-deffus ce qu'on en doit croire. C'eft ce qu'il a exécuté dans les Chapitres VI. & VII. Dans le Chapitre fixiéme il rapporte jufqu'à vingt-quatre exemples de Dragons apperçus dans divers quartiers de la Suiffe. Il en donne les Defcriptions & les Preuves; & il conclut ainfi :,, J'avertirai le Lecteur que comme dans la Suiffe & fur-tout dans les Alpes, on a coûtume de donner le nom de Dragons à certains Tor,, rens, qui tombent avec fracas & impétuofi. té des Montagnes, emportant avec eux de très-groffes pierres, & abattant les arbres, ,, qui fe trouvent en leur chemin, il est à croire que cette manière de parler a donné lieu à bien des Fables, qui courent dans le Païs au ,, fujet des Dragons. Néanmoins, nonobftant

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

1 4

cela,

cela, on ne peut s'empêcher de convenir, ,, qu'il n'y ait dans la Suisse de véritables Dra,,gons. J'en ai rapporté trop d'exemples & trop ,, de preuves, pour qu'on en puiffe douter " Il ne décide pas cependant fi on doit les regarder comme un genre d'Animal particulier, on comme des Monftres de Serpens; il dit feulement que ces Dragons ne font pas tous de la même espèce; qu'il y en a qui ont des aîles, d'autres qui ont des pieds, que l'on peut met tre au rang des Lezards: d'autres qui n'en ont point, que rien n'empêche qu'on ne regarde comme des Serpens; que les uns différent par la couleur, les autres par les écailles & d'autres par différentes parties du Corps: en forte que l'on peut dire que les marques que Bochart (a) donne, pour connoître les Dragons, ne font pas juftes, où du moins qu'elles ne conviennent pas entièrement aux Dragons de la Suiffe. C'eft auffi la Conclufion qu'avoit tiré Monf. Scheuchzer, aux favantes remarques de qui nôtre Auteur reconnoît avec juftice devoir prefque tout ce qui eft contenu dans fes deux chapitres des Dragons & des Géans de la Suiffe; puifque ces deux Chapitres font proprement une Traduction Françoise on un Extrait de ce que Mr. Scheuchzer avoit dit en Latin. A l'égard des Géans, dont les Ecrivains de la Nation ont recueilli un grand nombre d'Hiftoires, nôtre Auteur bien loin de nous porter à les croire, nous infinuë même que

(4) Hieroz, Lib. III. pag. 435

nous

nous pouvons douter de la vérité des Os de Géans, que l'on conferve à Lucerne & ailleurs; parce qu'on ne repréfente que des Os des Côtes, des jambes & des cuiffes, & qu'on n'en produit aucun de la tête, des pieds, ou des mains qui feroient décififs, s'ils paroiffoient & qui ne paroiffant point rendent la chofe fuf pecte.

Dans le Chapitre VIII. 1'Auteur parle de la Nature & du Terroir de la Suiffe. Il rapporte ce qu'en ont dit l'Etat les Delices de la Suiffe; il y ajoûte des particularitez intéressantes, il diftingue la nature des principales Contrées, & ce qu'elles produifent, & il corrige quelques endroits peu exacts qui avoient été

avancez.

Les Chapitres IX. X. XI. & XII. font un Abregé de l'Hiftoire de toute la Suiffe.

1. On voit les principales difficultez qu'il y a à écrire l'Hiftoire d'un Païs tel que la Suiffe, tant par rapport à l'Hiftoire moderne, que par rapport à l'Histoire ancienne. En effet les Suiffes n'ont hérité de leurs Ancêtres d'aucune bonne Relation de leurs Actions; ils n'ont point d'anciens Mémoires qui puiffent paffer pour authentiques, & auxquels on puiffe avoir recours pour écrire l'Hiftoire des Siècles paffez: Ils ont tout au plus, dit nôtre Auteur, ,, quelques faifeurs de Chroniques, qui fe font ,, arrogez le Titre d'Hiftoriens; mais avec auffi ,, peu de juftice que les Chronologiftes, qui ,, marquent les Epoques des Actions extraor dinaires, fans rendre raifon de leurs caufes,

[ocr errors]
[ocr errors]

& fans informer le Lecteur des circonftances & des incidens, dont elles ont été accompa", gnées". Les difficultez ne font pas moindres par rapport à l'Hiftoire moderne. Où trouver un homme qui ait une connoiffance affez parfaite du Genie, des Faits, de la forme du Gouvernement, & de la Politique des différens Cantons?Et quand on le rencontreroit: Où trouvera-t-il les fecours néceffaires? La jaloufie, l'envie & peutêtre d'autres motifs, font tenir extrémement fecret tout ce qui fe traite dans les Conseils. Ainfi les Memoires & les Pièces authentiques manquent abfolument. D'ailleurs, dit nô,,tre Auteur, qui eft-ce qui feroit affez ami de la Vérité, pour ofer la dire au péril de fa fortune, ou même de fa vie? Les chofes ,, feprennent fur un ton bien different dans un Pais Ariftocratique ou Démocratique, tel que l'eft celui des Suiffes, que dans un autre Etat, où après la mort du Souverain, ou du moins après l'extinction de fa Branche, un Auteur dit fon fentiment, avec toute forte de liberté. C'eft tout autre chofe dans une République: les mêmes familles y tiennent ,, toûjours les rênes du Gouvernement; elles ne font pas bien aifes, que l'on divulgue », leur prémière origine, & la condition de leurs Ancêtres, &c.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]

2. On trouve une Idée affez complette de l'Etat ancien de la Suiffe, pour fervir à découvrir les caufes du foulévement des Suiffes contre les Empereurs ; ce qui a donné naissance aux treize Républiques ou Cantons dont le Païs

eft

« AnteriorContinuar »