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eien des Ecrivains Profanes, dont il cite là-deffus, des vers (a) qui le prouvent. Il y joint HE'SIODE, qui a fait, dit-il, un Traité exprès des Salines, où celles des Poiffons tiennent le prémier rang, & l'on y remarque plufieurs chofes qui font encore conformes à nôtre ufage: un feul paffage de cet Auteur nous en fournit la preuve. Ce paffage, que l'on rapporte traduit en François, eft tiré d'ATHENE'E (6) quoi qu'on ne le cite pas. Mais cet Auteur Grec le donne, comme rapporté par EUTHYDEME, Athénien, (c) dans fon Traité des Salines, & non pas comme pris d'un Traité d'HESIODE même fur ce fujet. De plus, Athenée ajoûte, que ces vers, à fon avis, (d) font de quelque Cuifinier, plûtôt que d'un auffi bon Poëte, qu'Héfiode.

Nôtre Auteur, qui, comme il nous l'apprend lui-même, fuit, dans ce Traité des Vivres, l'ordre naturel & ordinaire des grands Repas, vient enfuite (e) aux Légumes, & aux (f) Fruits. Après avoir dit quelque chofe du nombre & de l'ordre des Repas, chez les Anciens; il fait voir que les Herbes & les Fruits y ont toûjours été d'un fort grand ufage. Il traite,

(a) Ces vers le trouvent dans l'Odyffée, Lib. XI. vers.

121. 122.

(b) Lib. III. Cap. 31. pag. 116. Edit. Lugd. 1657.

(ε) Ευθύδημε, ὁ Αθηναί @ς, ἐν τῷ Περὶ ταρίχων, Ησίοδον φησὶ περὶ πάν τῶν τῶν ταριχευομένων τάδ ̓ εἰρηκέναι, &ο.

(α) Ταῦτα ἔπη ἐμοὶ μὲν δοκεῖ τινὸς μαγείρε εἶναι μᾶλλον, ἢ τι μεσικωτάτε Ησιόδε, &c.

(e) Tit. XLI. Chapp. I-XII. Par où commence le IV. & dernier Tome. (f) Tit. XLII. Chapp, I-XI.

traite, toûjours en Naturalifte, des Légumes & des Fruits, & il entre là-deffus dans un grand détail. Il n'oublie pas les Truffes, les Champignons, les Moufferons, les Morilles, & autres Fruits qui femblent naître d'eux-mê

mes.

Cela le conduit (a) aux JARDINS, dont il montre l'origine, & l'eftime que toutes les Nations de l'Antiquité en ont fait. Cette estime paffa en France, & s'y eft maintenuë de plus en plus jufqu'à aujourd'hui. On nous donne ici une description générale des Jardins Roiaux. Pour cultiver les Jardins, il faut des Jardiniers (b). L'Auteur fait l'éloge de cette profeffion; il rapporte les Statuts & les Réglemeus des Jardiniers de Paris; auffi bien que ceux des Marchands Fruitiers.

Il paffe de là aux (c) Affaifonnemens des Viandes. Par où il n'entend pas ces ragoûts exquis, que la Senfualité a inventez dans ces derniers Siécles; mais certaines chofes agréables, qui étant prises avec modération, font, finon néceffaires, du moins utiles, pour se former ou s'entretenir un bon tempérament, & qu'HIPPOCRATE CONfeilloit pour cette raifon. Il met en ce rang le Miel; le Sel; le Sucre; la Canelle, le Girofle, la Noix Mufcade, le Safran, le Poivre, le Gingembre; la Moutarde; le Verjus; le Vinaigre, &c. toutes chofes, fur lesquelles il nous donne, à fon ordinaire, fes recherches phy

(4) Tit. XLIII. Chapp. I-II. (b) Ilid. Chapp. III... V. (5) Tit. XLIV. Chapp. I-VI.

phyfiques & historiques. En parlant du Sel, il traite de fon Commerce, & il nous apprend l'origine de (a) la Gabelle. Ce Droit fut établi après la fatale Journée de Poitiers, où le Roi Jean combattant à la tête de fon armée, perdit la Bataille, & fut pris par les Anglois. Le Dauphin, Duc de Normandie, & alors Régent du Roiaume, aiant befoin d'argent pour paier la rançon du Roi, fut obligé de recourir à plufieurs moiens extraordinaires, & fur tout à l'établissement d'un nouvel Impôt fur le Sel, du confentement des Etats. Etant depuis parvenu à la Couronne, fous le nom de Charles V. il confirma ce qu'il avoit établi comme Régent.

Le commerce des Affaifonnemens a donné lieu aux Réglemens de Police (b) fur les Affaifonneurs, au rang defquels on met les Vinaigriers, les Pâtiffiers, les Boulangers de Pains d'Epice, les Cuisiniers.

Il étoit tems de (c) venir aux Boissons. L'Auteur ne dit rien ici de l'Eau, la plus néceffaire, & la plus commune: il en avoit affez parlé, en traitant de la Santé. Il commence donc par le VIN, qui lui fournit une ample matière. On voit ici l'origine des Vignes, leurs progrès en Afie, dans la Grèce, en Italie, en Espagne, en France, & en Allemagne; les foins de la Police touchant les Vignerons, la confervation des Vignes, la Vendange, les Tonneliers,

(a) Paz. $80. & fuiv. (b) Tit. XLV. Chapp. I-IV, (c) Tit. XLVI, Chupp, I-XXXI.

Cf

liers, & tout ce qui regarde le Commerce du Vin.

On paffe de là au Cidre, à la Biére, aux Braffeurs, à l'Eau de Vie; & on finit cet article des Boiffons, par les (a) LIQUEURS, qui n'ont pour objet, dit nôtre Auteur, que la volupté de ces délicateffes, que LYCURGUE avoit bannies de fa République, & que tous les STOïCIENS ont condamnées. Ces Liqueurs ont été fort long tems, hors d'ufage en France: on n'y connoifloit que les Vins Muscats, ou les Vins d'Espagne, l'Hypocras, & l'Hydromel. L'Eau de vie s'y étant introduite (ce qui ne fut que vers le commencement du XVI. Siècle) les Vinaigriers entreprirent d'en faire, & ils s'aviférent enfuite d'y mettre des Cérifes avec du Sucre; ce que l'on appella Eau clairette. Mais les Italiens, qui fuivirent la Princefle Cathérine de Médicis, apportérent en France l'an 1533. toutes les délices de leur païs. Ainfi on ne vit dès-lors à Paris que Liqueurs ou chaudes, ou rafraichiffantes. Le nombre des premières s'augmenta par l'établiffement des Colonies dans les Indes, d'où vint l'ufage de ces Liqueurs chaudes, qui ont retenu leur nom Indien de Ratafiat. Le Commerce des Indes a auffi introduit l'ufage du Thé, du Caf fé, & du Chocolat. Le Thé commença d'être connu à Paris environ l'an 1636. le Caffé, environ l'an 1660. & le Chocolat, en même tems, après le Mariage de Louis XIV. avec l'Infan

(4) Tit. XLVII. Chapp. I. II.

te

te Marie Théréfe d'Autriche. Ce Roi érigea depuis en Corps ou Communauté la profeffion de ceux qui vendoient des Liqueurs, fous le titre de Limonadiers, qu'ils portoient déja, parce que leur commerce avoit commencé par les Liqueurs Rafraichiffantes, dont la Limonade eft la principale. Il incorpora enfuite cette Communauté à celle des Diftillateurs d'Eau de vie, qui étoit plus ancienne. Les Ordonnances & les Arrêts ont favorisé de plus en plus cet établiffement contre les autres Profeffions qui ont voulu le traverfer. Cela eft bien éloigné des Loix Somtuai

res.

La préparation des Alimens le fait par le moien du Bois, & du Charbon. C'est dans cette vue que nôtre Auteur fait suivre (4) les Réglemens de Police qui regardent l'ufage & le commerce de ces deux fortes de provifions. Il termine fon cinquième & dernier Livre par le (b) Fein, qui fert à nourrir, dans l'Etable, les Bettiaux, & principalement les Chevaux.

On peut maintenant juger par le plan général, & par les échantillons de quelques endroits particuliers, que nous venons de donner, quel ufage on peut faire du nombre prodigieux de matières & de chofes curieufes, que ces quatre Volumes renferment. L'Auteur,

(a) Tit. XLVIII. Chapp. I-VI. & Tit. XLIX. Chapp. I-IV.

(b) Tit. L. Chapp. I-VIII,

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