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ouver une correfpondance dont ils étoient ls coupables, fans les lui confronter.

Du refte quand Elizabeth fut informée de la fin tragique de Marie, elle en témoigna une douleur extrême. Elle écrivit au Roi d'Ecoffe, fils de cette infortunée Princeffe, pour l'affurer qu'elle n'avoit point trempé dans cette affaire. Pour perfuader mieux au Public, qu'elle étoit innocente de cette mort, elle fit comparoître Daviffon dans la Chambre étoilée, ou il fut accufé d'avoir fait exécuter la Sentence, contre la volonté de la Reine. L'accufé fe défendit, & fit fon Apologie, qui, fi l'on y doit ajoûter foi, prouve qu'Elizabeth vouloit fe délivrer de la Reine d'Ecoffe, mais de manière qu'on ne fût pas qu'elle y avoit contri. bué.

Il y eut, fous le Regne d'Elizabeth, une violente perfécution excitée, contre ceux qui s'oppofoient à la Difcipline & Hierarchie Ecclé. fiaftique; mais l'Auteur a la charité de croire qu'on la doit plûtôt imputer aux Evêques qu'à la Reine même. Le Traducteur n'eft pas tout à fait de cet avis, & il réleve cet endroit par une Note, qui nous fait croire qu'apparemment fa réputation fe trouve intéreffée, dans celle du Clergé; mais il eft certain, quoi qu'il en dife, que s'il n'y avoit point de Théologiens fougueux, & animez d'un zèle frénetique, il n'y auroit jamais de perfécutions; car elles font trop contraires au bien de l'Etat & à la bonne Politique.

La mort du Comte d'Effex eft encore un

Evénement mémorable du Regne d'Elizabet Ce jeune Seigneur étoit fon premier favor On difoit affez communément que la Reine t dédommageoit avec lui, en fecret, des desagré mens du Célibat ; & que la perte du favori ne venoit que du mépris qu'il avoit fait des charmes de cette Princeffe. Il eut la tête coupée; mais la Reine s'en repentit, & en témoigna une douleur amere tout le refte de fa vie. Elle perdit fa Puiffance avec fon favori, & elle avoit pour ainfi dire commencé à s'enfevelir elle même dans le tombeau d'Effex.

II. Après la mort d'Elizabeth, Jacques Roi d'Ecoffe, lui fuccéda. Il étoit de la Maison des Stuarts, dont il eft bon de favoir l'origine. Blanchoo noble Ecoffois, avoit une fille d'une beauté extraordinaire, dont Macbeth Roi d'Ecoffe fouhaitoit de jouïr. Le Pere s'y oppofa; Macbeth le fit tuer, & enléva enfuite la Demoiselle. Fleance, fils de Banquho, apprehendant d'être envelopé dans la difgrace du Pere, chercha un azyle auprès de Griffin Lewellin Prince de Galles, qui remplit à fon égard tous les devoirs de l'Hofpitalité. Peu reconnoiffant de l'obligeant accueil qu'on lui avoit fait, Fleance rendit enceinte la fille de fon généreux protecteur, qui punit l'ingrat de mort; & la Princeffe accoucha enfuite d'un fils qui fut nommé Walter. Ce jeune homme fe diftingua par fon merite & par fon courage, tua un Noble Gallois qui l'appelloit Bâtard, & s'enfuit en Ecoffe. Sa réputation & fa faveur y accrurent fi fort avec le tems qu'il devintGrand-Maître de ce.

Royau

Royaume. C'eft cet Officier qu'on appelle High-Steward en Ecoffois & en Anglois, dont lui & fa poftérité, ont porté le furnom, & de ce Grand-Maître tirent leur origine, tous les Rois & les Grands Seigneurs de ce nom. Quant au Roi Jacques qui en eft defcendu voici fon Portrait en miniature, pour m'exprimer avec notre Auteur. Il étoit lâche au dernier point, mais il étoit habile dans le Confeil & fubtil dans les Projets. Jamais Roi ne fapa les Libertez de la Nation, avec plus de politique & d'artifice, plus lentement & plus fûrement que lui. Il aima mieux fe confier à fa propre fageffe qu'au bras de la Providence; & banniffant de fon Efprit, toutes les penfées qui pouvoient le porter à la Guerre, il s'appliqua à plonger le Peuple dans la Molleffe pour jetter par là infenfiblement & fans oppofition, les fondemens de la Tyrannie & du Defpotifme qu'il avoit deffein d'établir. Il étoit pareffeux & mal propre à l'excès; & s'il a été au-deffus de tous les Rois d'Angleterre quant à la fpeculation, quant à la pratique, qui eft la partie la plus effentielle d'un véritable favoir, & d'une Religion folide, l'Auteur croit pouvoir dire fans bleffer la charité, & à juger de l'arbre par fon bon fruit, qu'il leur a été fort inférieur. C'étoit le plus grand Blafphemateur du monde ; il accompagnoit chaque parole de quelque jurement; il proferoit toutes fortes d'imprécations; & tout le cours de fa vie fait voir que jamais perfonne n'a plus haï la Nation Angloife. Il étoit fort diffimulé, Tom. IV. Part. I.

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& c'est ce qu'il appelloit Politique Roiale, ou l'Art de regner. Du refte, il fit voir en plufieurs rencontres qu'il n'avoit que peu ou point de Religion.

Jacques avoit époufé Anne de Dannemark Princeffe d'une beauté fingulière, mais d'un tempérament trop robufte, pour un Epoux foible & délicat comme lui. Elle chercha dans les Amans, ce qu'elle ne trouva pas dans fon mari. Mr. Stuart de la Maifon de Murray, fut fa prémière inclination; mais le Roi en étant devenu jaloux, il fit mettre le feu à la Maison de Stuart & le fit ainfi périr dans les flâmes, de concert avec le Marquis de Huntley.

La Reine fe confola de cette mort dans les bras du Comte de Gowry, qui fut affaffiné dans fa propre Maison, dès que Jacques s'aperçut de fa familiarité avec fon Epoufe. Anne eut recours à un Danois nommé Beely, mais l'âge le rendant enfuite inutile à fa Maîtreffe, elle prit à fon fervice deux Gentilshommes de la Maifon de Buchanan, & la jaloufie anima fi fort ces deux rivaux qu'ils fe battirent en duel & fe tuerent l'un l'autre. L'Auteur eft d'opinion ,, que fi elle n'eut pas une vertu auftere toute la faute n'en doit pas être rejettée fur Elle. Quoique le Roi la vifitât quel,, quefois, il ne coucha point avec Elle pendant plufieurs années; & l'on accufe me me ce Prince d'avoir eu plus de penchant pour les hommes que pour le Sexe; de forte que le Mariage de fes favoris diminuoit ,, beaucoup fa tendreffe à leur égard. Abandonnée

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donnée de fon Epoux, il n'eft pas furpre,, nant qu'Anne ait cherché à diffiper, dans fa ,, propre Maison, & avec quelques-uns de fes ,, Domeftiques, l'ennui de fa folitude. Dans », le haut rang où elle étoit élevée, elle ne fe ,, mit jamais en tête de fe mêler des affaires ,, qui ne font guères à la portée de fon Sexe, ,, ni de brouiller l'Etat comme fit fa Bru. Au

lieu de s'occuper des intrigues d'Etat, elle ,, s'amufa à celles de l'Amour; & préféra les plaifirs des ruelles à l'embarras du Gouver,,nement. Mais enfin il fallut renoncer aux ,, bals qu'elle avoit fort aimé, & aux autres ,, divertiffemens de fa Cour, lorfque l'âge, ,, effaçant fa beauté & pliant fon corps, fous 5 les infirmitez de la Vieilleffe, la fit defcen" dre au Tombeau, terme fatal de toutes les vanitez du monde

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III. Charles I. dès fon Enfance, fit paroître beaucoup d'obftination, & d'entêtement pour fes idées, & outre ce défaut, la Dame qui fut fa Gouvernante, n'ofa jamais nier qu'il ne fût ingrat au dernier point. Dans fa conduite ,, extérieure, il ne prit jamais foin d'obliger

aucune perfonne, & quand il accordoit quel,, que faveur à un de fes Sujets, il en attendoit ,, des foumiffions fi rampantes, & il le faifoit ,, de fi mauvaise grace, qu'on avoit peine à ,, lui en avoir obligation". Il étoit trop précipité & trop inégal, trop prompt à prendre feu, & dans le même tems trop mou: il n'avoit pas plûtôt formé la réfolution de convoquer le Parlement, qu'il penfoit à le diffous

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