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que tout fût prêt pour fes couches fur la fin du même mois.

5. Mais la Princeffe qui ne fe trouvoit pas bien des eaux, ou qui fut ce qui fe paffoit à Londres, écrivit qu'elle alloit revenir. Cette nouvelle fut caufe qu'on précipita de nouveaux arrangemens. On choifit le Palais de St. James pour le lieu des couches, & dès le lendemain la Reine dit qu'elle vouloit s'y transporter, dut-elle coucher fur la Plancher.

6. Le lendemain que la Reine fut à St. James on fit avertir le Roi fur les neuf heures qu'elle étoit en travail. On envoya enfuite chercher la Reine Douairière: mais on n'en donna point d'avis aux Dames de la Cour; deforte qu'il n'y eut auprès de l'accouchée que deux Dames d'atour & une fous-Dame d'atour avec la fage-femme. Toutes les Dames Proteftantes étoient alors à l'Eglife; car ceci arriva un Dimanche, 10. de Juin.

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7. En venant de Whitehall le Roi prit avec lui grand nombre de Pairs, & de Membres de fon Confeil, fur lefquels il en choifit dix-huit qu'il fit entrer dans la chambre, où ils fe tinrent debout à l'endroit le plus éloigné. Les Dames fe tenoient auffi debout dans l'al

cove.

8. Les Rideaux du lit furent toujours fort elos, & perfonne n'y mit la tête que la fage femme & la fous-Dame d'Atour.

9. On y porta une Baffinoire, comme pour chauffer un côté du lit, quoiqu'on étoufât de chaleur. On n'ouvrit point cette Baffinoire

& perfonne ne put voir s'il y avoit du feu ou autre chofe.

10. On n'entendit point crier l'Enfant & on ne le vit point dans la Chambre.

11. Chamberlain, accoucheur ordinaire de la Reine, ne fut point appellé à cette Ceremonie.

12. Enfin la Princeffe Anne avoit fouvent demandé avec toutes les inftances qu'elle pouvoit faire fans perdre le refpect, de toucher le ventre de la Reine, pour fentir le mouvement de l'Enfant, mais cette legere fatisfaction lui avoit toujours été refufée: & ni avant ni après fon accouchement, perfonne n'eût cette permiffion.

De toutes ces circonstances, auxquelles on en pourroit encore joindre d'autres, il refulte 1. que quand la Reine auroit été réellement enceinte, tout aboutit à une fauffe couche, & 2. on en peut conclure auffi qu'elle ne fut point groffe quoi qu'elle feignît de l'être. Une conduite fi extraordinaire donna prife à la médifance. Il parut des Brochures où l'on ne craignit point de traiter la groffeffe de fuppofition. La Reine à qui l'on en parla fe contenta de dire, qu'elle ne daignoit pas fatisfaire des gens qui la croyoient capable d'un fi noir dein. C'eft-là précisément tout ce qu'on répond d'ordinaire quand on fe fent coupable, Qu'elle agit avec fierté, ajoûte le Dr. Burnet, envers de miférables Ecrivains de libelles, à la bonne heure. Mais ce qu'elle devoit au Roi, à elle-meaux Princeffes, & fur tout à son fruit, fi tant eft qu'elle fût véritablement enceinte, ne

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Pobligeait-il pas de prévenir & de lever jusqu'au moindre foupçon? Tous les jours il fe préfentoit quelque occafion de le faire: & qu'en pût-on penfer lorsqu'on vit qu'elle ne le faifoit jamais quoi qu'elle fût ce qu'on en difoit dans le monde?

VI. Je n'entrerai point dans le détail des moïens, dont les Hollandois fe fervirent pour mettre le Prince d'Orange fur le Throne d'Angleterre, auquel il avoit Droit, étant du fang Royal par fa Mere qui fut la fille ainée de Charles I. Il nous eft impoffible de mettre dans un jufte point de vue tout ce qui concerne cette importante affaire; & de parler des Evenemens qui fignalerent ce Regne, mais pour faire connoître le Roi Guillaume, nous remarquerous avec nôtre Auteur, que parmi les héroïques & grandes vertus de ce Prince, il y en a une dont les Hiftoriens n'ont jamais fait mention. Le Theatre, ou pour parler plus intelligiblement, les Comédies qu'on jouoit alors, étoient fi obfcenes & remplies de tant d'im,, pures expreffions, qu'elles faliffoient l'imagination & portoient les Spectateurs au ,,ice & à la Debauche; au lieu qu'anciennement elles étoient une falutaire Satyre contre les mauvaises mœurs des hommes. Le Roi le favoit & c'eft par cette raifon qu'il y alloit fi rarement. Mais comme il crut que ce n'étoit pas affez que de témoigner le dedain qu'il avoit pour ces fales fpectacles, en n'y allant point, il donna des ordres pour purger le Théatre, & fit des défenfes expref

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fes, fous de terribles menaces, de jouer aucune Pièce qui fut contraire à la Religion, & aux bonnes mœurs. Ce Roi fit auffi tout ce qui étoit en fon pouvoir, pour arrêter le cours & le Torrent de l'impieté & de la profanation". Et pour finir fon Portrait, nous ajouterons qu'il avoit tant de magnanimité, qu'il haïffoit mortellement la fourberie, & qu'il rejettoit toutes les offres qu'on pouvoit lui faire de lui rendre de grands fervices, lorfqu'il voyoit que la tromperie étoit de la partie.

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VII. La Reine Anne, Soeur de Marie, Epouse de Guillaume III. fut élevée fur le Thrône d'Angleterre après la mort de ce Prince. Comme l'honneur de la Couronne l'obligeoit à vanger l'affront que la France, lui avoit fait en faifant proclamer le Prétendant, & l'aiant reconnu Roi, Elle fe vit dans la néceffité de déclarer la Guerre à Louis XIV. Ce Monarque l'aiant appris, dit par manière de raillerie; c'est une marque que je deviens vieux, puifque les Dames me déclarent la Guerre; mais la Reine n'avoit point fait cette démarche qu'elle ne fe fût affurée de l'Empereur & des Hollandois avec lefquels le Roi Guillaume avoit contracté cette grande Alliance, qui, avant le Congrès d'Utrecht, avoit mis la France à deux doigts de fa perte. Le General Marlborough (a), eut la conduite de cette guerre pendant laquelle il remporta de grands avantages

(a) Le Miniftère Anglois n'eut pas honte de facrifier ce Seigneur aux intérêts de la France.

ges fur la France. Nous ne fuivrons point ce grand Capitaine dans toutes fes glorieufes Campagnes; nous ne pouvons le faire vû l'étenduë que nous avons déja donnée à cet extrait; mais nous rapporterons un trait, qui ne fait guères d'honneur à la Reine Anne. Quelque tems avant la mort de cette Princeffe, il fe répandit un bruit dans tout le Royaume, mais particulièrement à Londres, que dans peu on verroit éclater une terrible révolution, & que la Reine avoit pris des mesures infaillibles, pour que le Prétendant lui fuccedât après fa mort. L'Auteur, contre fon ordinaire,ne veut pas décider, fi ce bruit, fi ces Projèts, avoient quelque fondement folide. Seulement, il rapporte certaines découvertes, que la Chambre des Communes fit, quelque tems après l'avenement de George I. à la Couronne d'Angle

terre.

1. On découvrit que durant le cours des négociations du Traité de Paix conclu à Utrecht, un certain Abbé nommé Gautier avoit été chargé des intrigues, & des intérêts du Prétendant, tant de la part de la France, que de la part de la Cour d'Angleterre.

2. La Nation avoit fait de fortes inftances à la Reine, afin qu'on fît fortir & éloigner de la France le Prétendant, qui fe retira en Lorraine. Le Parlement en fut fi indigné qu'il présenta une adreffe à la Reine, dans laquelle il infiftoit vivement que S. M. fit fortir le Che-valier errant de ce dernier azyle. Je réitererat mes inftances pour cela auprès de ce Duc, répon

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