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avoir d'odieux aux yeux des patriciens, d'en donner le nom à ces plébéiens comme des lettres de noblesse.

Patricios fecit, dit Tite-Live, et in senatorum numerum cooptavit. Ce patrice pouvoit bien, si l'on veut, associer ces plébéiens aux privilèges des patriciens et les faire entrer dans le sénat ; mais il me semble qu'il ne pouvoit jamais faire patriciens, c'est-à-dire déclarer descendants des cent premiers sénateurs, ceux qui n'en étoient point issus et qui n'avoient qu'une origine basse et obscure; et quelque étendue qu'on donnât à l'autorité des souverains, on persuadera difficilement qu'ils puissent tout à coup arrêter un sang roturier dans les veines d'un plébéien et y en substituer un plus noble et tout nouveau. Aussi, comme ces plébéiens n'étoient patriciens que de nom, et par une espèce de fiction de loi, on les appeloit pères ajoutés, ou patriciens de moindre condition; patres conscripti, minorum gentium au lieu que les familles qui descendoient des cent premiers sénateurs et les véritables patriciens prenoient la qualité de majorum gentium, c'est-à-dire de grande et d'illustre maison; ce qui revient à ce que nous appelons en France la haute noblesse, optimates, quoiqu'il ne soit pas aisé de définir aujourd'hui si ce titre, dont tant de gens se parent, consiste dans une noblesse si ancienne que l'origine en soit inconnue, ou dans des dignités actuelles qui supposent, mais qui ne prouvent pas toujours une véritable noblesse.

Ces distinctions cessèrent parmi les Romains peu après l'expulsion des rois. Denys d'Halicarnasse préque les plébéiens, se prévalant de l'exil de Corio

tend

lan, vers l'an 260 de Rome, s'introduisirent dans le sénat, et partagèrent avec les patriciens les dignités qui auparavant étoient attachées au premier ordre de la république; d'autres auteurs reculent l'entrée des plébéiens dans le sénat au temps de la création des décemvirs, c'est-à-dire vers l'an 301 de Rome, et cinquante-six ans seulement après l'établissement de la république. Depuis ce temps-là on ne tira plus son rang et sa noblesse que du droit des images, c'est-à-dire des charges curules qui étoient entrées dans chaque famille, et un citoyen, quoique plébéien d'origine, ne laissoit pas de passer pour très noble si ses ancêtres avoient été revêtus des principales charges de l'état.

Rome, qui d'abord n'avoit connu que deux sortes de citoyens, se trouva alors divisée en trois ordres différents qu'Ausone a compris dans ce vers :

Martia Roma triplex; equitatu, plebe, senatu.

Les chevaliers originairement faisoient partie du peuple, mais c'en étoit la partie la plus considérable, comme les sénateurs étoient tirés du corps des patriciens et par leur dignité se trouvoient les premiers de cet ordre mais après que toutes les dignités de la république furent devenues communes entre tous les citoyens, le bien seul en fit insensiblement toute la différence; on détermina quel bien devoit avoir un citoyen pour être compris dans le rôle des chevaliers, ou, étant chevalier, pour pouvoir être élu sénateur. Senatorum gradum, dit Sénèque, census ascendere facit. Les patriciens furent compris dans ce règlement

comme les autres citoyens, et, quelque mérite qu'ils eussent d'ailleurs, c'étoient les biens de la fortune qui décidoient de leur rang. Les jeunes patriciens qui se trouvoient riches étoient d'abord compris dans l'ordre des chevaliers, d'où les censeurs tiroient ensuite les plus dignes pour les élever à la dignité de sénateur, et les pauvres patriciens qui n'avoient pas assez de bien pour être compris dans l'ordre des chevaliers, ou pour être admis dans le sénat, demeuroient confondus parmi le petit peuple, pendant qu'ils voyoient de riches plébéiens avec l'anneau d'or en qualité de chevaliers, ou, revêtus du laticlave, remplir les places vacantes dans le sénat Senator non es, dit Onuphrius Panvinius,ergo eques, aut de populo; neque senator, neque eques, quamvis patricius, ergo de populo: ordo enim prætereà nullus superest.

DES MATIÈRES

CONTENUES DANS LES DEUX VOLUMES.

Le chiffre romain indique le tome, et le chiffre arabe la page.

A.

de ses

AGRIPPA (Furius), consul, jette une enseigne au milieu des
ennemis, et par ce stratagème il ranime l'e courage
soldats, I, 381.

ANCUS MARTIUS, quatrième roi de Rome, succède à Tullus
Hostilius, I, 38. Caractère de ce prince, ibid. Il établit des
cérémonies qui devoient précéder les déclarations de guerre,
ibid. Il combat les Latins, les défait, ruine leurs villes, en
transporte les habitants à Rome, et joint leur territoire à
celui de cette capitale, 39. Sa mort, ibid.

ANNIBAL. Son caractère, II, 24. Ses victoires sur les Romains,
25. Sur le point de perdre Rome entièrement, il se laisse
vaincre aux délices de Capoue, et donne aux Romains le
temps de respirer, 26. Il est contraint de retourner en
Afrique pour défendre sa patrie : il y est entièrement défait
Par Scipion, 30.

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ANTOINE prend soin des funérailles de Jules-César, et jure
hautement de venger sa mort II, 347. Moyens qu'il
emploie pour s'élever à la souveraine puissance, ibid. En-
trevue de ce consul avec le jeune César, 360. Il s'oppose à
ses desseins, et se brouille avec lui, 364. Il se fait accorder
par le peuple le gouvernement de la Gaule cisalpine, que
le sénat lui avoit refusé, 369. Il arme pour chasser Decimus
Brutus de ce gouvernement, 377. Il s'empare de la plupart
des villes de cette province, et assiège Decimus Brutus
dans Modène : il est ensuite contraint d'en lever le siège et

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