Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ment de fourage, ils n'avoient, pour fe nourrir, que l'herbe qu'ils 1536.

[ocr errors]

Maif, de Sav.

trouvoient fur leur route, & dont ils pouvoient à peine faire usage harcelés perpétuellement par la Cavalerie-Légère de Langei & par les payfans montagnards On apprit enfuite que l'Empereur, après avoir Guichenon, ramené fon Armée en Italie, s'étoit hift. de la embarqué pour l'Espagne, où il étoit arrivé après une navigation orageufe qui lui avoit coûté fix galères & deux gros navires, dont l'un portoit fon Buffet, l'autre fon Ecurie. Les Plaifans dirent qu'il étoit allé enterrer en Espagne Jon honneur mort en France. Voilà les bons mots du tems.

Le Duc de Savoye avoit accom- 1536. pagné l'Empereur dans ce fatal voyage, qui fembloit principalement entrepris pour fa vengance. It ofa lui confeiller de laiffer en Provence un monument horrible de fon paffage, en livrant aux flammes la Capitale ; mais l'Empereur fentit ce qu'une vengeance exercée fur des

Mém. de Du Bellay

liv. &

murs, auroit de bas & de ridicule. 1536. Le Duc obtint pourtant la permiffion de mettre le feu au Palais où s'affembloient le Parlement & la Chambre des Comptes. Son deffein étoit, dit-on, de faire difparoître à jamais les titres qui prouvoient qu'une grande partie du Piémont avoit autrefois relevé des Comtes de Provence. On affûre qu'il voulut être témoin de l'incendie, & qu'il ne fe retira qu'après avoir vû tout confumé. Mais cette lâcheté du Duc de Savoye ne fit que tourner à la gloire de Montmorenci & à celle du Roi. Le Maréchal avoit pourvu à tout. Lorfqu'il avoit été décidé qu'Aix feroit abandonné, il avoit fait tranfporter ces papiers dans fon Château des Baulx, & le Roi fit réparer à fes dépens le dommage caufé par. l'incendie. Le refte de fon. féjour dans cette province, fut rempli par le foin de foulager les malheureux que la guerre avoit faits & de les préferver pour l'avenir de pareilles calamités, en affùrant la

[ocr errors]

frontière , en faifant fortifier les principales Places, tant de la Pro- 1536. vence que du Languedoc, occupations plus utiles & plus eftimables que tous les exploits qu'il eût pû faire en Italie. Il fe contenta d'envoyer dans cette contrée le Comte de SaintPol avec la troupe des Lanfquenets,, foutenue de quelque Cavalerie pour refaire une conquête facile, qui lui avoit échappé pendant l'expédition de Provence, c'étoit la Tarentaife qui s'étoit remife fous. l'obéiffance du Duc de Savoye ; elle en fut arrachée de nouveau, & pu-, nie par les ravages des Lanfquenets de fon infidélité envers la France, qui n'étoit au fond qu'un acte de fidélité légitime envers fon véritable Souverain.

L'Empereur n'avoit pas été plus heureux fur la mer. Les François n'avoient prefque point encore de Marine Royale, mais les habitans des côtes profitoient plus ou moins des avantages de leur fituation pour armer en courfe pendant la guerre.

}

Des Armateurs de Normandie atta1536. quérent une flotte Efpagnole qui revenoit du Pérou (1), richement chargée, & firent un butin de plus de deux cens mille écus.

Le Roi, après tous ces fuccès, retourna d'abord à Lyon, enfuite à Paris; & cependant la guerre continua toujours tant en Picardie qu'en Piémont, malgré l'hiver & l'absence de l'Empereur & du Roi, mais ce fut fans produire d'événemens confidérables.

Cette campagne de 1536. fut une des plus glorieufes à la Nation Françoife, parce qu'elle s'y montra auffi bonne pour la défenfe que pour l'attataque, & qu'elle triompha par la conftance, par la patience, vertus qu'on croyoit peu à fon ufage.

Un des premiers foins du Roi, après fon retour à Paris, fut d'écrire aux principales Puiffances de l'Eu

(1) Cette contrée de l'Amérique avoit été conquife par les Espagnols en 1525.

rope, pour les inftruire de fa conduite, de fes fuccès, & pour les af- 1536. fûrer que la paix n'en étoit pas moins l'objet de fes vœux, il offroit toujours de prendre les Electeurs & les Princes de l'Empire pour arbitres de fes droits fur le Milanès.

« AnteriorContinuar »