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Pâques le 9.

Avril..

pendant fa prison; il lui avoit rendu depuis des fervices prefque militai- 1542. res. Pendant la guerre de 1536., il fut chargé de veiller à la fûreté de quelques Provinces qui auroient pû être entamées du côté du Piémont & de la Savoye. Il gouvernå les affaires avec un cœur droit & des mains pures, Miniftre irrépro chable dans fa médiocrité, s'il n'avoit eu, comme on le verra dans l'Hiftoire Eccléfiaftique, cette piété impie & ce zéle perfécuteur qui font hair aux ames frivoles la Religion, feule confolatrice du malheureux genre humain.

Un nouveau Ministère aime à se diftinguer par de nouveaux plans. Celui de la guerre qui recommençoit, fembloit tout tracé, il n'y avoit qu'à la reprendre où on l'avoit laiffée, continuer les conquêtes dans le Piémont, pénétrer jufqu'au Milanès, & l'arracher à l'Empereur, puifqu'il s'obftinoit à ne vouloir point le céder. On dérangea tout ce fyftême; on perdit de vue l'objet

principal pour des objets nouveaux 1542. & affez chimériques; on fe contenta de fe foutenir du côté de l'Italie, & on porta le fort de la guerre vers le Rouffillon & le Luxembourg. On Mém. de fit revivre fur ces Provinces des prétentions peut-être fondées, mais bien moins reconnues, bien moins faites pour attirer les regards de l'Europe que les prétentions fur le Milanès (1).

Du Bellay,

Liv. 9

Il étoit aifé de voir que le nouveau plan étoit plus l'ouvrage des Miniftres que celui du Roi, qui n'avoit ceffé de tourner fes vûes vers le Milanès, fon patrimoine, & la Couronne particulière de fa branche. Il ne s'étoit fans doute prêté au nouveau fyftême que parce qu'on lui avoit perfuadé que la conquête de ces deux Provinces étant inattendue, feroit plus facile & procureroit enfuite le Milanès par un

(1) On rendra compte de ces prétentions fur, le Luxembourg & fur le Rouffillon dans une differta tion particulière.

Echange. Mais tous les partifans de l'ancien miniftère, les amis & les 1542. admirateurs de Montmorenci, les du Bellay fur-tout, n'épargnérent rien pour engager le Roi à fuivre fes anciens projets à porter toutes fes forces du côté de l'Italie, à faciliter par fa préfence ou par l'envoi d'une puillante armée le fuccès des intelligences qu'ils avoient ménagées dans le Piémont & dans le Milanès. Sur-tout ils le détournoient de la guerre du Rouffillon, c'étoit, felon eux, la plus inacceffible des Provinces par où l'on pouvoit attaquer Empereur. Si l'on y alloit foible, on y feroit accablé, fi l'on y alloit en forces, on feroit affamé ; on y trouveroit les Espagnols plus redoutables fur leurs propres foyers que par-tout ailleurs, on y trouveroit, l'Empereur avec l'élite de fes troupes que la tempête venoit de rejetter en Efpagne, loin des côtes Sleidan,Comd'Alger, où l'Empereur avoit tenté entar. 1. 14. fans fuccès une expédition, dont il faut développer l'objet politique.

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En général, lorfque l'Empereur

1542. avoit mis François I. dans la néceffité de lui déclarer la guerre, il ne manquoit pas d'annoncer à l'Eu rope quelque grande expédition contre les Mahométans, foit qu'il fût, en guerre avec eux, foit qu'il n'y fût point. Dans le premier cas il empêchoit François I. de, s'unir à eux par l'invitation qu'il faifoit à toutes les Puiffances Chrétiennes: & à François L. lui-même de le feconder dans cette guerre fainte. Ce n'eft pas qu'il fe flattât d'aveugler affez François I. fur fes intérêts, ou de l'allarmer affez par un vain foru pule, pour en tirer du fecours ;, mais: au moins il troubloit fes préparatifs, il fufpendoit fa vengeance, ilgnoit du tems, & ce tems affoibliffoit l'indignation, rallentiffoit l'activité de la haine, & pouvoit ame ner d'autres conjonctures. S'il nétoit pas en guerre avec les Mahométans, il la leur faifoit tout exprès pour empêcher François I.. de la lui faire; par-là il fubftituoit à une guerre dans laquelle les Puiffances

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de l'Europe pouvoient prendre parti contre lui, une guerre dans laquelle elles étoient obligées par honneur de le feconder, ou du moins de ne le pas troubler. Si François I. s'é lévant au-deffus de ces confidérations, s'uniffoit avec les Mahométans, l'Empereur le dénonceroit à la Chrétienté comme un ennemi. public, il lui enleveroit fes alliés, & la Religion fervant fa politique, il engageroit peut être l'Europe entiè re dans une efpéce, de guerre fainte, où François I. joueroit le rôle d'allié du croiffant & d'abjurateur de la croix.

C'étoit dans cette vûe qu'en 1536. après l'outrage fait à François I. dans la perfonne de Merveille fon Ambaffadeur, Charles-Quint s'étoit engagé dans l'expédition de Tunis ; c'étoit dans la même vûe qu'en 1541. après l'affaffinat des Ambaffadeurs François, il s'étoit hâté d'annoncer une: expédition d'Alger..

Cependant comme du Guaft avoit aru long-tems avoir trompé le Roi

15.42R

Sléidán

Commentar liv. 140

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