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honoré d'une confiance fans bornes, parce qu'il faififfoit les intentions du Roi en Courtisan, & qu'il les exécutoit en Général.

1537.

Mém. de

Tout l'hiver s'étoit paffé en efcarmouches & en combats de détachemens; à l'arrivée du Roi les grandes entreprises commencérent.Celle que les Impériaux firent fur Thérouenne, manqua par la promptitude avec laquelle d'Annebaut & du Bièz ravitaillérent cette Place. Les François Du Bellay prirent le Château d'Auchy qui ne fit aucune résistance, & la Ville de Hefdin, vaillamment défendue par le vieux Capitaine Samfon, qui ne fe rendit qu'après que l'impatiente valeur de la Nobleffe Françoise, eut livré, fans en attendre l'ordre, une efpéce d'affaut très - meurtrier, où périrent entr'autres braves Gentilshommes, le Comte de Sancerre (1), & deux fréres de la Maifon d'Har

liv. 8. Belcar. liv. Sleidan, Commentar

22. n. 3.

liv. 10.

(1) Fils du Comte de Sancerre, tué à la bataille de Marignan

court. Cet affaut ne réuffit pas, mais 1537 il en fit craindre un plus régulier qui devoit fe livrer le lendemain & la Place fe rendit fans l'attendre. Dans l'intervalle de l'affaut à la capitulation, le Roi affligé des pertes de fa téméraire Nobleffe, & pénétré de la néceflité d'établir une difcipline plus exacte, fit défense, fous peine de la vie, de marcher déformais à quelque expédition que ce fût, fans être commandé. Quelle valeur que celle qu'il falloit réprimer par de pa

reilles loix !

Le Roi établit son Camp à Pernes, & d'Annebaut fut détaché pour s'emparer de Saint-Pol, Un autre détachement prit Lillers, où l'on fut fort étonné de ne trouver ni garnifon, ni habitans, mais feulement quelques Religieufes par qui on apprit qu'aux approches de l'Armée Françoife tout avoit fui vers S. Venant & Marville. On jugea que S. Venant étoit néceffaire pour affûrer, avee Lillers, le Camp de Pernes du côté des ennemis, le Maréchal de Montmorenci

voulut en former le fiége. L'entreprife étoit délicate. La Place défen- $37. due par fa fituation, par de puiffantes fortifications, & par une garnifon confidérable, étoit même devenue prefque inacceffible au moyen des éclufes qu'on avoit lâchées; on n'y pouvoit arriver que par une chauffée affez étroite, au bout de laquelle on trouvoit un foffé profond fur lequel tonnoit une artillerie formidable. Le hazard, ou plutôt l'excès de la valeur Françoife, fit ce qu'on n'auroit pas même cru poffible. Le Maréchal avoit avec lui huit mille hommes, dont quatre mille Lanfquenets fous la conduite du Comte de Furftemberg, & quatre mille François. Les Lanfquenets furent d'abord repouffés; les François (c'étoient les Normands commandés par Baqueville, & les Picards par la Lande) fe précipitérent dans ce foffé, forcérent tous les retranchemens, en chafférent les Impériaux, & les poursuivirent jufques dans la Ville avec tant de vigueur, que ceux-ci

ne purent pas même s'arrêter à l'en1537 trée d'un pont fermé par de fortes barriéres, où fe trouvoient pour les foutenir un gros corps d'Arquebufiers, & un moulin dont toutes les embrafures étoient garnies d'artillerie. La crainte fut plus forte que toutes les reffources, & que toutes les barriéres; elle gagna bientôt le corps d'Arquebufiers, qui fut entraîné par les fuyards, & les François vainqueurs entrérent pêle-mêle avec les vaincus dans la Ville, qui par ce moyen fut prife d'emblée. Prefque tout fut paffé au fil de l'épée, le faccagement fut horrible; les Lanfquenets fur-tout n'épargnérent rien, les femmes même éprouvérent leur fureur, on mit le feu en plufieurs endroits.

Deux jours après, les Impériaux reprirent cette Place, aidés fans doute par les reftes des habitans que les violences de l'Armée Françoise avoient révoltés. Ils travaillérent à la fortifier. A cette nouvelle Martin du Bellay fut envoyé avec mille hom

mes

mes d'Infanterie & quelque Cavalerie-Légère pour reconnoître de nouveau S. Venant, & le reprendre, s'il étoit poffible. A fon arrivée les travailleurs s'enfuirent, ayant feulement pris la précaution de rompre un pont par lequel feul on pouvoit venir jufqu'à eux;la garnifon s'enfuit auffi vers Marville, & la Mothe aux Bois. S. Venant refta aux François, mais comme il étoit tout ouvert & tout détruit, ni les François ne pouvoient le garder à la vûe des Impériaux poftés à Marville, ni les Impériaux à la vûe des François établis au camp de Pernes. Il ne pouvoit déformais être utile à ceux qui le pofféderoient, qu'autant qu'ils auroient la facilité de le fortifier, & perfonne ne l'avoit. Du Bellay prit donc le parti de fe retirer à Lillers. Sa préfence dans ces cantons ne fut pas inutile. Les Impériaux ayant appris qu'un convoi confidérable de farine étoit parti de Lillers pour le camp de Pernes, un détachement de quinze cens homTome V.

B

15378

Mém. de Du Bellay, 1. 8,

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