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mes d'Infanterie de la garnifon de 1537 Béthune, fe mit en embuscade fur la route tandis que trois cens

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chevaux s'étendant du côté de Lillers, cherchoient à enfermer ce convoi entr'eux & l'embufcade. Ce fut ce gros de Cavalerie qui enleva le convoi, il l'enleva près de Lillers, & on y entendit le bruit qui fe fit dans cette expédition. Du Bellay se mit en campagne à la tête de cent Chevaux-Légers; bientôt il apperçut la Cavalerie ennemie qui faifoit marcher le convoi devant elle. A cette vûe il ne prit confeil que de fon courage, & oubliant la fupériorité des ennemis, il les charge avec tant de vigueur qu'il les met en fuite, & les pourfuit jufqu'à l'endroit où l'Infanterie étoit en embufcade., Heureusement pour lui, l'Infanterie Impériale voyant la déroute des trois cens Cavaliers, fonna l'allarme. Du Bellay, averti par-là du danger où il s'expofoit, reprit la route de Lillers, ramenant fon convoi, du bu tin & des prifonniers.

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15379

La fituation du pofte de S. Pol, dont Annebaut s'étoit rendu maître, avoit attiré toute l'attention du Roi & de l'Armée Françoife. Cette Place au Nord, donnoit la main à Thérouenne, au Levant à Béthune. Lens & Arras, au Midi à Dourlens au Couchant à Hefdin & à Montreuil. De ces Places, les unes, comme Béthune, Lens & Arras, étoient aux Impériaux, S. Pol' mettoit à portée de les attaquer; les autres, favoir, Thérouenne, Montreuil, Hesdin & Dourlens, étoient aux François, S. Pol mettoit à portée de les défendre, mais il falloit mettre cette Place même en état de défense, c'eft ce que la plupart des Officiers jugeoient impoffible. Un Ingénieur Italien, nommé Antoine Castello, perfuada au Belcar. liv Roi (1) qu'en un mois & demi il feroit de S. Pol la plus forte Place de l'Europe; ce fut pour couvrir cette Place, & mettre les travaux en fû

(1) Beaucaire accufe cet Ingénieur d'imprudence & de témérité.

22. n. 5.

Mém. de Du Bellay, liv. 8.

reté, que le Roi établit fon camp à 1537 Pernes; mais ces travaux ayant duré plus long-temps que Caftello n'avoit dit, le Roi s'ennuya, foit que l'inaction à laquelle il fe condamnoit dans ce camp lui devînt infupportable, foit que l'Artois où l'on ne faifoit qu'une guerre de fiéges, & où le Roi n'avoit en tête ni l'Empereur, ni aucun Général illuftre, ne lui parût pas un théâtre digne de fon courage, foit que le Piémont où les af faires Françoifes languiffoient depuis fon abfence, le rappellât (1) d'autant plus fortement, qu'en repaffant par Paris, il reverroit la Ducheffe d'Etampes, il eft certain que Le Roi quitta trop tôt fon camp de Pernes, & que les affaires de l'Artois en fouffrirent. Les fortifications. de S. Pol n'étoient point achevées, mais on crut que ce qui en reftoit à faire ne demandoit point que le

(1) En effet, il y fit pafler alors une partie de fes troupes d'Artois, & peu de tems après il y pafla lui-même,

camp de Pernes fubfiftât; on crut qu'une forte garnifon, bien approvifionnée, fuppléeroit ce qui manquoit encore aux fortifications, on mit dans S. Pol une partie de l'Armée, on en fit partir une autre pour le Piémont, & le Roi reprit la route de Paris.

Pendant cinq ou fix jours qu'il paffa aux environs d'Aubigny dans le voifinage d'Arrás, en attendant des nouvelles des fortifications de S. Pol, le Comte de Furftemberg, qui commandoit les Lanfquenets de l'Armée Françoise, tenta d'y attirer les Lanfquenets de l'Armée Impériale, qui étoient en garnifon à Arras; (on a déjà eu plus d'une occafion d'obferver que les Lanfquenets, comme les Suiffes, vendant leurs fervices à qui vouloit les payer, & se partageant entre les Puiffances ennemies au gré de leur intérêt ou de leurs affections, fe trouvoient quelquefois dans deux Armées opposées Pune à l'autre ) on favoit que les Lanfquenets n'étant point payés, fe

1537.

1537.

croyoient libres de tout engagement; on imagina qu'en feignant de tenter le fiége d'Arras, il pourroit arriver que les Lanfquenets Impériaux fuffent commandés pour une fortie qu'alors leurs compatriotes pourroient les gagner en leur promettant un payement exact dans le fervice de France, & en atteftant leur propre expérience. Des correfpondances fecrettes avoient déjà paru difpofer les Lanfquenets Impériaux à ce qu'on attendoit d'eux. Furftemberg avec fes Allemands, d'Annebaut avec la Cavalerie-Légère, fe présentérent devant Arras, les Lanfquenets Impériaux parurent defirer d'être envoyés contr'eux, mais le fils du Comte de Bure, Diftain, qui commandoit dans la Place, foupçonnant peut-être leur deffein, répondit qu'il n'étoit pas jufte de recevoir d'eux des fervices qu'on ne leur payoit pas, qu'il étoit touché de leur zéle, qu'il fe privoit à regret de leur valeur, mais qu'il ne fe croiroit en droit de l'employer que quand l'Empereur auroit rempli

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