Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Commandeur d'Eftrepagny (1), &

1536. dans chacun defquels les ennemis re

vinrent plufieurs fois à la charge, ne purent réduire Péronne.

Dans l'intervalle d'un de ces affauts à un autre, le Maréchal de Fleuranges manquoit de poudre. Le Duc de Vendôme & le Duc de Guife étoient à Ham avec trop peu de troupes pour livrer bataille au Comte de Naffau, mais ils épioient l'occafion de faire entrer des fecours dans la Place. Le Maréchal de Fleuranges envoya un foldat déterminé leur demander de la poudre; comme toutes les portes étoient obfédées par les ennemis, il fallut le defcendre avec une corde par-deffus les murs au milieu des marais, il poursuivit fa route à travers ces marais même, & arriva heureusement jufqu'à Ham. Le Duc de Guise se chargea de faire entrer dans la Ville, pendant la nuit, les fecours que Fleuranges demandoit; il

(1) De la Maifon d'Humiéres.

choifit quatre cens Arquebuffers parmi les plus braves, il leur fit prendre à chacun un fac de poudre de dix livres, & les efcorta lui-même avec deux cens chevaux jufqu'au bord des marais de Péronne. Tandis qu'ils traversoient le marais, le Duc de Guife, pour attirer d'un autre côté l'attention des ennemis, tourna autour du Camp Impérial, fonnant partout l'allarme. Pour faire plus de bruit, il avoit mené avec lui tous les Trompettes de l'Armée qui étoit à Ham. Les ennemis perfuadés qu'on alloit leur livrer bataille, & que toutes les Troupes raffemblées à Ham étoient-là, coururent tous à leurs poftes; le Comte de Naffau & le Comte de Roux fon Collégue, donnérent les ordres pour le combat. Cependant les Arquebusiers, guidés par le foldat, paffoient le marais, arrivoient au foffé, étoient tirés les uns après les autres dans la Ville par des cordes ; ce ne fut qu'au point du jour que les ennemis apperçurent les derniers qui entroient. Le Duc de

1536.

1536.

Guile de fon côté faifoit fa retraite en bon ordre.

Le lendemain le Comte de Naffau envoya fommer le Maréchal de Fleuranges de fe rendre, fous promeffe de la vie fauve pour la garnison, mais fous la condition d'un pillage de trois jours; fur le refus de Fleuranges, la Ville devoit être réduite en cendres, & la garnifon paffée au fil de l'épée. Fleuranges répondit à Naffau: Votre propofition auroit déjà été indécente avant que j'eufle » reçu quatre mille livres de poudre » dont j'avois befoin, & quatre cens Arquebufiers dont je pouvois me

[ocr errors]
[ocr errors]

» paffer. »

כל

par

C'étoit dans ces circonftances que Longueval, dépêché vers le Roi le Maréchal de Fleuranges, étoit arrivé au Camp d'Avignon, il avoit trouvé le Roi difpofé à poursuivre l'Empereur jufqu'au fond de l'Italie. Son récit avoit fait changer cette réfolution. Le Roi jugea plus digne de fa gloire, plus digne de fon amour pour les fujets d'aller fecourir fes

Etats, & raffûrer fa Capitale. Il fit d'abord prendre la route de Péronne 1536. à une grande partie de fa Gendarmerie, & à dix mille hommes d'Infanterie qu'il alloit fuivre de près luimême, lorfqu'il apprit que le fiége de Péronne venoit d'être levé, aŭ moment où l'ennemi fembloit avoir tout préparé pour un cinquiéme affaut.

Le Maréchal de Fleuranges ne jouit pas long-tems de la gloire qu'il avoit acquife par la défense de Péronne. A peine étoit-il retourné auprès du Roi, à peine en avoit-il reçu l'accueil dû à sa valeur & à sa bonne conduite, qu'il apprit la mort du fameux Robert de La Mark fon pere. Il prit auffi-tôt la pofte pour Sedan mais il fut arrêté à Longjumeau par une fiévre maligne dont il mourut. La France perdit à la fois dans le pere un Allié utile, dont les fervices avoient prefque effacé le tort irréparable qu'il avoit fait à François I., lors de la concurrence à l'Émpine, & dans le fils un de fes plus fi

1536.

1537.

déles sujets, un de fes plus braveš 1536 Officiers, &, ce qui eft toujours

bien plus rare, un très-habile Capitaine. S'il eût vécu, s'il eût commandé en Chef,il fembloit fait pour égaler la gloire des Bourbon & des Montmorenci. Il fe fervoit de fa plume comme de fon épée. Ses Mémoires refpirent la naïveté libre & har die d'un Chevalier du tems de François I.

La faifon qui s'avançoit ne permettoit plus d'entreprise importante. L'Empereur avoittrop d'avance pour qu'on pût encore l'atteindre; ce délai qui avoit favorifé fa fuite, étoit le feul fruit qu'il eût tiré du fiége de Péronne. Langei qui l'avoit pour fuivi jufqu'à Nice, fit affûrer le Roi qu'on ne devoit pas craindre qu'il prît envie à l'Empereur de revenir traverfer ce défert où fon armée avoit péri, & où une plus nombreuse ne périroit que mieux. L'Empereur, dans cette retraite, avoit fouvent paffé des jours entiers fans manger. Les chevaux manquoient abfolu

« AnteriorContinuar »