Sleidan.

Commentar.

de dix mille hommes eût été entié-
rement détruit. Ainfi en 1515. les 1537.
François avoient évité (1) presque Belcar.l. zz.
miraculeufement ce Pas de Suze, en n. 18.
1537. ils le forcérent plus miracu-
leufement encore; en comparant L. 11.
cette campagne de Montmorenci
avec celle de Provence, on voit
qu'il favoit, felon l'occafion, em-
ployer tantôt la prudence, tantôt la
témérité. Il emporta enfuite le châ- ·
teau de Suze qu'il étoit important de
ne pas laiffer en arriére à caufe du
transport des vivres qui auroit pu
être troublé. Ce château avoit été au
pouvoir des François jufqu'à l'arri-
vée de Céfar de Naples, qui s'en
étoit emparé.

Au bruit de la défaite de ce Capi-
taine, le Marquis du Guaft leve pré-
cipitamment le blocus de Pignerol,
qui étoit pourtant fur le point de fe
rendre faute de vivres, & reculant
vers Turin, il alla d'abord se loger

(1) Voir le premier chapitre du Livre premier.

1

à Rivoli, puis à Montcallier, où il fe 1537. retrancha à la tête du pont, pour veiller fur Turin & fur le Pô. Les François ayant encore pris Veillane, (en graviffant fur les monts voifins comme au paffage de Suze, & en portant de l'artillerie fur des rochers où l'on n'en avoit jamais vu ) puis Rivoli, Grouillan & une multitude de petits forts entre Turin & Montcallier, où ils enleverent aux Impériaux divers magafins de bled, marchérent droit au camp de Montcallier, dans l'intention de le forcer. On commençoit à peine à escarmoucher, les Impériaux avoient perdu quelques foldats, & les François avoient perdu ce brave d'Offun, qui avoit remporté entre Hefdin & Thé. rouenne le petit avantage dont nous avons parlé, (1) lorfque le Marquis du Guaft ne fe fentant point en état de réfifter, prit le parti de repaffer le Pô, en rompant le pont de Montcal

(1) Voir le chapitre précédent.

lier

lier

pour n'être point pourfuivi; il fe retira d'abord à Quiers, puis fous 1537 le canon d'Aft. Les François s'emparérent fans obftacle de Montcallier, de Carignan, de Poirin, de Riva, de Villeneuve d'Aft, d'une multitude d'autres Places entre le Pô & le Tanaro, où ils trouverent encore d'immenfes magafins de bled, qui mirent l'abondance dans leur armée, & qui fournirent de plus à Turin des provifions pour un an.

1537.

Mém. de du Bellay, 1. 8.

CHAPITRE XII.

Trèves & Négociations pour la Paix.
Entrevue & Trève de Nice.

LE E Dauphin eut bien voulu pré-
venir l'arrivée du Roi par quelque
autre expédition éclatante, mais le
Roi, qui arrivoit fur les traces de ce
fils victorieux, lui donna ordre de
l'attendre, & défendit de rien entre-
prendre jufqu'à fon arrivée. On a
déja plus d'une fois remarqué que
François I. n'aimoit pas qu'on cueil
lît de lauriers fans lui, lorfqu'il étoit
à portée d'en prendre fa part. Le
Dauphin & le Maréchal de Montmo-
renci vinrent au-devant du Roi juf-
qu'à Carignan.

Il reftoit encore aux Impériaux une Place importante entre les Alpes & le Pô; c'étoit Ulpiano ou Vulpiano, au Nord de Turin. La garnison de cette Place faifoit des courfes dans tout le Val de Suze, elle avoit

effayé de troubler la marche du Roi, elle avoit enlevé plufieurs mulets 1537. chargés d'argent deftiné au payement de l'armée. Martin du Bellay ayant été détaché avec quelques chevauxlégers pour réprimer ces courfes fut affez heureux pour rencontrer les Impériaux au moment où ils venoient d'enlever les mulets, dont ils n'avoient point encore eu le temps de piller la charge, il reprit les mulets & difperfa les ennemis qui rentrerent comme ils purent, dans Ulpiano.

Une des Places qu'il importoit le plus aux François de reprendre entre le Pô & le Tanaro étoit Quiers, auffi fut-il décidé dans le Confeil que ce fiége feroit la premiere expédition de l'armée Royale, mais elle ne fut pas même tentée, la trève conclue pour la Picardie & les Pays-Bas ayant été étendue au Piémont, ou plutôt étant devenue générale pref- Belcar. 1. 22. qu'auffitôt que le Roi fe fût mis à la n. 19. tête de fon armée.

Guichenon,

Ce fut encore la Reine Douairiere hift, de Sav.