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de Hongrie, qui négocia cette ex- . 1537. tenfion de la trève, qu'elle regardoit comme le complément de fon ou

Mém. de du

Bellay, 1. s. Vrage; elle envoya des Députés à Monçon en Arragon, & engagea François I. à en envoyer pour traiter des conditions. Velly, cet ami de la paix, fut choifi pour cette commiffion qui lui étoit fi chere, & il eut du moins la fatisfaction de faire fufpendre la guerre qu'il n'avoit pu empêcher.

On convint de conferver de part & d'autre les Places dont on étoit en poffeffion, avec la liberté d'y mettre telles garnisons, d'y porter telles munitions, d'y faire telles fortifications qu'on jugeroit à propos, le Maréchal de Montmorenci & le Marquis du Guaft, ou en leur abfence les Commandans qui les remplaceroient dans le Piémont, devoient réfoudre entr'eux à l'amiable les difficultés qui pourroient furvenir. La trève devoit durer trois mois, les armées devoient être licentiées dès le lendemain de la publication. Elle

fe fit le 27. Novembre à Carmagnole, où étoit le Roi, & à Aft où 1537. étoit le Marquis, du Guaft; celui-ci vint trois jours après faluer le Roi, dont la destinée, en paix comme en guerre, étoit de voir de près fes en

nemis.

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C'est toujours l'épuisement qui fait tomber les armes des mains de deux rivaux acharnés, & dans ce fens tous les deux ont intérêt de fufpendre les hoftilités. L'humanité en général a un intérêt encore plus marqué, mais que l'on ne confulte guères quoiqu'on l'allégue fans ceffe. La politique feule eft écoutée, mais elle eft bien ou mal entendue, & pour juger de l'intérêt que l'Empereur & le Roi pouvoient avoir à conclure cette trève,'il faut reprendre les chofes de plus loin.

François I. avoit enfin reconnu que c'étoit à la politique à décider des alliances politiques; que la Religion ayant l'éternité pour objet, dédaigne d'abaiffer fon influence facrée fur ces intérêts temporels &

profanes, fur ces combinaifons d'at153.7. taque & de défenfe, qu'on appelle

Alliances & Traités, petits arrangemens mobiles & verfatiles comme les inclinations & les vues de leurs auteurs. Il avoit fallu en venir à conclure avec les Turcs un Traité tant

reproché ( peut être avant qu'il fût fait) par l'Empereur qui eût bien voulu le faire. Ce feul nom de Turcs, ce titre d'ennemis du nom Chrétien, quelques reftes de l'ancien efprit des Croifades, que la Chevalerie avoit perpétué, étoient les feuls obftacles qui depuis long-temps empêchoient François I de fe livrer à cette alliance utile, par conféquent néceffaire; car encore un coup, dans l'ordre politique nos Alliés néceffaires font ceux qui ont intérêt de nous fervir, & qui font leurs affaires en faifant les nôtres. (1) Il y avoit déja quelques exemples de Princes Chrétiens, même d'un Pape, qui avoient

(1) Voir le chap. 3. du liv. 3.

fait alliance avec les Turcs, mais ce Pape étoit Alexandre VI., dont le 1537. nom feul avertiffoit de ne pas fuivre fon exemple, les autres Souverains étoient Ludovic Sforce, qui n'étoit pas plus fait pour être imité, & Jean Vaivode de Tranfilvanie, que fa foibleffe & fon dévouement aux Turcs faifoient regarder comme un apoftat fubalterne; François I. avoit donc befoin de courage pour braver un préjugé encore établi, & que l'Empereur s'attachoit à ranimer, parce qu'il lui étoit favorable. Les procédés de Charles-Quint, fes calomnies dans les Cours étrangeres, fa descente en Provence, déterminerent François I., fuppofé qu'il ne fût pas déterminé auparavant; il fit avec Soliman II. un Traité par lequel il s'engageoit à ouvrir la campagne de 1537. par une irruption dans le Milanès, tandis que Soliman, avec une puiffante flotte, en feroit une dans le royaume de Naples, & redoubleroit fes efforts en Hongrie

contre le Roi des Romains. (1) Cette 1537. ouverture de la campagne de 1537, étoit toute indiquée par la campagne de 1536. L'Empereur étoit defcendu en Provence, le Roi l'en avoit chaffé, il étoit naturel qu'il poursuivît fa marche en Italie, où l'appelloient d'un côté la guerre qui fe faifoit en Piémont, de l'autre l'objet même de la guerre, qui étoit le Milanès. On ne conçoit pas bien pourquoi François Premier, au préjudice & de fes intérêts & de fes engagemens, donna la préférence pour l'ouverture de la campagne, à la Picardie & à l'Artois, où fa préfence étoit fort peu néceffaire, où il ne trouva rien à faire qui fût digne de lui, où il s'ennuya dès qu'il y fût arrivé, où il n'alla que pour en fortir plus mal propos encore qu'il n'y étoit allé.

à

(1) Le Roi des Romains, les vénitiens & d'autres Puiffances Chrétiennes, avoient fait des Traités de paix avec les Turcs. Des Traités de paix aux Traités d'alliance il n'y a qu'un pas, & l'Empereur & le Roi des Romains avoient fouvent voulu le fran chir.

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