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trailles, d'où il fortit ayant feulement perdu fes cheveux ; c'est l'hiftoire de Sanfon, absorbé dans l'amour de Dalila, qui lui coupa fes cheveux pour lui ôter fa force.

XL.

Saint Paul exerçant le métier de faifeur

de tentes.

Nous apprenons dans les Actes des Apôtres, 1.8. 3. que Saint Paul exerçoit le métier de faifeur de tentes, & en vivoit. Il dit lui-même (1) qu'il travailloit jour & nuit de fes mains, pour n'être à charge à perfonne. Diogene Laërce écrit que le Philofophe Menedeme pratiquoit le même métier, quoiqu'il für forti d'une noble & ancienne maison. On fçait qu'à Athénes les peres étoient obligez d'apprendre (2) quelque métier à leurs enfans, dont ils puffent vivre ; la loi qui obligeoit les enfans à nourrir leurs pauvres parens, exemtoit de ce devoir les enfans à qui leurs peres n'auroit fait apprendre aucun métier. Les Athéniens (3) avoient pris cette (1) Cor. 14. 12. Theff. 1.2.9. Theff. 11.3.8. (2) Meurf. Themis Attic, lib. 1. cap.3. (3) Synopf. Crit, in Act. 18. 3. Drufius & Grot, in Act. 8. 3.

&

que

contume des Juifs; & encore aujoutd'hui quelques Villes bien policées dans levoifinage de la France, ne donnent à perfonne le droit de bourgeoifie, de quelque qualité qu'il foit, qu'il ne choififfe un métier, & ne le faffe enrôller dans la matricule. D'ailleurs c'étoit l'ufage à Athénes que les perfonnes de condition qui avoient beaucoup d'efclaves, les employàffent à de certaines manu. factures, qui leur rapportoient un grand revenu. Le pere de Demofthene avoit fous lui un atelier de Coûteliers, d'où le furnom de Coûtelier lui demeura. Juvenal, Sat. 10. v. 130. le répréfente comme un Forgeron battant l'enclume, & tout noir de charbon ; mais la fatyre prend plaifir à dénigrer toutes chofes. Sidonius Apollinaris (1) l'a pourtant fuivi en cela. Le Poëte Sophocle qui fut égalé à Periclès, & à Thucydi-. de, dans le commandement des armées des Athéniens, étoit fils d'un hommequi faifoit exercer le même négoce de coutellerie fes esclaves. Et celui qu i par a écrit la vie, fe fert de la confidération de fes grands emplois pour détrui

(2) Carm. 2. Paneg ad Anthemium, V. 187.& Carm. 23. Narbonæ, v. 142

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Julie d'Angennes un premier jour de l'an, lorfqu'il la recherchoit en mariage. Il fit peindre féparément en migna. ture toutes les plus belles fleurs par un excellent Peintre, fur des morceaux de velin de même grandeur. Il fit ménager au bas de chaque figure affez d'efpace pour y faire écrire un Madrigal fur le fujer de la fleur qui y étoit peinte, & à la louange de Julie. Il pria les beaux efprits de ce tems-là, qui prefque tous étoient de fes amis, de fe charger de. la compofition de fes piéces, après s'en être refervé la meilleure partie.. Il fit écrire au bas de chaque fleur fon Madrigal, par un homme qui avoit beaucoup de réputation alors pour la beauté de fon écriture. Il fit enfuite: relier tout cela magnifiquement: il en fit faire deux exemplaires tout pareils, & fit enfermer chacun dans un fac de peau d'Efpagne. Voilà le préfent que Julie trouva à fon réveil fur fa toilette le premier jour de l'année 1633, ou 1634; car ce fut peu de tems après la mort de Gustave Roi. de Suede. Je remarque cette époque, parce qu'elle! s'y trouve marquée dans la Couronne Impériale, qui eft une des fleurs de

cette Guirlande. Comme je la connofffois fort de réputation, j'avois demandé fouvent à la voir, & fouvent elle m'avoit été promife. Mais enfin Madame la Ducheffe d'Uzets voulut bien me donner ce plaifir. Elle m'enferma fous la clef dans fon cabinet une aprèsdînée au fortir de table avec la Guirlande; elle alla enfuite chez la Reine, & ne vint me mettre en liberté qu'aux approches de la nuit. Je n'ai guére paf fe en ma vie de plus agréable après.

dînée.

XLIV.

La Couronne Impériale de M.Chapelain.

La Couronne Impériale eft fans conthedit la plus belle fleur, & le plus beau' Madrigal de la Guirlande de Julie. M. Chapelain en fut l'auteur,& c'eft ce qu'a voulu dire Voiture, quand dans fes lettres il a qualifié M. Chapelain, Pere de la Pucelle, ouvrier de la Couronne Impériale. Pour l'entendre, il faut favoir que Julie d'Angennes étoit dans la fleur defa beauté & de fa réputation, pendant' que Guftave Roi de Suéde faifoit la guerre en Allemagne avec tant de fuc

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Η ΘΕΤΙΑΝΑΙ cès. Julie faifoit paroître une grandeadmiration pour la valeur de ce Prin ce. Elle avoit fon portrait dans fa ruelle, & prenoit plaifir à dire qu'elle ne vouloit point d'autre galant que lui. M. de Montaufier étoit pourtant fon galant fort ardent; & fort déclaré. Il donna pour étrennes' à fa maîtreffe, lepremier jour d'une des années qui fuivit la mort de Guftave; cette ingenieu- fe Guirlande dont j'ai parlé. M. Chapelain, à qui la Couronne Impériale: étoit échûë pour fon partage, fit furcette fleur le Madrigal fuivant. C'est la fleur elle-même qui parle fous le -per-fonnage du Roi de Suéde

Je fuis ce Prince glorieux,

De qui le bras victorieux

A terraffé l'orgueil d'un redoutable Empire.~
Au plus froid des climats je me fentis brûler
Par un nouveau foleil, que l'Univers admire,
Et que celui des Cieux ne fauroit égaler.
Du rivage inconnu de l'apre Corelie
Où la mer fous la glace est toute ensevelie
La flambeau de l'amour mes voiles conduisant,,
Je vins pour rendre hommage à l'augufte Julie..
Mais croyant ma Couronne un indigne préfent,
Je voulus conquerir le riche Diadéme,
Dont jadis les Céjars en leur gloire fuprême
Eurent le front fi relusfant.

Au comble d'un fuccès qui les peuples étonnez,
Vainqueur des ennemis, & vaincu du mali
biary's

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