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pour l'affiftance officieufe qu'il me rendit à Leyde, dans une dangereufe maladie, dont je fus attaqué. M. Bochart avoit été difciple d'Erpenius, & vantoit fort fon érudition. Elle paroît dans ces Rudimens dont j'ai parle, & dans fa Grammaire, & les autres ouvrages. Je ne fçais pas quelle étoit fa méthode dans l'exercice de la profeffion, ni quel art il apportoit à l'inftitution de fes difciples: mais fi l'on en peut juger par ces Rudimens, fon grand favoir lui étoit nuifible car comme il poffedoit cette langue à fond, & qu'elle n'avoit aucune difficulté pour lui, il jugeoit de ses difciples par lui-même lui-même, & croyoit qu'ils

devoient l'entendre à demi-mot. Il s'eft donc expliqué fi laconiquement, & s'eft rendu fi avare de fes paroles, qu'il eft tombé dans des ambiguitez, & des obfcuritez prefque infurmontables à cet abord. Brevis effe laboro, Obfcurus fio. Ce défaut lui eft commun avec la plufpart des Grammairiens de ces derniers tems, qui ont écrit fur les langutes favantes; mais nul ne l'a pouffé fi loin que lui. En quoi, & lui, & ceux qu'il a imitez, prennent une route toute contraire à celle que demande la raifon : car

comme il s'agit d'applanir les difficultez, que porte avec foi chaque nouvelle langue que l'on enfeigne, il me femble qu'il ne faut point épargner les paroles, pour rendre les préceptes clairs & faciles; & qu'il vaut mieux pécher en répétitions fuperflues, qu'en retranchant rien de celles qui font néceffaires pour la parfai-te intelligence. Autrement on redoubleles difficultez, & l'on ajoûte à celles qui font infeparables de la Grammaire, la méthode mal entenduë du Grammai rien.

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Caufe de l'effet que produit le Soleil dans l'été fur les feuilles & fur les fruits, après une pluie médiocre.

Dans le tems de l'été, lorsqu'après quelques jours de beau tems, pendant la chaleur du jour, il furvient quelque orage, accompagné d'une pluie legere & médiocre, & que le Soleil paroît immédiatement après, reprenant fa forcé ordinaire, il brûle les feuilles & les fleurs, fur lefquelles la pluie eft tombée, & ôre l'efperance des fruits. Le peuple de Normandie, & de quelques autres Pro

vinces de France, appelle cet accident Brouiture, &, dans le langage ordinaire, dit que les arbres & les plantes qui en font frappées, ont été Bronies. Le terme d'Uredo, qui fe trouve dans Ciceron exprime fort proprement la brûlure , que l'ardeur du Soleil produit alors fur les fleurs & fur les feuilles, qui eft toute pareille à celle qu'un fer brûlant y auroit pu faire, fi on l'y avoit appliqué. Les Naturaliftes ont cherché la cause d'un fi étrange effet, & n'ont rien dit dont un efprit raifonnable fe puiffe contenter. Celle que je vais propofer, quoi que nouvelle, me paroît non feulement certaine, mais même indubitable. Dans les jours fereins de l'é té, il eft vifible qu'il s'affemble fur les feuilles & fur les fleurs, comme par tout ailleurs, un peu de pouffiere, quelquefois plus, quelquefois moins, élevée par le-vent. Quand la pluie tombe fur cette-pouffiere, les goutes fe ramaffent enfemble, & prennent une figure ronde, ou approchante de la ronde, comme nous voyons qu'il arrive fouvent dans nos maifons, fur des planchets poudreux lorfqu'on y répand de l'eau pour les balayer. Or ces boulles d'eau, ramaf

fées fur ces feuilles & fur ces fleurs, tiennent lieu de ces verres convexes, que nous appellons miroirs ardents, & produifent le même effet qu'y produiroient des miroirs ardents, fi on les en approchoit. Que fi la pluie eft groffe, & dure long-tems, le Soleil furvenant ne produit plus cette brûlure; parce que la force & la durée de cette pluie a abbatu toute la pouffiere qui arrondiffoit les goutes d'eau ; & les goutes perdant leur figure, en quoi confiftcit leur vertu brûlante & cauftique, s'étendent, & se répandent fans aucun effet extraordi

naire.

XCIII.

Vie paftorale & militaire des Tartares & des Turcs.

Les Turcs & les Tartares font defcendus de ces anciens Scythes, fi renommez dans les Hiftoires, & ont retenu leur efprit feroce, & une partie de leur genre de vie inculte & fauvage. Ces Scythes étoient Nomades pour la plufpart. Leur vie paftorale étoit une difpofition prochaine à la vie militaire car ils étoient toûjours en campagne,

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toûjours errans, toûjours à cheval, ou fur des chariots couverts pendant la nuit de quelque legere tente; ne fe chargeant point d'autre équipage que du néceffaire; menant une vie frugale, & fe contentant pour leur nourriture des alimens qui fe trouvoient devant eux ou des fruits des arbres, du lait, du fang, ou de la chair de leurs chevaux. Si cette conduite ne leur fourniffoit pas tes delices de la vie, elle les exemptoit auffi des foins qui les accompagnent. Ils n'avoient point besoin des meubles qui en font la commodité, & l'ornement de nos maifons; couchant dans leurs chariots, ou fur des tapis étendus par terre. Ces mêmes tapis leur fervoient de fiéges & de tables. Quelques cruches, & quelques pots de terre, étoient toute leur batterie de cuifine. Il eft aifé de croire que des gens de cette humeur ne s'appliquoient guere à la lecture, ni à l'écriture. Que fi néanmoins la néceffité les forçoit d'avoir entre eux quelques écrivains, qui puffent dreffer des mémoires & des regiftres de leurs noms, de leurs familles, & de leurs nations, de leurs troupeaux, & des noms de leurs demeures, & de leurs pâturages; des

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