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At certe ta nen, inquiit, quod illie
Natum dicitur eße, comparasti
Ad lecticam homines.

Scaliger au lieu de ces paroles, Natum dicitur effe, prétend qu'il faut lire, Natum dicitur are. Et fur cet are il étale une érudition fort inutile, & tout-à-fait hors de propos. Il prétend que ceux qui accompagnoient les Proconfuls dans los Provinces, faifoient deux fortes de profit; l'un provenant de l'emploi qu'ils avoient dans la Province; l'autre de leur industrie; & que ce dernier s'appelloit as natum. Il applique cette expofition au paffage de Catulle, & paraphrafe ainfi les paroles de cette dame: Si vous n'avez rien gagné dans l'exercice de votre emploi, du moins avez-vous fait un affez grand profit par votre favoir-faire, & votre industrie, & avez vous acquis une affez groffe fomme de cet argent, qu'on appelle l'argent né, pour en avoir pû acheter huit porteurs pour porter votre litiere. Cette expofition a fi fort flaté la critique de Scaliger, qu'il l'a répétée dans les notes fur Manile, liv. 3. v. 127. C'eft chercher du myftere là où il n'y en a point, & embrouiller un paffage, au lieu de l'éclaircir: &

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celui-ci n'avoit aucun befoin d'éclairciffement, étant très-clair. Cette dame dit à Catulle ; quelque peu de profit que vous ayez rapporté de Bithynie, du moins en avez-vous ramené fans doute < des porteurs de litiere, dont la premiere ‹ invention & le premier ufage vient de ce pays-là. Lecticarum ufum primi dicuntur inveniffe Bithyni. Ce font les paroles du Scholiafte de Juvenal, Sat. 1. v. 121. qui pour preuve ajoûte celles-ci de Ciceton: Nam una haud mos est Bithynia regibus vehi lectica, id eft octophoro. Ce paffage de Ciceron eft tiré de fa cinquiéme oraison contre Verrès; mais non pas corrompu comme ici, & qu'il faut ainfi rétablir: Nam ut mos fuit Bithynia regibus,lectica octaphoro ferebatur. Juvenal (Sat. 9. v. 142. ) parle encore en ces termes des litieres de fon tems:

Et duo fortes Degrege Maforum, qui me cervice locata Securum jubeant clamofo infiftere Circo. Voici des porteurs de litiere venus de la Mafie, d'où font defcendus les Myfiens d'Afie, voifins de la Bithynie. J'avois déja fait cette obfervation dans mes notes fur Manile, en l'année 1679. & alors de tous les Commentateurs de Ca

tulle, que j'avois vûs, & qui font en grand nombre, aucun n'avoit donné la véritable interprétation de ce paffage, tout clair qu'il eft. Cinq ans après il parut un Commentaire d'Ifaac Voffius fur ce même Poëte, dans lequel il l'explique felon fon véritable fens. Mais ce qu'il dit de l'origine des litieres, qu'il fait venir des Indes, ne s'accorde pas avec ce qu'en dit ici Catulle, qui en attribue l'invention aux Bithyniens. Certe diverfité fe peut néanmoins concilier, en difant que les paffages de Catulle, de Ciceron, & du Scholiafte de Juvenal,ne doivent pas s'entendre des litieres en gé néral,mais feulement de celles qui étoient portées par huit hommes, & qu'on ap pelloit Octaphores.

CVI.

Le bois de Bréfil n'a pas tiré fon nom de la Province du Bréfil, mais la Province a tiré fon nom de celui du bois.

Je me trouvai un jour dans une compagnie de gens de lettres, où l'on parla de l'origine du nom du bois de Bréfil,& perfonne ne douta que ce nom ne vî it de province du Bréfil, où ce bois vient

en abondance. Lorfque je m'oppofai à ce fentiment, & que je foûtins au contraire, que le bois de Bréfil ne tiroit poing fon nom de la province du Bréfil, mais que la province avoit tiré fon nom de celui du bois, je fus traité d'efprit contrariant & rebours, & qui cherchoit à fe diftinguer par la nouveauté de fes opinions. Je repliquai que mon opinion, pour être nouvelle, n'en étoit pas moins véritable; que je ne demandois point de fur cela, mais que j'efperois que Pon me feroit juftice; que j'avois Barros Portugais pour mon garant, qui dans fon Recueil, Decad. . liv. §. chap. z. dit expreffement que le pays du Bréfil a tiré fon nom du bois de Bréfil; qu'à cette autorité j'en avois encore une autre bien plus forte à ajoûter, & hors de toute contradiction; favoir celle du Rabbin David Kimchi, qui dans fon commentaire fur le livre des Paralipomenes, & dans fon livre des Racines

grace

dit

que le bois appellé dans l'Ecriture Algummim eft le même qu'on appelle Bréfil: d'où il s'enfuit que le bois de Bréfil étoit donc ainfi nommé dès le tems de ce Rabbin qui eft beaucoup plus ancelui de la découverte du Bréfil.

cien

que

CVII.

Quelle eft la canfe qui rend contagienfes quelques maladies, les autres ne l'étant pas?

Ni les Naturaliftes, ni les Medecins ne nous ont enfeigné quelle eft la caufe qui rend contagieufes quelques maladies, plûtôt que tant d'autres qui ne le font point. La goute, la gravelle, l'epilepfic, l'apoplexic, ne fe communiquent point entre les hommes par la fréquentation : la pefte au contraire, la dyffenterie, le flux de fang,l'une & l'autre verole fe repandent aifément, deviennent populaires, & font de grands ravages par leur contagion. D'où vient cette difference qui produit de fi terribles effets? Je crois en appercevoir une caufe, qui, bien qu'affez peu apparente, ne m'en femble pas moins vrai-femblable. Je puis. dire en général, que toutes les maladies contagieufes produifent des vers contenus dans des abcez, des charbons, des pultules au dehors ou au dedans du corps, es unes plus, les autres moins, & de Inatures differentes. Je n'examine point maintenant la caufe de la production

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