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CHAP III.

Liqueur fé. minale, fuc nourricier du germe.

Application

aux princi

CES principes pofés, je demande :

XXVIII. La pouffiere des étamines & la liqueur féminale ne contiendroient-elles point les fucs nourriciers, deftinés par leur fubtilité & par leur activité extrêmes à ouvrir les mailles du germe, & à y faire naître un développement, que des fucs moins fins & moins élaborés n'avoient pu commencer mais qu'ils peuvent continuer & amener à son dernier terme ?

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XXIX. ÉTENDONS un peu cette conjecture, & tâchons de paux phéno l'appliquer aux différens cas que renferme la matiere qui nous Occupe.

menes de la génération.

Des monf

tres.

Quatre genres de monf.

tres.

On peut les réduire à trois principaux :

LA reffemblance des enfans au pere & à la mere, les Monftres, & les Mulets.

FIXONS-nous à l'hypothese qui admet des œufs dans les femelles vivipares, & qui reconnoît ces œufs pour le lieu des germes, je veux dire, pour prolifiques.

XXX. ON nomme Monftre, toute production organifée, dans laquelle la conformation, l'arrangement, ou le nombre de quelques-unes des parties ne fuivent pas les regles ordinaires.

XXXI. De là, quatre genres de Monftres.

Le premier renferme ceux qui font tels par la conformation extraordinaire de quelques-unes de leurs parties.

LE fecond genre comprend les Monftres qui ont quelques

uns de leurs organes, ou de leurs membres autrement diftri- CHAP. I. bués que dans l'état naturel.

Le troifieme genre embraffe les Monftres qui ont moins de parties qu'il n'en a été donné à l'efpece.

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Le quatrieme genre renferme ceux qui ont, au contraire plus de parties que l'état naturel ne le comporte, foit que ces parties ne foient pas propres à l'efpece, foit que lui étant propres, elles s'y trouvent en plus grand nombre.

XXXII. LES Mulets font des efpeces de Monftres, qui pro- Des Mulets. viennent de l'accouplement de deux individus d'efpeces différentes, & qui participent ainfi de la nature de l'un & de l'autre.

LA reffemblance des Mulets avec les individus dont ils tirent leur origine, ne fe manifefte pas d'une maniere uniforme dans toutes les efpeces; c'eft-à-dire, qu'elle n'a pas lieu conftamment dans les mêmes parties. On croit cependant avoir remarqué, qu'en général le corps du Mulet tient plus de la femelle que du mâle, & que les extrêmités tiennent plus du mâle qué de la femelle.

XXXIII. Si les germes font contenus originairement dans les ovaires de la femelle, & fi la matiere féminale n'eft qu'une efpece de fluide nourricier, deftiné à devenir le principe du développement, d'où viennent les divers traits de reffemblance des enfans avec ceux qui leur ont donné le jour ? Pourquoi les Monftres? Comment fe forment les Mulets?

LAISSONS le premier cas, comme moins frappant, & toujours un peu équivoque. Attachons-nous aux deux derniers, plus. fufceptibles de détermination & d'analyse.

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CHAP. I.

Tentatives

pour réfoudre quel

ques-unes

de ces queftions.

XXXIV. ON expliqueroit affez heureufement par l'hypothefe propofée, le premier, le troifieme & quatrieme genre de Monftres, en fuppofant pour le premier & le troifieme, que la marche ou l'opération du fluide féminal a été troublée ou modifiée par quelqu'accident; & en admettant pour le quatrieme genre, que deux germes fe font développés à la fois, dont l'un a fourni à l'autre par une efpece de greffe, une ou plufieurs parties furnuméraires.

LE fecond genre eft beaucoup plus difficile à expliquer ; & il ne me paroît pas qu'on en puifle rendre raifon qu'en recourant à l'hypothefe des germes originairement monstrueux : refuge heureux, mais qui ne plaît pas également à tous les Phyficiens.

LES rapports des Mulets avec les efpeces auxquelles ils doivent la naissance, peuvent être rangés fous plufieurs genres. Nous ne confidérerons ici que les rapports de couleur & les rapports de forme.

Les rapports de couleur s'expliquent facilement par l'hypothefe de la liqueur féminale, confidérée comme fluide nourricier. On fait combien la qualité des alimens influe fur la couleur des corps organifés. La Garance rougit les os des animaux qui s'en nourriffent. On varie les nuances des végétaux en leur faifant pomper différentes efpeces de teintures; & c'est, pour le dire en paffant, un genre d'expériences qui eft bien digne de l'attention des Phyficiens. Il feroit très-propre à perfectionner l'hiftoire de la végétation & à nous découvrir la véritable deftination des principaux organes (1).

Mais dira-t-on, les couleurs que le fluide féminal imprime au

(1) Voyez mes Recherches fur l'ufage des feuilles dans les Plantes, Mémoire V, Leide, 1754 in-49. Oeuvres, T. II. de l'in-49.

germe devroient s'altérer peu à peu, & s'effacer enfin entié- CHAP.

rement.

Je réponds, que la difpofition à réfléchir certaines couleurs dépend de la nature & de l'arrangement des parties; or, cette nature & cet arrangement étant une fois déterminés, il paroît très-poffible qu'ils fe confervent & que les nouveaux fucs qui furviennent s'accommodent à cette détermination comme nous l'entreverrons bientôt.

La nourriture influe encore beaucoup fur les proportions; de toutes les parties; & cette vérité fi connue nous conduit aux rapports de forme.

DEUX objets principaux s'offrent ici à notre méditation ; le germe & le fluide féminal. Analyfons ces deux idées autant que nous en fommes capables.

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Idée qu'on doit fe faire

XXXV. On dit que le germe eft une ébauche ou une efquiffe du Corps organifé. Cette notion peut n'être pas affez pré- du germe. cife. Ou il faut entreprendre d'expliquer méchaniquement la for mation des organes, ce que la bonne Philofophie reconnoît être au-deffus de fes forces: ou il faut admettre que le germe contient actuellement en raccourci toutes les parties effentielles à la plante ou à l'animal qu'il représente.

Conféquen

ce de cette idée.

XXXVI. La principale différence qu'il y a donc entre le germe & l'animal développé, c'eft que le premier n'eft compofé que . des feules particules élémentaires, & que les mailles qu'elles forment y font auffi étroites qu'il eft poffible; au lieu que dans le fecond, les particules élémentaires font jointes à une infinité d'autres particules que la nutrition leur a affociées, & que les mailles des fibres fimples y font aufli larges qu'il eft poffible qu'elles le foient relativement à la nature & à l'arrangement de leurs principes.

CHAP. III.

Autre conféquence

variété des parties.

Rapports de la liqueur féminale à ces variétés.

Suppofitions

Effai d'ex

plication du Mulet.

XXXVII. La variété qui regne entre toutes les parties de l'animal, foit à l'égard des proportions, foit à l'égard de la confiftance, indique dans les élémens une variété relative dont celle-là dépend. Ainfi les fibres élémentaires des os ont originairement plus de confiftance & font moins fufceptibles d'extenfion que celles des vaiffeaux ou des membranes.

LE

XXXVIII. Le degré d'extenfion de chaque organe eft de plus relatif à la puiffance qui l'a produit. Cette puiffance est ici le fluide nourricier ou la liqueur féminale. Il y a donc entre ce fluide & le germe, certains rapports qui déterminent la confiftance & l'extenfion de chaque partie. Ces rapports, fi nous voulons raifonner fur des idées connues, ne fauroient être que des rapports de forme, de proportions, de mouvement, chaleur, &c.

de

XXXIX. A ces réflexions générales, je joindrai quelques fuppofitions particulieres. Je fuppofe, 1°. qu'il y a dans la liqueur féminale autant d'efpeces d'élémens qu'il en entre dans la compofition du germe.

2°. Que les élémens d'une même efpece font plus difpofés à s'unir que ceux d'efpeces différentes.

3°. Que les mailles de chaque partie obfervent une certaine proportion avec les molécules relatives de la femence.

4°. Que l'efficace de la liqueur féminale dépend du degré de fon mouvement & de fa chaleur & du nombre des particules élémentaires de chaque efpece.

XL. CES principes pofés, la génération des Mulets femble s'éclaircir jufqu'à un certain point. De l'accouplement d'un âne avec une jument naît le Mulet proprement dit.

CET TE

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