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On peut faire là-deffus une queftion: les germes employés CHAP. à compléter chaque portion dans l'animal, font-ils précisément les mêmes qui opérent la multiplication par rejettons ?

On peut le penfer: mais fi l'on vouloit y trouver une différence, elle ne fauroit gueres avoir lieu que dans la position. Les germes destinés à la multiplication de bouture, feront placés dans le milieu du corps, comme nous l'avons fuppofé; & ceux qui produifent la multiplication par rejettons, feront fitués fur les côtés du corps, dans l'épaiffeur de la peau.

LVII. ON fait contre les germes une objection à laquelle je ne dois pas négliger de répondre. Elle eft tirée de leur infinie petiteffe, & de la prodigieufe rapidité qu'elle fuppofe dans leurs premiers accroiffemens.

EN effet, le Foetus eft vifible peu de jours après la conception. Il a donc acquis alors un volume plufieurs millions de fois plus grand que n'étoit fon volume originel.

COMMENT Concevoir un développement fi fubit, fi éloigné des progreffions ordinaires? Je réponds, qu'il n'est point abfurde de fuppofer, que les loix qui déterminent les premiers développemens du germe, différent de celles qui en reglent les développemens poftérieurs; ou que les effets d'une même. loi varient dans différens tems.

Nous ne connoiffons pas affez la nature de cet atome organifé, & la maniere dont la liqueur féminale agit fur lui, pour décider fur l'impoffibilité de la chofe. Nous voulons juger de ce qui fe paffe dans le germe, lorfqu'il commence à fe développer, par ce que nous voyons s'y paffer, lorfqu'il eft devenu habitant du monde vifible. Cependant il eft naturel de penfer que ces deux états doivent être différens. Dans le pre

Objection contre le fyftême des germes.

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mier, les fibres ont toute la foupleffe poffible, & les fucs deftinés à les nourrir & à les étendre, font les plus élaborés, les plus fins & les plus pénétrans qu'il y ait dans la Nature. Dans le fecond état, au contraire, les fibres font endurcies jufqu'à un certain point, & cet endurciffement augmente chaque jour. L'accroiffement ne fauroit ainfi fe faire que lentement, & par degrés tout-à-fait infenfibles. De plus, les fucs qui l'opérent, font plus mélangés, plus groffiers, & moins actifs.

ENFIN, la diverfité des lieux affignés à ces deux âges, peut être ici d'une grande influence : le plus ou le moins de chaleur, le contact plus ou moins immédiat de l'air, les mouvemens plus ou moins grands, font des caufes particulieres dont on conçoit l'efficace.

Si l'on fuppofoit que la nature du germe approche de celle des fluides; fi l'on fe le repréfentoit fous l'image d'un globule d'eau, on concevroit que la partie la plus fpiritueufe de la femence, pourroit occafioner dans ce globule une expanfion,

une espece de raréfaction analogue à celle qui fuit de l'action de deux fluides l'un fur l'autre.

MAIS à cette efpece de raréfaction fuccede bientôt ìci, un accroiffement réel, qui eft produit par l'incorporation des particules plus folides de la liqueur féminale. Cette liqueur devient ainfi à l'égard du germe, ce qu'est à l'égard de la Plantule, l'efpece de farine que renferme la graine.

L'IDÉE que je viens de propofer fur la nature du germe s'accorde fort bien avec l'extrême délicateffe ou plutôt la mol leffe qu'on remarque dans toutes les parties des Embryons. Il femble, que fi l'on pouvoit remonter plus haut, on les trouveroit prefque fluides.

CHAP. V.

De la con

fervation

LVIII. D'UN autre côté, cette conjecture pourra paroître ne pas quadrer avec la confervation des germes que nous avons fuppofés répandus dans toutes les parties de la Nature. des geimes,, Mais il ne doit pas y avoir plus de difficulté à concevoir la confervation d'un germe de l'efpece dont il s'agit, qu'à concevoir celle d'un globule de quelque fluide que ce foit. L'eau, par exemple, fe convertit en glace, s'éleve en vapeurs, entre dans la compofition d'un grand nombre de corps, fans que les particules conftituantes changent de nature (1)..

CHAPITRE V..

Nouvelles réflexions fur les Germes, & fur l'économie organique..

But de

LIX. L'HYPOTHESE des Germes nous offre encore plufieurs queftions à difcuter. Nous toucherons aux principales. Je ne l'Auteur.. fais point un traité de la génération. Je parcours rapidement ce que ce fujet renferme de plus intéreffant, ou de plus difficile,

LX. PREMIERE QUESTION. Pourquoi les germes qui fe font introduits dans le corps des femelles foumifes à la loi de l'accouplement, ne peuvent-ils s'y développer, fans le fecours de la liqueur que le mâle fournit ?

RÉPONSE. Tel eft ici l'ordre de la Nature, que l'intérieur

(1) tt Toute cette doctrine des Germes n'étoit, comme l'on voit, qu'une foible ébauche, que je crayonnois d'une main peu affurée. J'ai tenté depuis de perfectionner cette ébauche, en m'aidant furtout de divers faits importans, qui n'étoient point encore dé

couverts lorfque je compofois cette par-
tie de mon Ouvrage. Voyez le Chap. I
de la II. Part. de ces Confidérations, le
Chap. VIII de la VII. Part. de la Con-
templation, les Chap. I, II de la IX
Part du même Ouvrage, & la X. Part
de la Palingénéfie

1 Queftion: pourquoi

certains ger. mes ont-ils befoin de la

CHAP. V. liqueur du måle pour fe développer ?

2 Question:

des femelles de cette efpece ne contient aucune liqueur ? affez fubtile ou affez active pour ouvrir, par elle-même, les mailles du germe, & y commencer le développement.

LXI. SECONDE QUESTION. Mais comment ce développecomment le ment continue-t-il, lorfque la liqueur qui l'a fait naître eft totalement épuifée?

germe con

nue-t-il à

croitre après la féconda

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RÉPONSE. Les machines animales ont été conftruites avec un art fi merveilleux, qu'elles convertiffent en leur propre fubstance les matieres alimentaires. Les préparations, les combinaisons, les féparations que ces matieres y fubiffent, les changent infenfiblement en chyle, en fang, en lymphe, en chair, en os, &c. &c. Ainfi dès que la circulation a commencé dans le germe, dès qu'il eft devenu animal vivant, les mêmes métamorphofes s'opérent dans fon intérieur. La diverfité prefque infinie de particules qui entrent dans la compofition des alimens; le nombre, la ftructure, la fineffe, le jeu des différens organes dont elles éprouvent l'action nous perfuaderoient facilement la poffibilité de ces métamorphofes, quand nous ne les fuivrions pas à l'œil jufqu'à un certain point.

LXII. TROISIEME QUESTION. Les germes ne s'introduifent-ils que dans le corps des femelles, ou s'ils s'introduifent auffi dans le corps des máles, pourquoi ne fe développent-ils que dans celui des femelles ?

RÉPONSE. La petiteffe des germes, leur difperfion dans l'air, dans l'eau & dans tous les mixtes qui fourniffent à la nourriture des Corps organifés, ne laiffent aucun lieu de douter qu'ils ne s'introduifent dans le corps des mâles en auffi grand nombre que dans celui des femelles. Mais celles-ci étant feules pourvues d'organes propres à les retenir, à les fomenter & à les faire croître, ce n'eft que chez elles que la génération peut s'opérer.

LXIII. QUATRIEME QUESTION. Les germes étant répandus en fi grand nombre dans les Corps organifés, comment ne s'en développe-t-il qu'un à la fois, rarement deux, dans les femel les de diverfes efpeces?

RÉPONSE. Nous ne connoiffons pas les organes qui raffemblent dans les femelles, les germes destinés à y multiplier l'efpece. La structure de ces organes eft peut-être telle que l'action de la liqueur féminale ne fe fait fentir à la fois qu'à un ou deux germes feulement.

MAIS quand les chofes feroient autrement, quand on fuppoferoit que le fluide féminal agit en même tems fur plufieurs. germes, il n'y auroit aucune abfurdité à admettre que tous n'en font pas également affectés. (1) Celui ou ceux qui le font le plus fe développent davantage; la circulation & les autres mouvemens vitaux s'y opérant avec plus de force, le fluide nourricier s'y porte en plus grande abondance; les autres germes moins nourris & bientôt affamés ceffent de croître & ne propagent point l'efpece.

LXIV. Si on me demande ce que deviennent ces 'germes infortunés? Je réponds qu'il n'eft pas impoffible que leurs parties élémentaires fe rapprochent par l'évaporation des fucs qui avoient pénétré dans les mailles, & que ces germes ne fe trouvent ainfi dans le même état où ils étoient avant que la liqueur féminale eût agi fur eux.

APRÈS tout, combien de graines qui ne produifent point de plantes! combien d'oeufs dont il ne fort point d'oiseau! La na

(1) tt Nous verrons ailleurs que les germes croiffent avant la fécondation : mais ils ne croiffent pas tous également Il y a ici des gradations dont nous ne

connoiffons pas les termes. Les germes
les plus développés font apparemment
ceux fur lefquels le fluide féminal agit
avec le plus d'avantage,

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