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CHAP. V.

's Question:

les Germes

d'une même efpece font

ils tous femblables?

Réflexions fur la ref. femblance des enfans à leurs parens.

ture eft fi riche qu'elle ne regarde point à ces petites pertes;
& ce qui ne fert pas pour une fin fert pour une autre.

LXV. CINQUIEME QUESTION. Les germes d'une même espece font-ils tous égaux & femblables: ne différent-ils que par les organes qui caractérisent le fexe? ou y a-t-il entr'eux une diverfité analogue à celle que nous obfervons entre les individus d'une même espece de plante ou d'animal?

RÉPONSE. Si nous confidérons l'immenfe variété qui regne dans la Nature, le dernier fentiment nous paroîtra le plus probable. C'eft peut-être moins du concours des fexes que de la configuration primitive des germes que dépendent les variétés que nous remarquons entre les individus d'une même efpece.

LXVI. J'AVOUERAI cependant qu'il eft des traits de reffemblance entre les enfans & ceux auxquels ils doivent le jour, que je ne fuis point encore parvenu à expliquer par l'hypothefe que je propofe. Mais ces traits ne font-ils point équivoques? Ne commettons-nous point ici le fophifme que les fcholaftiques appellent non caufa, pro caufa ne prenons - nous point pour cause ce qui n'eft pas caufe? Un pere boffu a un enfant boffu; on en conclut auffi-tôt que l'enfant tient sa boffe de fon pere; cela peut être vrai, mais cela peut auffi être faux. La boffe de l'un & celle de l'autre peuvent dépendre de différentes causes, & ces caufes peuvent varier de mille manieres.

LES maladies héréditaires fouffrent moins de difficultés. On conçoit facilement que des fucs viciés doivent altérer la conftitution du germe. Et fi les mêmes parties qui font affectées dans le pere ou dans la mere le font dans l'enfant, cela vient de la conformité de ces parties qui les rend fufceptibles des mêmes altérations.

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Au refte, les difformités du corps découlent fouvent de maladies héréditaires, ce qui diminue beaucoup la difficulté dont je parlois il n'y a qu'un moment. Les fucs qui devoient fe porter à certaines parties étant mal conditionnés, ces parties en feront plus ou moins défigurées, fuivant qu'elles fe trouveront plus ou moins difpofées à recevoir ces mauvaifes impreffions.

CHAP. V.

LXVII. SIXIEME QUESTION. Pourquoi les Mulets n'engendrent- 6 Question: ils point?

RÉPONSE. L'AUTEUR de la Nature ayant voulu limiter les efpeces, a établi un tel rapport entre la liqueur féminale & le germe, que les organes de la génération de celui-ci ne fauroient être développés en entier que par le fluide féminal propre à fon efpece. Je dis en entier, parce qu'il y a une distinction de fexe dans les Mulets; mais cette diftinction eft incomplette puifqu'ils n'engendrent point (1). Des vaiffeaux que le fluide féminal n'a pu développer ou qui font demeurés oblittérés dès la conception, donnent lieu à cette impuiffance.

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pourquoi les Mulets n'engendrent-ils

point?

les

LXVIII. SEPTIEME QUESTION. Les mêmes germes qui, dans 7 Question: les végétaux, produifent les branches & les racines, donnent-ils encore naiffance à la petite plante renfermée dans la graine?

RÉPONSE. Le germe qui eft contenu dans la graine ne fauroit fe développer fans le fecours de la pouffiere des étamines. Cette pouffiere renferme une liqueur que l'on peut fuppofer être la plus fubtile & la plus active de toutes celles qui circulent dans la plante. Les germes qui donnent naissance aux branches & aux racines, fe développent fans fécondation, du moins apparente. Un fluide moins fubtil & moins actif que le fluide féminal, fuffit donc

(1) tt Quand j'écrivois ceci, j'ignorois qu'il y eût des preuves du contraire: je les indiquerai ailleurs.

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germes qui, dans les plantes, donnent naillance

aux branches; proencore la plantule Jogée dans la graine?

duifent-ils

CHAP. V.

8 Question: comment fe forme une nouvelle

écorce, une

nouvelle peau ?

pour le développement de ces germes; d'ou l'on peut légitimement conclure qu'ils different de ceux qui produifent la plantule en ce qu'ils font plus grands, ou que leurs mailles font moins ferrées.

On pourroit foupçonner que la liqueur des étamines pénetre dans le corps de la plante & y féconde les germes dont naiffent les boutons. Mais le retranchement des fleurs n'empêche point la plante de pouffer de nouvelles branches & de nouvelles racines.

FAITES une forte ligature à une branche, il fe formera audeffus de la ligature un bourlet; coupez la branche à l'endroit de la ligature & plantez-la en terre; elle y reprendra avec beaucoup plus de facilité & de promptitude qu'elle n'auroit fait fans cette petite préparation. La ligature en interrompant le cours du fluide nourricier, le détermine à fe porter en plus grande abondance aux germes qui fe trouvent placés au-deffus de la ligature.

L'ART avec lequel toutes les parties de Ja plante font difpofées dans la graine, nous aide à concevoir celui que fuppofe Farrangement de ces mêmes parties dans le germe primitif.

LXIX. HUITIEME QUESTION. Si toutes les parties d'un Corps organifé exiftoient en petit dans le germe; s'il ne fe fait point de nouvelle production, comment concevoir la formation d'une nouvelle écorce, d'une nouvelle peau, &c.?

RÉPONSE. Toutes les fibres d'un Corps organifé ne fe développent pas à la fois. Il en eft un grand nombre qui ne peuvent parvenir à fe développer qu'à l'aide de certaines circonftances. Telles font les fibres qui fourniffent aux reproductions dont il s'agit ici. La plaie faite à l'ancienne peau détermine les fucs nourriciers à fe porter aux fibres invifibles qui environnent les

levres de la plaie, &c. Mais fans recourir à l'exiftence de ces fibres invifibles, on peut fe contenter d'admettre que les fibres des environs de la plaie étant mifes plus au large par la deftrution des fibres qui les avoifinoient, & recevant tout le fuc qui étoit porté à celles-ci doivent naturellement grofir & s'étendre davantage.

LXX. NEUVIEME QUESTION. Les mues de différens animaux, leurs métamorphofes, la reproduction des pattes des Écreviffes, celle des dents, &c. ne prouvent-elles pas qu'il eft des germes particuliers, deftinés à la reproduction de différentes parties?

RÉPONSE. Si nous ne pouvons expliquer méchaniquement la formation d'une fimple fibre, au moins d'une maniere à fatisfaire la raison, comment expliquerions-nous par la même voie la reproduction d'organes auffi compofés que le font ceux de la plupart des infectes? Quelle méchanique préfidera à la formation d'une dent, d'une jambe, d'un oeil, &c.

Si l'on veut préférer des idées affez claires à des idées trèsobscures, on conviendra que toutes ces parties exiftoient en petit dans le germe principal. Ainfi le germe de l'infecte qui fe métamorphofe contient actuellement toutes les enveloppes dont cet infecte doit fe défaire, & tous les organes qui les accompagnent. Ces différentes peaux emboîtées les unes dans les autres, ou arrangées les unes fur les autres peuvent être regardées comme autant de germes particuliers renfermés dans le germe principal,

J'AI eu recours à une autre hypothefe pour rendre raison de La multiplication de bouture & de celle par rejettons, parce qu'il m'a paru que ce font des productions d'un genre différent.

LXXI. DIXIEME QUESTION. Un germe d'une espece donnée, peut-il fe développer dans un corps organifé d'une efpece diffé

CHAP. V.

9 Question: & les méta morphotes

fi les mues &

des infectes, la production des

dents, la reproduction des pattes de l'Ecreviffe prouvent qu'il eft des

germes appropriés à différentes parties?

CHAP V.

10 Quest. : un germe

rente; le germe du Tania, par exemple, porté dans notre corps & abreuvé des fucs les plus propres à la nourriture de d'une espece ce Ver, parviendroit-il à s'y développer; & feroit-ce là l'origine des Vers du corps humain?

donnée

peut il fe développer dans un tout organife

d'une ef

rence ?

RÉPONSE. Comme je ne crois pas que le germe de la Tulippe puiffe jarzais fe développer dans la Rofe, je ne pense pas non pece diffé- plus que le germe du Tania puiffe fe développer dans le corps humain comme dans fa matrice naturelle. Je crois qu'il n'est point dans la Nature de loix plus invariables que celle qui ordonne que les germes d'une espece ne fe développent point dans des Corps organifés d'une efpece différente. Ainfi, quoique l'origine des vers du corps humain foit extrêmement obfcure, je préférerai toujours de fufpendre mon jugement fur ce fujet, à embraffer hypothefe dont je viens de parler (1).

Réflexions

des Vers du corps hu

main.

LXXII. UNE Monche va dépofer fes oeufs dans le nez du fur l'origine Mouton. Une autre mouche plus hardie encore, va pondre dans le gofier du Cerf. (2) Lorfqu'on ignoroit ces faits, on étoit auffi embarraffé fur l'origine des Vers du nez du Mouton, ou fur celle des Vers du gofier du Cerf, qu'on l'eft aujourd'hui fur l'origine des Vers du corps humain. Un heureux hafard des obfervations plus fines ou plus pouffées nous découvriront un jour le myftere, & nous apprendront qu'il en eft de l'origine des Vers du corps humain comme de celle des autres animaux,

Si le Tania exiftoit dans la terre, comme l'affure un habile Naturalifte, le problème feroit facile à réfoudre. Mais l'obfervation fur laquelle ce fait repofe n'a point été répétée, & elle manque des détails qui auroient été propres à la conftater (3).

(1) Je renvoye fur ce que je viens de dire des Germes, à la note que j'ai placée à la fin du Chapitre précédent.

(2) Mémoires fur les Infelles par M. de REAUMUR, Tom. IV & V.

(3) Voyez ma Differtation fur le Tania, I. Vol des Savans Etrangers. Oeuvres. Tom. II.

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