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CEPENDANT, comment foutiendrons-nous çeci! ce n'est là réellement qu'une très petite Partie; que dis-je ! qu'un infiniment petit du Règne animal. La Mitte, comme l'Elephant, le Puceron, comme l'Autruche, Anguille du Vinaigre, comme la Baleine, ne font qu'un compofé d'Animaux ; toutes leurs Liqueurs en fourmillent; tous leurs Vaiffeaux en font femés.

Ce n'eft pas tout encore; les Végétaux euxmêmes, & jufques à leurs moindres Parties ne font qu'un tiffu d'Animaux. Depuis le Champignon jufques à l'Orme; depuis la Mouffe jufqués au Sapin; depuis le Lychen jufques au Chêne tout n'eft qu'Animalcule, & qu'Etre fentant..

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C'EST ainfi que le SUPREME ARCHITECTE a porté fon Ouvrage au plus grand dégré de perfection qu'il pouvoit recevoir. SA SAGESSE a révêtu la Matière d'un nombre prefque infini de modifications, dont le Monde phyfique eft la fomme. Entre les modifications que nous obfervons ici- bas, la principale, la plus compofée, la plus parfaite, & celle à laquelle toutes les autres fe rapportent, eft l'Organifation. Mais entre les différentes efpèces d'Organisations, celle d'où réfulte l'Animal, tient le premier rang. Elle eft donc le genre de modifications qui a été le plus multiplié, ou le plus diverfifié: l'Animal eft le lien, le centre, & la fin de toutes les Parties de la Nature.

132. Con:

132: Conjectures & Réflexions fur la Nature
de ces Animalcules.
Remarques fur nos idées d'Oeconomie ani-
male.

MAIS fi les Globules des Liqueurs féminales, & ceux des Infufions font de véritables Animaux, quelle eft leur nature ? quelle eft leur manière de naître, de fe nourrir, de croître, de multiplier?

Jɛ ferai fur toutes ces Questions une remarque générale. Nos idées d'Oeconomie animale ont été d'abord très refferrées. Elles ne fe font étendues que lentement, & par dégrés, comme toutes nos autres connoiffances. Avant qu'on eût obfervé la multiplication des Infectes de Bouture, & celle fans Accouplement, on difoit que l'Animal fe propageoit par des Oeufs, ou par des Petits vivants, & que cela étoit toûjours précédé du concours de deux Individus de différents Sexes. Cette divifion des Animaux feroit aujourdhui très défectueufe. Elle laifferoit en arrière un très grand nombre d'Efpèces qui apartiennent inconteftablement à cette Claffe d'Etres organifés. Apprenons donc par là, à ne pas limiter la Nature, & à concevoir de plus hautes idées de fon immenfe variété. Le Polype eft peut-être moins éloigné du Singe, qu'il ne l'eft des Animaux que nous cherchons à connoître. En un mot, nous ne favons point où commence l'Animal: nous

favons feulement où il finit, & que l'Homme eft le terme le plus élevé de cette magnifique gradation.

Qui pourroit prouver qu'il n'y a pas des Animaux qui fe nourriffent par toute l'habitude de leur Corps, à peu près, comme on imagine que fe fait la Nutrition du Crystallin? Qui pourroit affurer qu'il n'exifte point des Animaux d'une petiteffe prefque infinie, de figure fphérique, ou ellyptique, fans aucun Membre, fans aucune Partie extérieure, dont les Sens tous intérieurs fe bornent uniquement à découvrir ce qui fe paffe au dedans de l'Animal, & non point ce qui eft au dehors? Qui pourroit prouver que ces Animaux ne goûtent pas un auffi grand plaifir à fentir ce qui fe paffe dans leur intérieur, que l'eft celui que les autres Animaux goûtent à voir ce qui fe paffe autour d'eux? Qui fait, fi le fimple mouvement des Liqueurs auquel la vie de ces Animalcules a été attachée, ne leur procure pas des Senfations auffi vives que le font celles que l'impreffion des objets extérieurs procure aux autres Animaux? 133. Les Animalcules des Liqueurs &c. comparés aux Polypes.

PREFERONS cependant des conjectures, qui ayent quelque fondement dans l'observation ou l'expérience. Comparons les Animalcules en queftion, aux Polypes, & aux autres Infectes: qui fe multiplient de Bouture. Difons qu'ils fe greffent naturellement les uns aux autres, & qu'ils

forment ainfi des Globules plus ou moins fenfibles, peut-être même des Filaments plus ou moins confidérables. Suppofons encore qu'ils fe propagent, foit par une divifion naturelle femblable, ou analogue à celle des Polypes à Bouquet (*), foit en fe rompant ou en fe par tageant avec une extrême, facilité, comme les petites Anguilles de l'Eau douce (**). Nous expliquerons par là, affés heureufement les principaux phénomènes que nous offrent les Globules, en particulier, celui de leur diminution de groffeur, & de leur augmentation de nombre.

Nous pouvons encore conjecturer, que ces Animaux maigriffent ou fe refferrent lorfqu'ils font exposés quelque tems au grand Air, ou que la Liqueur dans laquelle ils nagent, commence à s'altèrer.

ENFIN, ces Animaux fe meuvent & leurs mouvemens font variés, & très rapides. Comment exécutent-ils tous ces mouvemens?

Nous voyons déjà que les mouvemens par lefquels ils s'élèvent, ou fe plongent dans la Liqueur, peuvent dépendre principalement de l'augmentation ou de la diminution du volume de leur Corps, à peu près comme dans les Poiffons.

(*) Mémoire fur les Polypes à Bouquet, par M. TREM LEY, 1747. (**) Traité d'Infectologie, 2de. Partic.

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A l'égard des autres mouvemens ils tiennent fans doute à une méchanique intérieure, qui nous eft inconnue. Peut-être même qu'ils s'opèrent par des Organes extérieurs, que leur extrême petiteffe ne nous perimet pas d'aperce voir.

134. Ce que l'on peut imaginer que devien nent les Animalcules du Sperme après qu'il a été repompé.

LA Liqueur féminale après avoir féjourné plus ou moins dans les Vaiffeaux qui la contenoient, eft repompée par d'autres Vaiffeaux qui la portent à différentes Parties, avec lesquelles elle s'incorpore. Que deviennent alors, les Animalcules dont cette Liqueur eft peuplée ?

Je réponds, qu'il n'eft point abfurde d'admettre que ces Animaux continuent d'exifter dans ce nouvel état. Ils reffembleront à la Galinfecte, qui après avoir couru quelque tems de tout côté, fe fixe fur une Tige ou fur une Branche, où elle paffe le refte de fa vie dans la plus parfaite immobilité, & fi bien confondue avec la Plante, qu'on la prendroit pour une Galle ou une excroiffance de cette Plante (*). Pourquoi nous refuferions-nous au plaifir de prolonger l'existence des Etres fentants? Les Animalcules dont nous parlons, collés aux parois d'un Vaiffeau féreux, ou fanguin, y jouïront de toutes les douceurs attachées à cette existence. Ils y repréfenteront les Orties de Mer

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(*) Mém. pour fervir à l'Hift. des Infect. Tom. 4. Mém. 105,

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