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fixées aux Rochers d'un Détroit.

135. De ce que l'on doit penfer de l'apparition des Animalcules dans des Matières qui ont boulli. Note importante ou Extraits de Lettres de Mr. DE REAUMUR, qui prouvent que les Globules mouvans font de vrais Animaux,

A l'égard de l'apparition de ces Animalcules dans les Matières qui ont bouilli, ou qui ont été exposées à un dégré de chaleur auquel nous ne concevons pas qu'aucun Animal puiffe vivre la difficulté qu'elle forme ne doit pas nous intriguer beaucoup, puifqu'elle n'a pour fondement que l'ignorance où nous fommes du dégré de chaleur que certains Animaux ont été rendus capables de fupporter. D'ailleurs, il n'eft pas fûr que ces Animalcules fuffent dans la Matière de l'infufion. Ils habitoient peut-être l'Air renfermé dans le Bocal: ils avoient paffé de cet Air dans la Matière de l'infufion. Il y a peut-être une circulation perpétuelle de ces Animalcules de l'Air dans les Corps organifés, & des Corps organifés dans l'Air (*).

(*) Depuis que j'ai écrit ceci, Mr. TREMBLEY m'a communiqué une Lettre qu'il avoit reçuë de Mr. DE Reaumur, qui ne permet guères de douter, que les Globules mouvants, ne foient de véritables Animaux. Voici l'extrait de cette Let

tre.

Mon objet étoit de vérifier les Observations qui ont été le fondement d'idées fi étranges fur la Génération des Animaux. J'ai beaucoup étudié les différentes Infufions, & j'ai reconnu non jeu

136. Explication du Mulet dans l'hypothèse de l'Auteur, en fuppofant que le Germe eft fourni par le Male.

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Si l'on compare le Système des Germes avec celui des Molécules organiques, je crois qu'on fe fentira plus porté à embraffer le premier que le fecond. Mais je crois auffi qu'on trouvera que celui-là eft fujet à de grandes difficultés & que je n'ai pas réfolues d'une manière bien fatisfaifante. Je veux parler principalement de celles qui fe tirent de la Génération du Mulet, où de cet Animal qui provient de l'union d'un Ane avec une fument.

DANS l'explication que j'ai hazardée (*) de

ement que ces prétendues Particules organiques font de véritables Animaux mais que ces petits Animaux font des Ordres de Générations femblables qui le fuccèdent ; qu'il est très faux que les Générations foient d'Animaux de plus en plus petits, comme l'ont avancé les Auteurs du nouveau Système; que tout va ici à l'ordinaire; que les Petits deviennent grands à leur tour.

Dans une de fes Lettres Mr. de REAUMUR m'apprenoit auffi; qu'il avoit répété fes, Obfervations, fur les Infectes des Infufions, qu'il les avoit examinés avec le plus grand foin pendant des heues entières, & qu'il avoit reconnu ce qui en avoit impofé à ceux qui les ont pris pour de fimples Globules mouvants.

Il feroit à défirer, que l'Illuftre Auteur de l'Histoire Naturelle, générale & particulière entreprît de remanier fes propres Obfervations, & dapprofondir d'avantage ce fujet intéreffant. Il a tant de fagacité, qu'il feroit bien étrange que le vrai lui échappât. Mais fûrement il ne lui échappera point, s'il veut bien oublier, au moins pour un tems, fes Molécules organiques, fes Moules, & tout l'attirail d'un Système, que fon Génie fécond s'eft plû à inventer, & que fa Raifon devenue févère abandonnera peut être quelque jour.

(*) Voyez le Chapitre III. article 40.

ce Fait, j'ai fupofé que le Germe étoit contenu dans la Femelle; & que la Liqueur féminale du Mâle contenoit les Eléments rélatifs aux différentes Parties de ce Germe, & propres à en opérer la nutrition & le développement. J'ai imaginé que le Cheval deffiné en mignature dans les Ŏvaires de la Jument, étoit métamorphofé en Mulet par l'impreffion plus ou moins forte de la Liqueur de l'Ane, fur quelques-unes de fes Parties. J'ai conjecturé que les Molécules élémentaires deftinées à procurer la nutrition & le développement des Oreilles, étoient plus abondantes & plus actives dans la Semence de l'Ane, qu'elles ne le font dans celles du Cheval; & que les Molécules destinées à procurer la nutrition & le développement de la Queue, étoient au contraire plus abondantes, & plus actives dans la Semence du Cheval, que dans celle de l'Ane. Par là j'ai tenté de rendre raifon des longues Oreilles du Mulet, & de fa Queue peu fournie de Crins. Je me fuis borné à ces deux caractères, qui m'ont fervi d'exemples.

MAIS fi l'on confidère le Mulet avec attention, il paroîtra, qu'il eft plutôt un Ane en grand, qu'un Cheval vicié. Sa Tête, fon Col, fon Corfage, fa Croupe, fes Jambes fembleront le rapprocher beaucoup plus de l'Ane que du Cheval. Il ne paroîtra guères tenir de celui-ci, que par fa grandeur, fa couleur, & fon poil.

OR, on ne conçoit pas trop comment d'auffi

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grands changements que ceux dont il s'agit, ont pû être produits par la fimple action du Fluïde féminal. Il faut convenir de la difficulté; elle recevroit, fans doute, un nouveau dégré de force, fi on en venoit à un examen plus aprofondi des Parties, & fi on pouffoft cet examen jufques à l'intérieur.

SANS décider cependant, fur la Question, fi les changemens dont nous parlons peuvent être exécutés par la Liqueur féminale, prenons l'inverfe de la première fuppofition. Au-lieu de faire fournir le Germe par la Femelle, faifons-le fournir par le Mâle. Tout deviendra alors plus facile. Les caractères par lefquels le Mulet fe raproche plus du Cheval que de Ane, ne tenant point à la forme des Parties effentielles, fuppoferont des changemens moins confidérables, moins difficiles que ceux que fuppoferoient les caractères par lefquels le Mulet fe raproche plus de l'Ane que du Cheval. La grandeur, la couleur & le poil font des chofes qui ne dépendent que de quelques circonftances, fouvent affés légères. La Matrice de la Jument, plus vafte, & plus abreuvée de fucs, que celle de l'Anelle, a permis au Foetus de s'étendre en tous fens plus qu'il n'auroit fait dans fa Matrice naturelle. La qualité du Sang ou du Fluïde nourricier de la Mère, peut aifément changer la couleur & le poil de l'Embrion.

RAISONNONS de la même manière, fur le Mulet qui provient de l'union du Coq avec la

S.

Femelle du Canard, & les difficultés qui nous ont fait tant de peine, fe reduiront principalement à quelques changemens dans les proportions extérieures du Corps, & dans la forme des Plumes.

137. Invitation à faire de nouvelles expérien ces fur les Mulets, pour éclaircir la Matiè re de la Génération,

Nous fommes donc plus follicités que jamais, à faire de nouvelles expériences fur la Génération des Mulets. Elles font certainement celles qui peuvent répandre le plus de jour fur ce fujet. Etendons-les, s'il fe peut, à des Indivi-. dus de genres, & même de claffes différentes. C'est le plus fur moyen de rendre les résultats décififs, & d'arracher à la Nature fon fecret. Si de l'Accouplement du Lapin avec la Poule il naîffoit un Mulet, nous ferions déjà fort avancés.

138. Remarque fur les effets de l'accouplement entre des Individus d'espèces fort éloignées.

MAIS il y a lieu de croire qu'il en fera de ces fortes de conjonctions comme de ces Entes fingulières qu'on pratique entre des espèces de différentes claffes. Leur Rameau greffé pouffe quelques Feuilles, & périt enfuite. La grande difproportion qu'il y a entre les fucs qu'il reçoit du Sujet, & ceux qui lui conviennent, & en

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