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tre le tems où il les reçoit, & celui où il les demande, font la caufe naturelle de fa prompte mort. Si le mélange de la Liqueur du Lapin avec celle de la Poule, parvenoit à faire développer le Germe fourni par celui-là, ce développement cefferoit, fans doute, bientôt, & peut-être avant qu'on pût être certain qu'il auroit commencé. Les Fluïdes alimentaires de la Poule diffèrent apparemment trop de ceux de la Lapine, pour amener à bien une telle production. De plus, les Matrices de ces deux Animaux ne diffèrent fans doute pas moins, que leurs Fluïdes.

139. Que le nombre des Efpèces peut s'être accru par des conjonctions fortuites.

On ne peut douter que les Efpèces qui exiftoient au commencement du Monde, ne fuffent moins nombreufes que celles qui exiftent aujourdhui. La diverfité, & la multitude des conjonctions; peut-être même encore la diverfité des climats & des nourritures, ont donné naiffance à de nouvelles Espèces, ou à des Individus intermédiaires. Ces Individus s'étant unis à leur tour, les nuances fe font multipliées, & en fe multipliant elles font devenues moins fenfibles. Le Poirier, parmi les Plantes, la Poule, parmi les Oifeaux, le Chien, parmi les Quadrupedes, nous fourniffent des Exemples frappans de cette vérité. Et que n'aurions-nous point à dire à cet égard, des variétés qui s'obfervent parmi les Hommes, fortis originaire

ment de deux Individus!

140. Réflexions fur la grandeur des objets que nous offre la Matière de la Génération.

JE quitte enfin (*) la Matière de la Génération. Matière infiniment intéreffante, & dont la beauté, j'ofe même dire la grandeur, pourra rendre excufables les détails dans lefquels je fuis entré, & la hardieffe des conjectures auxquelles j'ai eu recours.

LA NATURE eft affurément admirable dans la confervation des Individus; mais ELLE l'eft, für-tout, dans la confervation des Espèces. Tous les Organes dont ELLE a pourvûs les Etres organifés, toutes les Propriétés dont ELLE les a doués, toutes les Facultés dont ELLE les a enrichis, tendent en dernier reffort à cette grande fin. Les diverfes manières dont les Plantes & les Animaux fe perpétuent, font les différentes Machines qui entretiennent les brillantes Décorations du Monde organique. Les Siècles fe tranfmettent les uns aux autres ce magnifique Spectacle, & ils fe le transmettent tel qu'ils l'ont reçu. Nul changement; nulle altération; identité parfaite. Victorieufes des éléments, des temps, & du fépulchre, les Efpèces fe confervent, & le terme de leur durée nous eft inconnu.

(*) Cet Ecrit fur la Génération, faifoit partie d'un plus grand Ouvrage. Voyez la Préface.

CHAPITRE IX,

Nouvelles Découvertes fur la Formation du Poulet dans l'Oeuf.

Conféquences de ces Découvertes. Comparaifon des Expériences de HARVEY fur la Génération des Biches, avec celles fur la Formation du Paulet. 141. Introduction.

Découvertes de Mr. DE HALLER, fur le Poulet. TELLES étoient, il y a environ douze ans,

mes méditations fur la Formation des Corps organifés. Je n'ai rien changé à l'expofition que j'en fis alors: on va juger de leur accord avec de nouvelles Découvertes dont je n'avois entrevû que la poffibilité. να

JE difois au commencement du Chapitre III, (†) qu'un jour on arracheroit à la Nature fon fecret. Un de fes plus chers Favoris, Mr. le Baron de HALLER, l'a interrogée depuis peu comme elle demandoit à l'être, & il en a obtenu des réponses qui reculent les bornes de nos connoiffances. C'eft de l'intérieur d'un Oeuf de Poule qu'elle lui a rendu fes oracles. Il les a transmis à la Poftérité dans un fçavant Ecrit qui a pour Titre, Mémoires fur la Formation du

(*) l'écrivois ceci au commencement de Septembre 1759 () Voyez l'Art. 17.

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Coeur dans le Poulet, fur l'Oeil, fur la Structure du Jaune, & fur le Développement. (*) L'illuftre Auteur a mis à la fuite de fes Obfervations des Corollaires mêlés (†) qui en font comme les résultats. Je détacherai de ces Corollaires les vérités les plus importantes, & les plus propres à diminuer les ombres de mon fujet.

142. 1er Fait fur le Poulet, qui démontre que le Germe appartient uniquement à la Femelle.

Conféquence qu'on peut en tirer à l'égard des Graines.

PREMIER FAIT. LA Membrane qui révêt intérieurement le Jaune de l'Oeuf, eft une continuation de celle qui tapiffe l'Inteftin grêle du Poulet. Elle eft continue avec l'Estomach, le Pharinx, la Bouche, la Peau, l'Epiderme.

LA Membrane externe du Jaune est un épanouïffement de la Membrane externe de l'Inteftin; elle fe lie au Méfentère & au Péritoi

ne.

LE Jaune a des Artères & des Veines, qui naiffent des Artères & des Veines méfentériques du Fœtus. Le Sang qui circule dans le Jaune reçoit du Coeur le principe de fon mou

vement.

(*) A Laufanne, chez M. Michel Bousquet, in 12. 1758, Mém. I. II.

(†) Mémoire II. pag. 172. & fuivantes, Section XIII,

LE Jaune eft donc une Partie effentielle du Poulet mais le Jaune exifte dans l'Oeuf qui n'a point été fécondé; le Poulet existe donc dans l'Oeuf avant la fécondation.

L'ANALOGIE qu'on obferve entre les Végé taux & les Animaux, & dont je traiterai un jour, ne permet guères de douter qu'il n'en foit de la Graîne comme de l'Oeuf; qu'elle ne contienne originairement toutes les Parties effentielles à la Plante.

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143. 2d Fait: Etat de fluidité des Parties de l'Embrion lors qu'il commence à fe développer.

Nouvelle preuve de l'existence des Efprits a

nimaux.

Comment toutes les Parties acquièrent peu à
peu de la confiftence.
Conformité avec le Végétal

SECOND FAIT. Les Parties folides du Poulet font d'abord fluïdes. Ce Fluïde s'épaiffit peu à peu, & devient une gêlée. Les Os euxmêmes paffent fucceffivement par cet état de fluïdité & de gêlée. Au feptième jour de l'Incubation, le Cartilage eft encore gélatineux. (*)

LE Cerveau n'eft le huitième jour qu'une Eau transparente, & fans doute organifée. Cependant le Fœtus gouverne déjà fes Membres preuve nouvelle & bien fenfible de l'existence

(*) Obfervations de Mr. de HALLER fur les Os, à Laufan. ne, in 12. 1758. Page 177 & 178

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