des Efprits animaux; car comment fuppofer des Cordes élastiques dans une Eau tranfparente?

C'EST principalement par l'évaporation insen fible des Parties aqueufes, que les Eléments fe rapprochent pour former les Solides. Les Vaiffeaux devenus plus larges admettent des Molécules gommeufes, albumineufes, vifqueufes, qui s'attirent davantage. Plus la proximité des Éléments augmente, plus l'attraction acquiert de force. Le Fluïde organifé est ainfi conduit par dégrés à la Mucofité. Il devient Membrane, Cartilage, Os par nuances imperceptibles, fans mêlange d'aucune nouvelle Partie.

MONSIEUR de REAUMUR a prouvé que fi l'on prévient par des enduits l'évaporation du fuperflu, on conferve le Foetus dans l'Oeuf, & l'on prolonge à volonté la vie des Infectes. Je l'ai déjà remarqué, Page 52.

ON obferve la même chose dans les Plantes. Leurs Parties ligneufes n'offrent d'abord qu'u ne forte de Mucofité: elles deviennent enfuite herbacées; enfin elles acquièrent peu à peu, la confiftence du Bois.

144. 3me. Fait: par quelles caufes & dans quel ordre toutes les Parties de l'Embrion deviennent vifibles, d'invisibles qu'elles é toient auparavant.

Obfervation fur l'Oeuf de la Brebis.

TROISIEME FAIT. L'APROXIMATION graduelle des Eléments, diminuë de plus en plus la

transparence des Parties; & c'eft là une des caufes qui nous les rendent visibles, d'invifi bles qu'elles étoient auparavant:

A la fin du fecond jour de l'Incubation l'on distingue très bien les battemens du Cœur. Les accroiffements du petit Animal në font jamais plus rapides que dans ces premiers jours. Le Coeur avoit donc pouffé le Sang avant qu'on eût pû s'en apercevoir. La tranfparence du Vifcère le déroboit à la vue, & il étoit trop foible pour foulever l'Amnios.

Ce n'eft qu'au fixième jour que le Poumon eft vifible. Alors il a dix centièmes de pouce de longueur. Avec quatre de ces centièmes il auroit été visible, s'il n'eût point été tranf parent.

Le Foye eft plus grand encore lorfqu'il commence à paroître. Si donc il n'eft pas visible plutôt, c'eft uniquement à caufe de fa transpa

rence.

De la transparence muqueufe à la blancheur il n'y a qu'un dégré, & la fimple évaporation fuffit pour le produire. Dans l'Animal vivant la Graiffe eft diaphane; le contact de l'Air l'épaiffit & la rend blanche.

Le blanc eft donc la première couleur de l'Animal; & la tranfparence muqueuse paroît conftituer fon premier état. Les Expériences nombreuses de l'Auteur fur les Quadrupedes & fur les Oifeaux, conftatent cette vérité.

PEN

PENDANT les premiers jours qui fuivent la fécondation, l'Oeuf d'une Brebis paroît ne renfermer qu'une espèce de Lymphe. Il est encore gélatineux le dixfeptième jour. Après ce terme l'on diftingue fort bien le Fœtus enveloppé de fes Membranes. Sa longueur est d'environ trois lignes. Il avoit donc pris un accroiffement confidérable fous la forme de Fluïde, & enfuite fous celle de Gêlée; mais, fa tranfparence ne permettoit pas de lé réconnoître (*).

145. 4me. Fait: Nailfance des couleurs & des
faveurs.
Remarque fur un paffage de Mr. DE HAL-
LER fur la Caufe des couleurs dans les Vé-
gétaux.

QUATRIEME FAIT. LES Vaiffeaux dilatés de plus en plus par l'impulfion du Cœur, admettent des Particules plus groffières, plus hétérogènes, & par là même plus colorantes que les Particules diaphanes. De là les différentes couleurs qui parent fucceffivement l'Animal.

La

chaleur naturelle & celle du climat paroiffent y contribuer auffi. Nôtre Auteur dit à cette occafion , que dans les Végétaux, c'eft la chaleur feule qui colore (†). Mais, il me femble que mes Expériences fur l'Etiolement, prouvent que

(*) Mr. DE HALLER, Hift. de l'Acad. Roy. des Sciences, An. 1753. pag. 134, 135, in 4:0

(†) Page 181.

cette coloration dépend moins de la chaleur que de la lumière. Je renvoye là-deffus aux Articles LXXIX. & cxIII. de mon Livre fur l'Ufage des Feuilles dans les Plantes.

LES couleurs précèdent les faveurs. La Bile eft verte avant que d'être amère. Les Fibres de la Vuë ont plus de fenfibilité que celles du Goût : ou les Particules qui affectent le Goût, diffèrent de celles qui affectent la Vuë, & fe développent plus tard.

146. 5me. Fait: que les Parties de l'Embrion révétent fucceffivement de nouvelles formes, & de nouvelles pofitions, qui aident avec l'opacité à les faire reconnoître.

Ordre de ces changemens & leurs Causes méchaniques.

Que le Poulet eft originairement un Animal à deux Corps & comment.

CINQUIEME FAIT. A' mefure que l'Embrion fe développe, fes Parties révêtent de nouvelles 'formes, & de nouvelles fituations & ces changemens concourent avec l'opacité à faire reconnoître chaque Partie.

Le premier jour, le Fœtus ne reffemble pas mal à un Têtart. Sa Tête eft groffe, & l'Epine dorfale qui eft fort grèle, paroit lui compofer une petite Queue ou un court appendice. Des Membres & des Vifcères fortent enfin de cette petite Queuë, de ce Filet prefqu'invisible, & la Tête en devient à fon tour un appendice.

PENDANT les premiers jours de l'Incubation,

les Inteftins du Poulet font invifibles; mais alors ils font pourvûs d'un appendice énorme, qui tient au petit Animal par un Canal de communication: Le Jaune eft cet appendice, placé ainfi hors du Corps du Poulet. A la fin de l'Incubation ; & fur-tout après la naissance, tout fe montre ici fous une nouvelle face. Les Intestins font devenus grands, le Canal de communication s'eft oblitéré, le Jaune a difparû, & il n'eft plus rien hors du Corps du Poulet qui lui appartienne.

AINSI le Jaune & les Inteftins demeurent à l'extérieur du Poulet prefque jufqu'à la fin de l'Incubation. Dans ces premiers tems, le Poulet paroît donc un Animal à deux Corps. La Tête, le Tronc, & les Extrêmités compofent l'un de ces Corps; le Jaune & fes Dépendances compofent l'autre. Mais, à la fin de l'Incubation, la Membrane ombilicale fe flêtrit; le Jaune & les Inteftins font repouffés dans le Corps du Poulet par l'irritabilité qu'acquièrent les Muscles du Bas- Ventre; & le petit Animal n'a plus qu'un feul Corps.

C'EST par une Méchanique analogue que le Cœur change de place, & fe montre fous fa véritable forme. Il ne paroît d'abord que fous celle d'un demi anneau éloigné des Vertébres, & placé en quelque forte hors de la Poitrine. En prenant de jour en jour plus de confiftance, la Tunique cellulaire retire toutes les Parties du Cœur les unes vers les autres, & les