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à intéreffer la curiofité d'un Phyficien, & lui permettent de fuivre à fon gré le Développement du Germe dans des Oileaux de toute ef pèce. Il ne faut pas même une grande habileté dans l'art d'obferver pour découvrir ce Point vivant; il ne faut que des yeux, & un jour tant foit peu favorable. ARISTOTE l'avoit aper çû le premier: HARVEY lui-même l'avoit auffi obfervé, & après lui bien d'autres Auteurs (a).

LE Point vivant, dit l'Auteur de la Vénus Phyfique, tiroit fon accroiffement d'une Veine qui fe perdoit dans la Liqueur où il nageoit: on ne peut méconnoître ici les rapports qui lient cette Veine aux Vaiffeaux par lefquels le Germe du Poulet reçoit fa nourriture.

LES Parties du Corps, c'eft toûjours nôtre Auteur qui parle, venoient bientôt fe joindre au Point vivant; mais en différent ordre, & en différens tems. Ce n'étoit d'abord qu'un Mucilage divifé en deux petites Maffes, dont l'une formoit la Tete, l'autre le Tronc. C'est encore ainfi que le Poulet fe montre d'abord : il eft mucilagineux, & divifé de même en deux petites Maffes, dont l'une forme la Tête, & l'autre le Tronc. (V. FAIT.) Mais ces Parties ne vont pas fe joindre au Point vivant, il eft aifé de reconnoître qu'elles coëxiftent dès le commencement avec lui.

(a) Mémoires de Mr. DE HALLER fur le Poulet: Exposé dos Faits page 4. & fuivantes.

Tour cet admirable ouvrage, continuë l'Au→ teur, lorsqu'il paroit une fois commencé, s'achève fort promptement. Huit jours après la première apparence du Point vivant, l'Animal eft très avancé. Mais encore un coup, cet ou rage ne fe fait que par Parties: celles du dedans font formées avant celles du debors; les Viscères & Les Inteftins font formés avant que · d'être couverts du Thorax & de l'Abdomen; &c. Les accroiffements du Poulet ne font jamais plus rapides que pendant les premiers jours. Ses Vifcères paroiffent de même fe former fucceffivement, & avant les Parties deftinées à les recouvrir. Le Cœur fe montre le premier fous la forme d'un Point vivant: il eft très visible fur la fin du fecond jour. (III. FAIT.) Autour de ce Point on voit naître fucceffivement tous les Vifcères. Le Foye eft celui dont la formation paroît s'achever le plutôt on le découvre le quatrième jour. L'eftomach, le Poûmon, les Reins s'offrent enfuite le cinquième & le fixième jour. Enfin, les Inteftins apparoiffent le feptième jour; la Véficule du Fiel, le huitième (a). Les Téguments ne femblent. pas exifter encore.

Si l'Auteur de la Vénus Phyfique, toûjours prévenu de l'Epigenéfe, avoit eu à expofer ces Phénomènes, il en auroit fans doute tracé un tableau parfaitement semblable à celui qu'il nous

(a) Mémoires fur le Poulet, Sect. VIII. IX. X. Corollaires mêlés, page 176. 177.

a tracé des Expériences de HARVEY. Il est pourtant des preuves inconteftables que ce ne font là que de fimples phafes, de pures apparences, & que toutes les Parties du Poulet coexiftent à la fois. Dès qu'un Viscère devient vifible, on l'aperçoit en entier. On ne le voit point fe former par un aggrégat de molécules croître par juxta-pofition. Le Poûmon n'eft vifible que lorfqu'il a atteint dix centièmes de longueur : il est démontré qu'il auroit pû l'être avec quatre de ces centièmes feulement. (III. FAIT. S'il ne l'étoit pas, c'étoit donc uniquement à caufe de fa tranfparence; car il n'a pû acquérir tout d'un coup dix centièmes de longueur. Les Reins ne font vifibles que le fixième jour, & cependant ils fourniffoient déjà l'Urine à une Allantoide confidérable dès la fin du troifième jour (a). Des Membranes d'une fineffe & d'une tranfparence parfaites, s'épaif, fiffant peu à peu, forment enfin les Téguments (b) qui, pour me fervir des termes de l'Auteur de la Vénus Phyfique, ne paroissent ajou tés que comme un Toit à l'Edifice.

Je ne poufferai pas plus loin ce parallèle entre les Obfervations de HARVEY & celles de Mr. DE HALLER: les traits de reffemblance que je viens de recueillir font les plus faillants, & fuffifent à mon but.

(a) Mém. fur le Poul. Sect. X. Corollaires mêlés pag, 192. (b) Corol. mêl. pag. 175.,

CHAPITRE X.

Remarques fur les Métamorphofes, fur l'Evolution Jur l'Accroiffement.

159. Uniformité dans la manière dont les Quadrupedes & les Oiseaux fe dévelop pent. Changemens du Poulet comparés aux Métatamorphofes des Infectes.

LES Quadrupedes, comme les Oiseaux, parviennent donc à l'état de perfection par une Evolution, dont les dégrés font plus ou moins fenfibles. Des Organes qui n'existoient point à nôtre égard, existoient par rapport à l'Embrion & s'acquittoient de leurs fonctions effentielles, le terme de leur apparition, eft ce qu'on a pris, par erreur, pour le commencement de leur exif

tence.

LES changements que le Poulet fubit dans r'Oeuf, peuvent être comparés aux Métamorphofes des Infectes. Sous fa première forme le Poulet paroît ne différer pas moins du Poulet parfait, que la Chenille diffère du Papillon, Mais, le Papillon comme le Poulet, parvient à l'état de perfection par une Evolution dont les MALPIGHI, (a) les SWAMMERDAM (b) les REAUMUR, (c) nous ont dévoilés les dégrés,

(a) Differt. Epift. de Bomb.

(b) Hift. Infect. Gen. Bib. Nat.

(c) Mém. pour fervir à l'Hift. des Inf. Tome I. Mém. VIII, & XIV,

160, Apparences trompeufes dans les Métamorphofes des Infectes. Réflexions fur ce fu jet. Le Papillon exiftoit déjà dans la Chenille & comment.

Il ne faut à la Chenille que quelques inftants pour paroître à nos yeux fous la forme de Chryfalide, & l'on fçait que la Chryfalide n'eft que le Papillon lui-même emmaillotté. L'Infecte

paroît donc paffer fubitement de l'état de Chenille à celui de Papillon. Avant qu'on fe fut avifé de foupçonner que tous les Secrets de la Nature n'étoient pas renfermés dans les Anciens, on regardoit le changement fubit de la Chenille en Papillon comme une véritable Mėtamorphofe, dont on fe mettoit peu en peine d'expliquer le comment. Des Hommes qui recevoient fans fcrupule les Générations équivoques, pouvoient ils ne pas admettre les Métamorphofes? Mais, enfin, le tems eft venu où les Naturalistes fe font aperçus qu'ils avoient des yeux pour observer, & des doigts pour difféquer on a donc obfervé & difféqué, & les Métamorphofes ont difparu. On eft alle chercher le Papillon dans la Chenille elle-même, & l'on eft parvenu à l'y découvrir. Sa Trompe, ses Antennes, fes Aîles étoient roulées, contournées, & pliées avec un tel art qu'elles n'oc cupoient qu'une très petite place fous les deux premiers anneaux de la Chenille. Dans les fix premières Jambes de celle-ci, étoient emboî

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