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rien; mais elles aident au Développement de ce qui eft préformé & en augmentent la maf fe. Le Développement & l'Intuffufception fuivent ainfi la Loi de la conftitution primordiale des Parties. Cette conftitution dérive en dernier reffort de la nature, de l'arrangement, & en général de toutes les déterminations des Eléments propres à chaque espèce d'Organes; & ce que je dis des Organes, je puis le dire des Fibres dont ils font compofés. Ce font donc les Eléments des Parties du Germe qui déterminent, dès le commencement, l'union & l'arrangement des nouveaux Eléments que la Nutrition leur affocie. Ce font encore ces Eléments qui déterminent le dégré d'Accroiffement, de confiftence ou d'endurciffement que chaque Partie peut acquérir. (Chap. II. & VI.) Au delà de ces Principes généraux je ne vois que ténèbres plus ou moins épaiffes.

Au refte, en développant ailleurs cette efpèce de Théorie, j'effayerai de montrer, comment un Tout organifé, parvenu à fon parfait Accroiffement, eft un compofé de fes Parties originelles ou élémentaires, & des Matières que la Nutrition leur a affociées: en forte que fi l'on pouvoit extraire ces Matières du Tout, on le concentreroit, pour ainfi dire, en un point, & on le ramèneroit ainfi à fon état primitif de Germe. C'est de la même manière, à peu près, qu'en extraifant d'un Os la fubftance crétacée, qui eft le principe de fa dureté, on le ramène à fon état primitif de Cartilage ou de Membrane.

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Que les Obfervations fur la Formation du Poulet achèvent de détruire le Syftème des Molécules organiques. Faits qui concernent les Graînes & les Boutons, ainfi que les Greffes & les Boutures foit végétales, soit animales, & la Multiplication par Rejettons, celle par Divifion naturelle.

171. Que tous les Faits expofés dans les Chapitres précédens, établiffent l'Evolution comme une Loi de la Nature.

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Je viens de mettre fous les yeux de mes Lecteurs bien des Faits intéreffants, qui femblent fe réunir pour faire de l'Evolution une Loi générale du Système organique. Cette Loi fuppofe manifeftement la préexistence des Germes rien ne peut fe développer qui n'ait été préformé. L'Animal végète comme la Plante. Mais l'Evolution n'exclut point par elle-même l'Epipigénéfe. L'Animal formé par juxta-pofition du concours des deux femences, fubiroit enfuite la Loi du Développement. Il falloit donc démontrer que l'Animal existe dans l'Oeuf indépendamment du concours des Sexes; & c'eft ce que les Obfervations de Mr. DE HALLER ont

mis dans une pleine évidence.

172. Qu'il n'eft donc point de véritable Génération dans la Nature.

JE fuis donc ramené plus fortement que jamais au grand Principe dont je fuis parti en commençant cet Ouvrage; c'eft qu'il n'eft point dans la Nature de véritable Génération; mais nous nommons improprement Génération le commencement d'un Développement qui nous rend visible ce que nous ne pouvions auparavant apercevoir. Les Reins nous paroiffent engendrés au moment qu'ils tombent fous nos fens; ils féparoient pourtant l'Urine lorfque nous ne nous doutions pas le moins du monde de leur existence. (VI. FAIT.) Ce qui eft vrai d'un Organe, l'eft de l'Animal qui réfulte de l'affemblage de tous les Organes. Ne jugeons donc pas du tems où les Etres organifés ont commencé à exifter, par celui où ils ont commencé à nous devenir visibles, & ne renfer mons pas la Nature dans les limites étroites de nos Sens & de nos Inftruments.

173. Oppofition des Découvertes fur le Poulet avec les Systèmes qui les avoient pré

cédés.

LES Phyficiens qui ont crû qu'il n'y a point de Germe dans les Oeufs inféconds, ont pris une idée favorite pour la règle des chofes. Ils

voyoient des Animalcules dans la Semence des Mâles, & ils en concluoient que ces Animalcules étoient destinés à s'introduire dans les Oeufs & à y devenir le principe de la Génération.

CEUX qui ont rejetté les Oeufs & retenu les Animalcules, ont voulu qu'il y eut dans la Matrice un lieu affigné où ils fe fixoient & fe développoient.

L'EXAMEN d'un Oeuf de Poule a fuffi pour renverfer ces hypothèses fameufes, foutenues avec tant de chaleur par d'habiles Gens.

174, Réflexions fur les Anciens à l'occafion de leur opinion fur le mélange des deux Semences. De quelques opinions modernes peu philofophiques fur l'origine des Etres organifés.

LES Anciens penfoient que le Fœtus résultoit du mêlange des deux Semences, & cette idée vient fi naturellement à l'efprit, que ce n'étoit pas la peine de leur en faire un mérite. L'Auteur de la Venus Phyfique, qui s'eft plû à réchauffer cette opinion, loue pourtant à ce fujet les Anciens. Lors, dit-il, (a) que nous croyons que les Anciens ne font demeurés dans telle ou telle opinion, que parce ,, qu'ils n'avoient pas été auffi loin que nous, nous devrions peut-être plutôt penfer que c'eft parce qu'ils avoient été plus loin; &

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(a) Chap. XVI. page 97.

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,, que des expériences que nous n'avons pas encore faites, leur avoient fait fentir l'infuffifance des Systèmes dont nous nous con"9 tentons.

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J'ADMETTRAI fi l'on veut que les Anciens ont vû tout ce qu'ils pouvoient voir: la Nature leur avoit fait d'auffi bons yeux qu'à nous, mais elle ne les avoit pas armés d'un Verre. Ils aperçevoient le Point fautillant, & ils ne pouvoient en démèler les Phafes. Ils ont voulu faire à force de Génie ce que les Modernes ont exécuté à force de méthode & d'inftruments. Les Anciens ont été loin; ils auroient été plus loin encore fi, fans avoir nos inftruments, ils avoient eu feulement nos méthodes, & ce font ces méthodes qui diftinguent le plus nôtre Siècle. Les erreurs de l'Antiquité n'ont pas dequoi nous furprendre; elles étoient l'appanage de la primo-géniture. Mais, ce qui doit nous étonner, c'est de voir des Phyficiens qui, dans un Siècle auffi éclairé que le nôtre, fe reffaififfent de ces erreurs, & déployent toute la force de leur génie pour nous perfuader qu'un Animal fe forme comme un Cristal, & qu'un amas de Farine fe convertit en Anguilles. On a rappellé les Qualités occultes que la bonne Philofophie avoit bannies de la Physique. On a eu recours à des Instincts, à des Forces de rapports, à des Affinités chymiques, (a) à des Molécu les organiques qui ne font ni Végétal ni Ani

(a) Venus Phyfique; Chap. XVII. XVIII. XIX.

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