203. Autre Exemple de Greffes animales: Nous avons un autre exemple de Greffe animale dont je dirai un mot. Après avoir coupé la Crête à un jeune Coq, on lui fubftituë un de fes Ergots. Il s'y greffe, & devient une Corne de plufieurs pouces de longueur. Cette Corne tombe enfuite naturellement en tout ou en partie, & fe réproduit. Le méchanifine de cette chute & de cette réproduction est très fimple. La Corne eft compofée de plufieurs Cornets emboités les uns dans les autres & qui s'endurciffent fucceffivement. Les Cornets extérieurs s'endurciffent les premiers; & l'endurciffement commence toûjours à la pointe de la Corne. Celle-ci eft déjà offeufe, tandis que la baze est encore cartilagineufe. Lorfque les Cornets les plus extérieurs ont achevé de s'endurcir, ils ne peuvent plus céder à l'impulfion de ceux qui font au deffous, & qui tendent à les. prolonger en tout fens. Ils fe détachent & tombent, & une nouvelle Corne prend la place de l'ancienne (a). 204. Refutation de l'opinion fingulière de VALLISNIERI fur la Formation du Tœnia ou Solitaire. AVANT que l'expérience eut appris qu'un Animal pouvoit être greffé comme une Plante, (a) Mr. DUHAMEL: Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, années 1746, 1751. l'on avoit imaginé que le Tonia étoit formé d'une fuite de Vers qui fe greffoient en quelque forte les uns aux autres. VALLISNIERI cet excellent Obfervateur, qui a tant enrichi l'Hiftoire Naturelle, a accrédité le premier cette étrange opinion, & fon autorité a entrainé des fuffrages illuftres. J'ai ofé le réfuter dans une Differtation que L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES a publiée dans le 1er. Volume des Sçavants Etrangers, & qui devoit composer la 3me. Partie de mon Infectologie. J'ai fuivi cet Auteur pas à pas, & j'ai fait voir ce qui lui en avoit impofé. Il y a lieu de s'étonner que cet habile Naturaliste fe foit contenté d'arguments auffi foibles que ceux fur lefquels il appuye fon fentiment. Ils peuvent tous fe reduire à ces trois. 1o. Les Anneaux du Tania après avoir été féparés les uns des autres lui ont parû capables des mêmes mouvemens que les Vers fans Jambes ont coutume de fe donner. 2o. Il croit avoir découvert à l'extrémité antérieure de ces Anneaux deux espèces de Crochets, lefquels vont s'infèrer dans deux petites foffes qu'on obferve à l'extrémité poftérieure de l'Anneau qui précède. 3°. Il n'a pû appercevoir de Vaiffeau continu d'un bout à l'autre du Tœnia. On peut voir dans ma Differtation (4) (a) Differtation fur le Ver nommé en Latin Tonia, & en Fran. çois Solitaire, ou après avoir parlé du nouveau Secret pour l'expulfer des Inteftins dans lefquels il eft logé, qui a eu d'beureux Juccès, l'on donne quelques Obfervations fur cet Infecte. Quest. IV. Mém. de Math. & de Phyf. préfentés à l'Académie Royale des Sciences par divers Sçavants &c. pages 513. & fuivantes la difcuffion de chacun de ces arguments. Je me contenterai de rappeller ici, 1°. Que les Membres de quantité d'Infectes confervent après avoir été féparés de l'Animal, les mêmes mouvemens qu'ils avoient avant que d'en être féparés. 2°. Que ces prétendus Crochets ne font que des appendices charnus incapables des fonctions que l'Auteur leur affigne. 3°. Que l'on a injecté les Vaiffeaux du Tœnia, & que l'injection a paffé fans interruption d'un Anneau à un autre. Mais, ce qui achève de diffiper les doutes fur l'unité du Tonia, c'eft la découverte que j'ai faite de fa Tête. L'on fait combien l'existence de cette Tête a excité de difputes parmi les Naturalistes. J'ai prouvé qu'elle eft garnie de quatre Mamelons ou Sucçoirs, dont j'ai décrit la forme, & qui font placés à l'extrémité de ce fil délié qui compofe la Partie antérieure de l'Infecte (a). Ce Fil eft formé d'une fuite de petits Anneaux, qui augmentent de grandeur par dégrés, à mesure qu'ils s'éloignent du bout antérieur. Or, fi le premier Anneau du Toenia a des Parties qu'on ne trouve point aux autres Anneaux ; fi ces Parties font propres par leur ftructure à faire l'office de Bouche, comment fe refufer à la conféquence naturelle qui en résulte, que le Tœnia eft, comme tous les Vers que nous connoiffons, un feul & unique Animal? Le jugement de Mr. DE REAUMUR eft d'un fi grand poids dans cette matière, que je ne puis me (a) Ibid. Addition, pag. 495, & 496. difpenfer de le tranferire ici. Je le tire d'une Lettre qu'il me fit l'honneur de m'écrire le 17. Août 1747, dont voici l'extrait. L'obfervation que vous n'aviez pas encore faite, lors que vous écriviez fur la 4. Question, & que vous avez ajoutée à votre Lettre, décide cette Queftion mieux que tous les bons raifonnemens par lefquels vous réfutez le fentiment de VALLISNIERI. Dès que le dernier Anneau d'un des bouts a des Parties qui ne fe trouvent pas aux autres Anneaux &que ces Parties font faites comme celles qui font deftinées à fuccer, il eft bien démontré que cette longue chaîne n'eft pas faite d'une fuite d'Anneaux femblables; & dès que le dernier de la Chaîne a feul les Parties propres à fuccer, il n'est pas moins démontré que ce dernier Anneau eft chargé de nourrir tous les autres, & qu'il eft la Tête. Mais, quand je dis que le Tania n'eft point formé d'une fuite de Vers, je ne prétends point que fes Anneaux féparés les uns des autres, & rappro chés fur le champ, ne puiffent fe réunir, com me il arrive aux Portions d'un Polype. J'ai montré dans ma Differtation, Question V., qu'il• eft très probable que le Tonia repouffe après avoir été rompu: il pourroit donc reffembler encore au Polype par une autre propriété, par celle de pouvoir être greffé. Mr. DE REAUMUR paroît porté à le foupçonner : c'eft au moins ce qu'il m'eft permis d'inférer d'un autre endroit de fa Lettre. Il me femble, dit-il, qu'on ne peut guères nier que les Vers Cucurbi 1 tains ne s'attachent quelquefois les uns aux autres; je crois avoir lú fur cela des Obfervations que je n'oferois croire fauffes; mais pour les croire vrayes, je voudrois les tenir de vous. Vous ne vous feriez pas contenté de conftater le fait, vous auriez examiné comment ces Vers s'uniffent, & fi c'eft avec une régularité, qui puisfe donner les apparences d'un Ver compofe de plufieurs Anneaux, s'il n'y a pas des irrégularités qui décèlent la jonction faite pour ainfi dire par art. J'ajouterai cependant, qu'il me paroît très difficile que la Greffe dont il s'agit, puiffe s'opérer dans un lieu tel que les Inteftins, où les mouvements font presque continuels, & les obftacles à la réunion .fi multipliés. Mr. TREMBLEY a remarqué que fi les Portions du Polype qu'on veut réunir, ne fe touchent pas exactement, & ne font pas dans un repos parfait, leur réunion ne fe fait point. 205. Polypes retournés & déretournés. Phenomènes remarquables qui fuivent les déretournemens incomplets. JE fuis las de raconter des prodiges. Les Polypes à Bras en ont un autre à nous offrir dont nous n'avions encore aucun exemple ni dans le Règne végétal, ni dans le Règne animal. Ils peuvent être retournés comme un Gand; & ce qui est vrai fans être vraisemblable, les Polypes ainfi retournés, mangent, croîffent & multiplient comme s'ils n'avoient point été retournés. Cette opération qui ne pouvoit être ima |