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un paffage de l'Hiftoire de l'Académie Royale des Sciences de Pruffe, pour l'année 1745. Dans ce paffage le célèbre Hiftoriographe de cette fçavante Compagnie, Mr. FORMEY, entreprend de prouver que la dévouvèrte des Infectes qu'on multiplie de Bouture, n'eft pas auffi nouvelle qu'elle l'avoit paru.,, Je remarquerai dit-il (a), ,, que quelque étonnante que foit la découverte des Polypes, elle n'eft pourtant pas auffi ,, nouvelle qu'elle l'a paru. Il y a là-deffus quel,, que chofe de bien fingulier & de bien mar,, qué dans le petit Traité de la Connoiffance des Bétes (b) que le Père Pardies publia vers la fin du Siècle paffé. Je vais en transcrire un paffage auquel je fuis furpris qu'on n'ait pas fait plus d'attention. Confidérons ,, un de ces petits Animaux à plufieurs pieds, femblable à celui dont parle ST. AUGUSTIN au Livre de la Quantité de l'Ame. Ce Saint Docteur raconte qu'un de fes Amis prit un de ces Animaux, qu'il le mit fur une table, &qu'il le coupa en deux, & qu'en même temps ces deux Parties ainfi coupées fe mirent à marcher & à fuir fort vite, l'une d'un côté, & l'autre de l'autre... Fai fait fouvent une femblable expérience avec bien du plaifir; & Ariftote dit que cela arrive à la plupart des Infectes longs à plufieurs pieds; & même il dit dans un autre endroit, qu'il arrive à peu près à de certains Animaux ce que nous

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(a) Hift. de l'Acad. de Pruf. 1745. page 84. (b) Page 48. de l'Edition de la Haye.

,, voyons dans les Arbres: car comme en prenant un Rejetton & le transplantant, nous le voy

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ons vivre, & de partie d'Arbre qu'il étoit ,, auparavant, devenir lui-même un Arbre particulier auffi dit ce Philofophe, EN COUPANT UN DE CES ANIMAUX, LES PIECES QUI AUPARAVANT NE FAISOIENT ENSEMBLE QU'UN ANIMAL, DEVIENNENT ENSUITE AUTANT D'ANI MAUX SEPARE'S. ST. AUGUSTIN dit que cette expérience le ravit en admiration, & qu'il demeura quelque temps, fans favoir que pen,, fer de la nature de l'Ame,

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C'est ainfi qu'on a tous les jours occafion de fe convaincre de la maxime du Sage, ,, qu'il n'y a rien de nouveau fous le foleil".

JE ferai remarquer à mon tour à Mr. For MEY, que la découverte dont il eft question, ne confiftoit pas à prouver que des Portions de Vers de terre de Millepiés, &c. confervoient la vie & le mouvement après avoir été féparées de l'Animal. Les Enfans ont feu cela de tout temps. Mais il s'agiffoit de démontrer par des expériences bien faites, que chaque portion acquèroit ce qui lui manquoit pour être un Infecte parfait, qu'elle pouffoit une Tête, des Bras, une Queue, &c. qu'il s'y développoit de nouveaux Viscères, un nouveau Cœur, un nouvel Eftomach, &c. & voilà ce qu'ARISTOTE, St. AUGUSTIN & le P. PARDIES n'ont pas vû, & n'ont pas même cherché à voir. Ils n'ont parlé que d'un petit Fait, très

remarquable à la vérité, & qui étoit fous les `yeux de tout le monde; & quand ARISTOTE conclud de ce Fait, que certains Infectes mul tiplient de Bouture, à la manière des Plantes, fa conclufion eft hazardée, puis qu'elle ne repofe fur aucune preuve: car quelle conféquence tirer de la confervation de la vie & du mouvement dans les Portions de l'Infecte divifé, à la réproduction, d'une Tête, d'un Cerveau, d'un Cœur? &c. Une Guêpe partagée par le milieu du Corps, continue à marcher, & fon Ventre darde l'Aiguillon comme le feroit la Guêpe elle-même. Seroit on bien fondé à en conclurre que la Guêpe multiplie de Bouture? la conclufion feroit très fauffe.

LA maxime du Sage ne trouve donc pas ici fon aplication, Le Retournement & la Greffe des Polypes n'ont-ils pas été quelque chofe de nouveau fous le foleil? Et combien de merveilles inconnuës au Sage & aux Anciens, que nos Inftrumens & nos méthodes nous ont dévoilées! En rendant juftice aux Anciens faut éviter de faire tort aux Modernes.

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CHAPITRE

XII.

Réflexions fur la Découverte des Polypes, fur l'Echelle des Etres Naturels & fur les Règles prétendues générales.

Expofition abrégée de divers Faits con cernans les Végétaux,

à cette occafion de l'Analogie des Arbres & des Os. Effai d'explication de ces Faits.

208. Que nous fommes mieux places pour expliquer les merveilles des Polypes, qu'on ne l'étoit au tems de leur Découverte. Réflexions fur les Caufes qui ont retardé cette Découverte.

A' préfent que nous fommes un peu revenus de l'excès d'admiration dans lequel les Polypes nous avoient jettés, & que nous fommes en état de comparer des Faits de tout genre; nous pouvons commencer à raifonner fur la Génération & fur la Réproduction de ces Infectes.

TANDIS que les Naturalistes n'ont eu dans la Tête que les Modèles des Animaux les plus connus ils ne pouvoient foupçonner qu'il eut

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été accordé à l'Animal de fe multiplier par des voyes qui avoient toûjours paru propres au Végétal. Il étoit cependant des Faits bien conftatés qui invitoient à faire en ce genre des expériences nouvelles. On avoit vû cent & cent fois des Vers de terre, des Millepiés, &c. dont les Portions féparées continuoient de vivre & de fe mouvoir. Il étoit fans doute très naturel de chercher à découvrir ce que devenoient ces Portions, & fi elles réproduifoient Efpèce. Mais, quand on connoit la force des préjugés, on n'eft pas étonné que depuis ARISTOTE jufqu'à Mr. TREMBLEY, perfonne n'ait tenté une Expérience fi facile. Les Anciens & les Modernes connoiffoient pourtant des Animaux, qui s'éloignent beaucoup des autes par leur manière de croître, je veux parler des Infectes qui fe métamorphofent. Il étoit çe femble, très fimple d'en tirer cette conféquence, qu'il ne falloit pas juger de tous les Animaux par ceux qui étoient les plus connus; & cette conféquence devoit conduire à abandonner ici l'Analogie pour fe livrer à l'Expérience. C'est néanmoins ce qui n'est point arrivé. L'idée d'un Animal qui renaît de Bouture, étoit pour tous les Phyficiens une forte de contradiction, & l'on ne s'avife pas de combattre une contradiction par des Expériences. Mais, les préjugés & les erreurs mêmes font quelquefois utiles. Le préjugé fur l'impoffibilité de la multiplication d'un Animal par Bouture, qui fem, bloit n'être propre qu'à nous éloigner toûjours

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