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père feul. Les Fibres qui en fe développant recouvrent peu à peu le Bois, tendent à fe prolonger de haut en bas. Elles reffemblent

d'abord à une fubftance mucilagineufe: elles deviennent enfuite herbacées, & enfin corticales, ou ligneufes, comme je l'ai dit ailleurs. (Article 169.) On a vû ci-deffus (a) (VI. FAIT.) qu'au commencement de l'Incubation les Vifcères du Poulet font prefque fluïdes, & que cette forte de fluïdité qui n'eft qu'apparente, cache une véritable Organisation. Une Expérience démontre qu'il en eft de même de l'état de mucilage que les Fibres des Arbres paroiffent d'abord révêtir. Si l'on remplit d'Eau le tuyau de Cristal dans lequel on renferme la Playe, le mucilage ne s'y diffoudra point, & la Playe fe cicatrifera. Ce mucilage n'eft donc qu'apparent, & il eft effentiellement organifé (b).

217. Expérience qui conflate la production d'un nouveau Bois.

Nous venons de voir que le Bois peut dans certaines circonftances produire une nouvelle Ecorce; l'Ecorce peut auffi dans certaines circonftances produire un nouveau Bois. Si l'on applique fur le Bois mis à découvert une Feuille de Papier ou d'Etain, & qu'on remette fur le champ en place le morceau d'Ecorce qu'on

(a) Article 147.

(b) Phyf. des Arbr. Liv. W. Chap. III. Art. II. §. VII

avoit détaché, il fe greffera aux Parties voifines par le prolongement réciproque des Fibres latérales, & au bout de quelques tems l'on trouvera la Feuille de Papier recouverte d'une nouvelle couche ligneufe (a).

218. Que le Bois parfait eft incapable de faire de nouvelles productions.

Ordre & progrès de l'endurciffement dans les différentes couches,

MAIS, quand on dit que le Bois peut faire des productions, cela ne doit s'entendre que du Bois encore imparfait, ou qui n'a pas acheyé de s'endurcir. Car comme la Fibre animale devenue offeufe ne s'étend plus, de même auffi la Fibre végétale devenue ligneuse n'est plus fufceptible d'accroiffement. J'ai infifté làdeffus dans le Chapitre X, J'y ai fait remarquer qu'un Arbre eft un compofé d'un nombre prefque infini de petits cônes infcripts les uns dans les autres. En effet, on voit à l'œil que le Tronc & les Branches font des cônes très allongés. Les cônes les plus intérieurs s'endurciffent les premiers &c. Ainfi il y a à la baze & au centre d'un Arbre de cent ans un cône ligneux de cent ans; tandis qu'à l'extrêmité de la Tige & des Branches il n'y a que des cônes d'un an. Il faut donc fe représenter chaque cône ligneux, ou destiné à devenir li(a) Ibid.

gneux, comme formé lui-même d'un grand nombre de lames infiniment minces, dont les unes font déjà endurcies, & dont les autres font encore capables de faire des productions.

QUAND on dit que l'Ecorce peut produire du nouveau Bois, cela ne doit non plus s'entendre que de la Partie de l'Ecorce qui eft la plus intérieure, ou la plus voifine du Bois. Si l'on enlève une lame d'Ecorce qui n'aît que peu d'épaiffeur, ce qui fe reproduira à la place ne fera que de l'Ecorce.

219. L'Aubier, fa nature & fes fonctions.

L'AUBIER cette fubftance blanche placée entre la vraye Ecorce & le vrai Bois, eft un Bois imparfait, ou qui n'a pas encore acquis le dégré de confiftence propre au Bois parfait. On pourroit comparer l'Aubier au Cartilage qui doit devenir Os c'eft un état mitoyen par lequel paffe le Bois en fortant de celui d'Ecorce pour arriver à fon état de perfection. La durée de cet état mitoyen eft proportionnelle à la vigueur du fujet elle eft d'autant plus courte qu'il eft plus vigoureux. L'épaiffeur & le nombre des couches de l'Aubier obfervent la même proportion: elles font d'autant plus épaiffes & d'autant moins nombreuses que le fujet a plus de vigueur. La plus grande épaiffeur des couches de l'Aubier réfulte donc du plus grand accroiffement de chaque lame la diminution du nombre des couches réfulte de la promptitude

avec laquelle les lames fe convertiffent en Bois (a).

Si l'on regarde les couches les plus extérieures de l'Aubier comme faifant partie de l'Ecorce, il fera vrai de dire que cette partie de l'Ecorce peut devenir du véritable Bois. Mais c'est un fait certain que les couches corticales qui ne tiennent point à l'Aubier ne fe convertiffent jamais en Bois. Si donc l'on enlève quelques-unes de ces couches, la Playe fe cicatrifera par la production de nouvelles couches purement corticales (b).

220. Différences caractéristiques entre la ftructure du Bois & celle de l'Ecorce.

Qu'il n'eft point de véritable converfion de PEcorce en Bois. Raifons de cette affertion. Solution d'une difficulté de Mr. Du

HAMEL.

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Ce n'est pas feulement par fa denfité & par fa dureté que le Bois diffère de l'Ecorce; il en diffère encore par des caractères plus effentiels il a des Organes qu'on n'a point trouvé jufqu'ici dans l'Ecorce. On fait que les Trachées des Plantes font des tuyaux formés d'une lame élastique tournée en fpirale à la manière d'un Reffort à Boudin; la conformité parfaite de ces Trachées avec celles des Infectes, fuppofe dans les unes & dans les autres les

(a) Phyf. des Arb. Liv. I. Chap. III. Art. VI. (b) Ibid. Liv. IV. Chap. III. §. VIII.

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mêmes fonctions. Or, il n'y a que les cou ches ligneufes, ou appellées à le devenir, qui poffèdent des Trachées, L'Aubier a donc des Trachées, & l'Eçorce proprement dite n'en a point. Enfin, le Bois a des fonctions qui lui font propres, & ces fonctions dépendent de l'action de Vaiffeaux dont l'Ecorce eft dépourvuë. J'ai prouvé fort au long dans le dernier Mémoire de mon Livre fur l'Ufage des Feuilles dans les Plantes, que la Séve ne s'élève que par les Fibres ligneufes. Elles font donc les canaux destinés à porter le fuc nourricier à toutes les Parties; & fi je n'ai jamais vû ce fuc monter par l'Ecorce, c'eft une preuve qu'elle eft dépourvuë de ces canaux. Il y a plus ; quand j'ai dépouillé des Branches de leur Ecorce, les Liqueurs colorées n'ont pas laiffé de s'y élever avec la même rapidité que dans les Branches garnies de leur Ecorce (a). Ainfi comme le changement de la Chenille en Papil lon n'eft point une véritable métamorphofe (b), le changement de l'Ecorce en Bois n'eft point non plus une véritable converfion. Le Bois eft effentiellement dans fon origine ce qu'il fera toûjours, & il n'eft pas moins Bois quand il fe montre à nous fous l'apparence trompeufe d'un mucilage, que lors qu'il réfifte au tranchant de la hâche ou qu'il porte les plus grands fardeaux. Si donc l'Ecorce paroit dans certaines

(a) Recherches fur l'Ufage des Feuilles dans les Plantes; Art, XC. (b) Voyez ci-deffus page 151, 152.

f

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