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fervera que les anciennes Fibres ligneufes, celles qui exiftoient avant qu'on fit la ligature, auront confervé leur direction naturelle; je veux dire, qu'on les trouvera parallèles à l'axe de la Tige ou de la Branche; tandis que les nouvelles Fibres, celles que la Séve defcen, dante aura fait développer, n'auront, au contraire aucune direction conftante. On remarquera çà & là dans la Bulbe des Noeuds qui tendront ou à un Mammelon, ou à une Radicule. Chaque Mammelon fera formé d'un très petit cône ligneux, recouvert d'une Ecorce, qui, en fe prolongeant, auroit produit une. Radigule (a)ì

Si l'on coupe la Branche au-deffous du Bourlet, & qu'on la plante en terre après que le Bourlet aura commencé à produire des Radicules, elle y deviendra un Arbre, & c'eft là une manière très fimple & très fure de faire reprendre de Bouture toutes fortes d'Arbres. De plufieurs Branches d'Orme, égales & femblables qu'on aura plantées en terre, il n'y aura que celles qui auront êté pourvuës du Bourlet qui reprendront (b).

LE Bourlet eft donc une préparation néceffaire à la Germination des Radicules. Cette marche eft fi effentiellement celle de la Nature, que fi l'on plante des Boutures fans

(a) Phyfique des Arbres, Liv. IV. chap. V. Art. I. pag. 110; i & fuivantes de la 2de Partie. (b) Ibid. pag. 111.

préparation, & qu'on les arrache lors qu'elles auront commencé à reprendre, l'on verra que toutes les Racines partiront d'un Bourlet (a).

SOUVENT la Nature ne fe mettra pas en nouveaux fraix pour la production du Bourlet. La Tumeur naturelle qui fert de fupport à un Bouton, de petites excroiffances accidentelles ou inégalités de l'Ecorce, tiendront lieu du Bourlet (b).

C'EST donc un moyen d'affurer la reprise des Boutures que de faire enforte que leur bout inférieur, le bout qui doit être mis en terre, foit fort chargé de Tumeurs ou de Bourlets.

228. Expériences de l'Auteur fur la Végétation des Boutures.

PLUSIEURS années avant que j'euffe eû connoiffance des belles Expériences de M. DuHAMEL fur la Végétation des Boutures, j'en avois fait quelques-unes dans les mêmes vuës que ce célèbre Académicien. Je les ai rapportées dans mon fecond Mémoire fur la Vegétation des Plantes dans différentes matières & principalement dans la Mouffe, que l'ACA DEMIE ROYALE DES SCIENCES a publié. (c). J'avois aperçû les tubercules ou Bourlets, & voici comment je les avois décrits. Je me

(a) Ibid. pag. 112.

(b) Ibid. pag. 114.

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(c) Mémoires de Mathématique & de Phyfique préfentés ↳ Académie par divers Sçavants, & lus dans fes Affemblées. Tom, I, 1750. in 4to, pages 442. & fuivantes.

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propofois en 1746, d'examiner l'état de la: partie inférieure des Boutures, ce qui me ,, paroiffoit digné d'attention. Je découvris à leur bout, à la furface faite par la fection, de petits tubercules blanchâtres, d'inégale ,, groffeur, & dont le plus gros approchoit de celle d'une lentille; ils fortoient de l'é,, paiffeur de l'Ecorce, & formoient autour du Bois placé au centre, une efpèce de couronne qui dans une des Boutures étoit ,, complette, mais qui dans les autres ne l'étoit qu'en partie: ces tubercules étoient fort délicats, pour peu qu'on les preffât avec ,, l'ongle, on les détachoit; leur forme varioit autant que leur groffeur, mais en général elle fe raprochoit de celle de Boutons ,, plus ou moins arrondis. Je penfai que

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ces tubercules faifoient dans ces Boutures l'office de Racines (a). J'étois bien près de la découverte de Mr. DUHAMEL.

229. Remarques fur la Sève defcendante
caufe de la production des Bourlets.
Que cette Sève defcend par une force qui lui
eft propre.

Nous ignorons ce qui conftitue la vie dans les Plantes, ou pour m'exprimer en d'autres termes, nous ignorons quelle eft la Puiffance qui élève la Séve. Nous connoiffons seulement quelques caufes particulières qui peuvent aug

(a) Ibid. pag. 444

menter ou diminuer fon mouvement: mais nous favons très bien, que cette Puiffance n'eft pas celle qui élève l'Eau dans une Eponge (a). Si l'on prétendoit connoitre mieux la caufe qui fait defcendre la Séve, fi l'on affirmoit que cette cause eft la pefanteur, on fe tromperoit. Nous avons vû naître un Bourlet au-deffùs d'une ligature; & nous avons été en droit d'en conclure, qu'il étoit produit par la Séve defcendante. Si cette Séve defcendoit uniquement par fon propre poids, il ne devroit point fe former de Bourlet dans une Branche tenuë renverfée, & fur laquelle on auroit pratiqué une incifion ou une ligature. Or il arrive précisé ment le contraire, il fe forme un Bourlet, placé comme à l'ordinaire du côté de l'extrêmité de la Branche, & qui ne diffère point du tout de ceux qui naiffent fur les Branches qu'on laiffe dans leur fituation naturelle. La defcente de la Séve, comme fon afcenfion, eft donc l'effet d'une Force expreffe (b).

230. Effet des deux Bourlets qui naissent au-deffus & au-deffous de la Playe.

TOUT Concourt à établir que la Séve defcendante est destinée au développement & à la nourriture des Racines, & que fi cette Séve eft interceptée par une incifion ou par une li gature, elle produit un Bourlet qui peut don

(a) Voyez les Articles 168. & 169.

(b) Phyf. des Arb. Liv. IV. Chap. V. Art. I. pag. 108.

ner naiffance à des Racines. Quand un Arbre a plufieurs plans del Racines placés les uns audeffus des autres, les Racines du plan supérieur font toujours les plus groffes. Et comme les Branches font nourries au contraire par la Séve afcendante, celles du plan inférieur font toujours les plus confidérables. Si donc il naiffoit un Bourlet au-deffous de l'incifion ou de la ligature, ce Bourlet tendroit à produire des Bourgeons, comme le Bourlet fupérieur tend à produire des Racines. Il naît en effet un Bourlet au-deffous de l'incifion; mais il eft conftamment plus petit que l'autre. Si l'on entretient autour de lui une humidité convenable, il en fortira bientôt. de petits Bourgeons (a).

231. Expériences qui prouvent que ces deux Bourlets font de même nature.

Arbres plantés les Racines en enbaut & qui reprennent.

Ne nous preffons pas néanmoins d'inférer de ces Expériences, que les deux Bourlets diffèrent effentiellement. L'Expérience elle-même nous conduit à penfer qu'ils font de même nature. Si l'on étête un Arbre, & qu'on ait foin de le dépouiller de tous fes Rejettons, il fortira d'entre le Bois & l'Ecorce un gros Bourlet, qui donnera naiflance à de petits Bourgeons.

(a) Ibid. pag. 113. 125.

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