velles couches qui fe développent dans l'un & dans l'autre, s'uniffent en différents points, & l'on voit celles du Sujet s'incliner vers celles de la Greffe. A mefure que l'union se fortifie par le développement de ces couches & par l'endurciffement qu'elles contractent peu à peu, il fe forme un Bourlet fur l'infertion, qui tend à recouvrir la Playe. Ce Bourlet a la même origine que celui que nous avons vû fe former au-deffus des incifions ou des ligatures; il eft produit par la Séve qui defcend de la Greffe dans le Sujet. Et ce qui ne laiffe pas lieu d'en douter, c'est que fi on le recouvre de terre, il produira des Racines de même nature que celles de l'Arbre dont la Greffe aura été tirée, & fices Racines viennent à pouffer des Rejettons, ils porteront tous les caractères de la Greffe, & non ceux du Sujet, Dans ce cas, la Greffe ceffera de l'être, & deviendra une Bouture (a).

Je crois avoir démontré ci- deffus, Art. 183., que le Bourlet dont je parle, n'eft pas un Filtre ou une Glande végétale, comme l'ont penfé quelques Phyficiens,

LA Greffe en écuffon offre les mêmes particularités effentielles que celle en fente. Il fort des bords de l'écuffon une fubftance femblable à celle que j'ai décrite, qui forme tout-au-tour des points d'adhérence avec le Sujet, en forte que l'écuffon paroit coufû à celui-ci. Il fe dé

(a) Phyfique des Arbres Liv. IV. Chap. IV. Art. VI. 2de. Partie, page 8o. & fuivantes. Chap. V. Art. I. pag. 199.

veloppe enfuite fur la furface intérieure de l'écuffon un feuillet ligneux qui acquiert de jour en jour plus d'épaiffeur, & qui s'unit par différens points au Sujet, dont les productions concourent auffi à cette union (a)..

LA Greffe en couronne & celle en fiflet ou en flute, ne font que des modifications de la Greffe en fente & de celle en écuffon. La Greffe par aproche tient de l'une & de l'autre, & c'est partout le même principe d'union & de régéné ration.

ON execute des Greffes qu'on pourroit nommer corticales, parce qu'elles confiftent dans la fimple union de deux morceaux d'Ecorce; foit qu'on les détache de leurs Sujets; foit qu'on greffe par aproche en n'entamant que les Écorces. Dans l'un & l'autre cas, l'union s'opèrera par le développement de petites Veines herbacées qui naîtront des deux Ecorces (b)

*COMME le Bois une fois formé ne croît plus, de mêine auffi l'Ecorce une fois formée eft incapable de faire de nouvelles productions. Les régénérations de toute efpèce ne s'opèrent que dans les couches corticales ou ligneufes qui n'ont pas achevé de fe développer (c).

•·236. Ellai d'explication de la régénération des

291

(a) Ibid., Chap. IV. Art. VI.

(b) Ibid. page 84. (c)Ibid.

Playes végétales. Reffources ménagées de loin par la Nature,

J'AI raffemblé affés de Faits, & de Faits certains fur les Végétaux & fur leurs productions diverfes: il s'agit maintenant de tirer de la comparaifon de tous ces Faits, une explication rai fonnable.

f

ON a vu que le Corps d'un Arbre est un compofe d'un nombre indéfini de cônes très allongés, infcripts les uns dans les autres (a). Cette compofition s'obferve jufques dans les plus petits Rameaux. Chaque cône n'eft pas fimple: il eft lui-même formé de lames très minces appliquéés les unes fur les autres. Dans leur première origine, tous ces cônes étoient gélatineux ou prefque fluïdes: j'ai montré com ment ils s'endurciffent peu à peu, & quelles font les Loix qui préfident à cet endurciffement j'ai indiqué la méchanique qui déter mine l'accroiffement en groffeur & en hauteur; je fuppofe que mon Lecteur a tout cela préfent à l'efprit. Voyons maintenant ce qui doit fe paffer dans la régénération d'une Playe qui pénètre jufqu'au Bois,

CETTE Playe a intéreffé tous les cônes com, pris depuis la furface extérieure de l'Ecorce jusqu'au Bois: tous ont fouffert à cet endroit une folution de continuïté. Les lèvres de la Playe font donc formées d'un affemblage de feuillets d'inégale épaiffeur & d'inégale confiftence. Par(4) Voyez Aṛt. 169.

mi ces feuillets il en eft qui font encore géla tineux, ou herbacés ; tandis que d'autres ont achevé de s'endurcir. Il eft prouvé que ceuxci ne peuvent contribuer à la réunion de la Playe, parce qu'ils font incapables d'extenfion. Ce fera donc fur les autres que la Séve travaillera. Nous avons vû que c'est conftamment celle qui defcend des Parties fupérieures de l'Arbre pour la nourriture & le développement des Racines, qui contribue le plus à la régénération des Playes. Si cette Séve éprouvoit par-tout la même résistance, elle travailleroit uniformement fur tous les feuillets qui n'ont pas achevé de fe développer ou de s'endurcir; & tel eft le cas d'un Arbre qui n'a point été bleffé. Mais, la réfiftance diminuë autour des bords d'u ne Playe les Parties qui réagiffoient ont été fupprimées la Séve defcendante devra donc fe porter avec plus de facilité aux extrémités des feuillets placés autour du bord fupérieur de la Playe: elle devra tendre à les prolonger de haut en bas & fur les côtés. On verra donc fortir entre l'Ecorce & le Bois, de petits feuillets herbacés, que l'on reconnoîtra facilement à leur couleur verte & à la délicateffe de leur tiffu. Le retranchement des Canaux interceptant le cours de la Séve, elle féjournera autour des bords de la Playe; elle y développera un grand nombre de Fibres & de Fibrilles qui fe prolongeront en divers fens, & qui formeront le Bourlet que j'ai décrit, page 239, 231.

邊

MILLE accidents divers menaçoient les Etres organifés l'AUTEUR de la Nature qui les avoit prévûs, a préparé de loin des fources de réparation. IL a conftruit fon Ouvrage fur des rapports plus ou moins directs à certains cas poffibles. I l'a organifé dans le rapport à la Santé & à la Maladie. Un Arbre fain contient originairement une multitude de Fibres qui ne font appellées à fe développer que dans certaines circonstances purement accidentelles. Telles font la plupart de celles qui fourniffent à la réunion des Playes de tout genre,

237. Comment toutes les Fibres s'endurcissent peu à peu, & paroiffent revêtir une autre

nature.

CES Fibres fe montrent d'abord fous la forme d'une gelée: mais l'expérience prouve que ce n'eft là qu'une fimple apparence qui cache une véritable Organifation (a), Dans ce premier état les Canaux font d'une fineffe extrème: ils n'admettent que les fucs les plus déliés. Une impulfion fecrette les développe (b): leur calibre augmente, & fe proportionne à des Particules hétérogènes & groffières. Il augmente de plus en plus & admet enfin la terre fource de la plus grande dureté. Ainfi la prétenduë gelée devient Herbe, Ecorce, Aubier Bois.

(a) Voyez Article 216.

(b) Voyez Article 167. & 168.