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LA feconde Hypothèse répand ces Germes. par-tout, & fuppofe qu'ils ne parviennent à se développer, que lorsqu'ils rencontrent des Matrices convenables, ou des Corps de même efpèce, disposés à les retenir, à les fomenter & à les faire croître.

3. 1re. Hypothèse; PEmboitement.

La première Hypothèse eft un des grands efforts de l'Efprit fur les Sens. Les différens ordres d'Infiniment Petits abismés les uns dans les autres, que cette Hypothèse admet, accablent l'Imagination fans effrayer la Raifon. Accoutumée à diftinguer ce qui eft du reffort de l'Entendement, de ce qui n'est que du reffort des Sens, la Raifon envisage avec plaifir, la Graîne d'une Plante, ou l'Oeuf d'un Animal, comme un petit monde peuplé d'une multitude d'Etres Organifés, appellés à fe fuccéder dans toute la durée des Siècles.

Les preuves qui établiffent la Division de la matière à l'Indéfini, fervent donc de baze à la Théorie des Enveloppemens.

Le Soleil un million de fois plus grand que la Terre, a pour Extrème un Globule de Lumière, dont plufieurs milliards entrent à la fois dans l'œil de l'Animal vingt sept millions de fois plus petit qu'un Ciron.

MAIS la Raifon perce encore au delà. De ce Globule de Lumière elle voit fortir un autre Univers, qui a fon Soleil, fes Planètes, fes Vé

gétaux, fes Animaux, & parmi ces derniers un Animalcule, qui eft à ce nouveau monde, ce que celui dont je viens de parler, est au monde que nous habitons.

4. 2de. Hypothèse; la Diffèmination.

LA feconde Hypothèse, en femant les Germes de tous côtés, fait de l'Air, de l'Eau, de la Terre, & de tous les Corps folides, de vastes & nombreux magazins, où la Nature a dépofé fes principales Richeffes.

LA', fe trouve en racourci, toute la fuite des Générations futures. La prodigieufe petiteffe des Germes, les met hors de l'atteinte des Caufes qui opèrent la diffolution des Mixtes. Ils entrent dans l'Intérieur des Plantes & des Animaux: Ils en deviennent même Parties compofantes, & lorsque ces Compofés viennent à fùbir la Loi des Diffolutions, ils en fortent, fans altération, pour flotter dans l'Air, ou dans l'Eau, ou pour entrer dans d'autres Corps Organifés.

Il n'y a que les Germes qui contiennent des Touts Organiques, de même espèce que celui dans lequel ils fe font introduits, qui s'y développent. Portés dans l'Ecorce d'un Arbre, ils s'y arrêtent ils y groffiffent peu à peu, & donnent ainfi naiffance aux Boutons, aux Racines, aux Branches, aux Feuilles, aux Fleurs, & aux Fruits. Portés dans les Ovaires de la Femelle ou dans les Véficules féminales du Mâle, ils y font le principe de la Génération du Fœtus.

CHAPITRE II.

De l'Accroissement des Corps Organifes en général.

5. Difficulté du Sujet.

La manière dont s'opère l'Accroiffement des Corps Organifés, eft un Point de Physique très obfcur. Lorsque nous aurons une fois bien conçû, comment une fimple Fibre groffit & s'étend, nous comprendrons comment une Graîne devient un Arbre, ou comment un Oeuf produit un Animal.

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On peut faire bien des Expériences pour découvrir les Loix que les Corps Organifés obfervent dans leur Accroiffement. On peut dreffer des Echelles exactes de leur extenfion refpective. On peut obferver, jufqu'à un certain point, la ftructure intérieure de ces Corps, & le jeu des Organes qui féparent & diftribuent les fucs nourriciers. On peut encore ramener au calcul l'action des Vaiffeaux, & la viteffe des Liqueurs qui y circulent. Toutes ces connoiffances, quoique précieufes, ne fuffifent point pour diffiper les ténèbres qui couvrent la Méchanique de l'Accroiffement. Effayons d'y fuppléer, en pofant des Principes qui nous conduisent à une Hypothèse raifonnable.

6. Principes fur l'Accroiffement.

La Nature ne va point par Sauts.

LA Nature ne va point par Sauts. Tout a fa Raifon fuffifante, ou fa Caufe prochaine, & immédiate. L'Etat actuel d'un Corps, est la Suite ou le Produit de fon Etat antécédent; ou pour parler plus juste, l'Etat actuel d'un Corps eft déterminé par fon Etat antécédent.

7. Gradations Univerfelles.

IL eft une Gradation entre les Etres, il en est une auffi dans leur Accroiffement. Tous parviennent, par dégrés infenfibles, à la Perfection qui leur eft propre. C'eft ce qui fe nomme Développement dans les Corps Organifés.

8. Développemens.

LES Plantes & les Animaux que nous voyons aujourdhui, ont donc paffé fucceffivement par tous les dégrés de Grandeur compris entre celui où ils ont commencé d'être visibles pour nous & celui où nous les voyons maintenant.

Si nous obfervons au Microscope, la Graîne d'une Plante, ou l'Oeuf d'un Animal, nous nous convaincrons que le Corps Organifé qui en doit naître, y exifte déjà en petit, avec toutes fes parties effentielles.

Nous admirons la Sagacité du Naturaliste qui a fû le premier découvrir le Papillon fous l'Enveloppe de Chenille.

9. La Nutrition caufe du Développement.

LE Développement infenfible de toutes les Parties du Corps Organifé, fe fait par la Nutrition.

10. Alimens.

LES Alimens font un mélange d'Air, d'Eau de Terre, de Sels, d'Huiles, de Soufres, & de plufieurs autres Principes différemment combinés.

11. Leur Préparation.

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POUR être rendu propre à faire corps, mélange paffe par divers genres de Vaiffeaux, qui diminuent graduellement, & dont il é prouve l'action.

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LES uns le reçoivent, d'autres le préparent; des troisièmes le distribuent préparé, à toutes les parties.

12. Trois Opérations des Vaiffeaux.

L'ACTION des Vaiffeaux fuppofe donc trois Opérations principales.

LA féparation du Superflu: La décompofition d'une partie des Principes: Et la réunion de plufieurs dans une même Maffe, analogue à la nature du Corps Organifé.

13. Compofition des Vaiffeaux.

LES Vaiffeaux, ainfi que tous les autres Organes, font originairement formés de Fibres

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