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LEUR figure, leurs proportions, leurs qualités varient fuivant leur espèce.

De l'affemblage, ou de la combinaison de ces Principes, refultent les Corps particuliers.

La nature des Eléments nous eft inconnuë. Leur extrême petiteffe, la groffièreté de nos Inftruments, les bornes actuelles de nôtre Esprit, nous privent de cette connoiffance. Tout ce que la Raifon peut faire, après nous avoir perfuadé l'éxiftence des Eléments, eft de nous fournir quelques légères conjectures fur la manière dont ils opèrent.

81. Deux genres d'Eléments.

Nous pouvons fuppofer, avec vraisemblan ee, qu'il est deux genres d'Eléments: les Elements Premiers, ou Inorganiques; les Eléments Seconds, ou Organiques.

LES Elémens du premier genre font des Corps très fimples, ou très homogènes. Un Globule d'Air, un Globule d'Eau, font des Corps de ce genre.

LES Eléments Seconds, ou Organiques, font les Germes, formés, dès le commencement, d'Atômes inorganiques. Les Germes diffèrent des Eléments Premiers, en ce qu'ils font compofés; mais ils s'en r'approchent en ce qu'ils font, comme eux, invariables, ou impériffables, tant qu'ils demeurent infécondés, & qu'ils entrent dans la compofition des Mixtes.

82. De la tendance des Elémens à s'unir. Réflexions Jur l'Attraction Newtonienne.

LES Eléments tendent à s'unir. Cette difpofition augmente, ou diminue dans le rapport plus ou moins prochain de leur nature, ou de leurs qualités refpectives.

Nous ne pénétrons point la Cause de l'union des Eléments: nous ne favons point pourquoi un Globule d'Eau s'unit à un Globule d'Eau, & pourquoi, un Globule d'Eau, ne s'unit point à un Globule d'Huile.

DIRE que cette union eft le produit d'uné Force effentielle au Corps, & qui n'a rien de commun avec l'Impulfion, c'eft recourir à une hypothèse également hardie, obfcure, & incertaine. Je ne demande point qu'on me démontre ce que cette Force eft en elle-même; la nature de l'Impulfion ne nous eft pas mieux connue: Je demande feulement qu'on me prouve, que les Phénomènes qu'on veut expliquer par cette voye, ne fauroient l'être par les Forces méchaniqués, à nous connuës. L'Attraction Newtonienne eft un Fait qu'on eft forcé d'admettre: mais fommes-nous forcés d'admettre que la Caufe de ce Fait eft l'Attraction même? A-t-on démontré que la Péfanteur foit effentielle à la Matière? Le contraire ne paroîtil pas plus probable?

Nous voyons, dans les Corps, trois Propriétés effentielles ou primordiales; l'Etendue, la

Solidité, la Force d'Inertie. Nous nommons ces Propriétés effentielles ou primordiales, parce qu'elles constituent la nature du Corps, qu'elles en font inféparables, qu'elles ne peuvent fouffrir aucune espèce de changement, qu'elles ne dépendent d'aucune Caufe qui foit hors du Corps. La Figure & le Mouvement dépendent d'une Cause qui eft extérieure au Corps; ce ne font donc pas des Propriétés effentielles; ce font de fimples modes, mais qui ont leur fondement dans les attributs effentiels de la Matière; la Figure dans l'Etenduë; le Mouve ment, dans la Solidité.

LA Force d'Inertie, quelqu'impropre que foit cette expreffion, & quelle que foit la nature de cette Force, eft telle que le Corps perfévère dans le même état de repos ou de mouvement autant qu'il eft en lui. Si l'Attraction étoit effentielle à la Matière, elle feroit contraire à une autre Propriété effentielle, à la Force d'Inertie, ce qui feroit contradictoire: un Corps en repos, fe mettroit de lui-même en mouvement à la préfence d'un autre Corps, pendant qu'il tendroit à conferver fon premier état en vertu de la Force d'Inertie. De plus, une Propriété effentielle n'eft fufceptible d'aucun changement, nous l'avons dit; Pourquoi donc l'Attraction s'exerceroit-elle plus fortement au Pôle qu'à l'Equateur? Voyons-nous que les Corps ayent plus de Solidité en Groenlande qu'au Perou? La Force d'Inertie fouffre-t-elle aucune

Va

Variation? Enfin, on a tenté d'expliquer mé chaniquement l'Attraction & fi les explications auxquelles on a eu recours, ne font pas exemptes de difficultés, cela prouve moins l'infuffifance des Forces méchaniques, que les bor nes de nôtre Esprit.

ADOPTONS Cependant le terme d'Attraction, comme très propre à exprimer le Fait. Difons que les Elémens s'attirent les uns les autres; & que ceux de même espèce s'attirent plus fortement, que ceux d'efpèces différentes. Voy. ons maintenant, ce qui doit réfulter de ce Principe, & de ceux que nous avons pofés au commencement de cet Article.

83. Idées fur la manière dont les Elémens entrent dans la compofition des Touts or ganiques.

LES Eléments répandus dans toutes les Parties de la Nature, y donnent naiffance à trois genres de Compofés, aux Fluides, aux Solides non-organifés, aux Solides organifes. Il n'est pas néceffaire d'indiquer ici les caractères · qui diftinguent ces trois Ordres d'Etres corporels. Il ne s'agit actuellement que des Corps or+ ganifes.

A parler exactement les Eléments ne forment point les Corps organifés: ils ne font que les développer, ce qui s'opère par la Nutritrion. L'Organisation primitive des Germes

détermine l'arrangement que les Atômes nourriciers doivent recevoir pour devenir Parties du Tout organique.

UN Solide non-organifé eft un Ouvrage de Marquetterie, ou de Pièces de rapport. Un Solide organifé eft une Etoffe forinée de l'entrelacement de différents Fils. Les Fibres élémentaires avec leurs Mailles, font la Chaîne de l'Etoffe; les Atômes nourriciers qui s'infinuent dans ces Mailles, font la Treme. Ne preffez, pourtant, pas trop ces comparaifons.

84. Principes fur la Méchanique de l'Af fimilation.

POUR approfondir la Méchanique de la Nutrition, ne remontons pas au Germe; il ne nous eft pas affés connu. Prenons le Corps organifé dans fon plein accroiffement.

QUEL eft ici l'effet que la Machine doit produire ? Quelles font les Puiffances que la Nature met en œuvre?

IL s'agit de féparer des Aliments les Particules propres par leur nature, à s'unir au Corps organifé. La figure, la groffeur & les qualités de ces Particules varient beaucoup. Le tiffu du Corps organifé renferme des variétés analogues. Quoique toutes fes Parties ne foient formées que de Fibres différemment entrelacées, toutes ces Fibres n'ont pas originairement une égale confiftance; la configuration des Pores ou des Mailles n'eft pas par-tout la

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