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gé depuis dans des méditations d'un tout au genre, j'oubliai ma Contemplation de la N

re.

De tems en tems néanmoins, je fonge a en détacher l'Ecrit fur la Génération, & à foumettre au jugement du Public; mais j'ét toûjours retenu par le fentiment de fon imp fection. Je pris donc le parti de différer la p blication de cet Ecrit, & d'attendre de nouv les lumières des Expériences dont la Phyfiq s'enrichit chaque jour.

J'AVOIS admis l'Evolution, comme le pr cipe le plus conforme aux Faits & à la fai Philofophie. Je fuppofois que tout Corps C ganifé préexistoit à la Fécondation, & que c le-ci ne faifoit que procurer le Développeme du Tout organique deffiné auparavant en min ture dans la Graîne ou dans l'Oeuf. J'effay d'expliquer comment la Fécondation opéroit effet, & à mesure que j'analyfois, je me p fuadois de plus en plus qu'on démontreroit jour la préexistence du Germe dans la Fem le, & que l'Efprit féminal n'engendroit rien.

MAIS, je ne faifois qu'entrevoir, & je vo lois voir pour raisonner plus folidement. Qu ques Faits me paroiffoient équivoques: d'a tres Faits m'étoient contraires en apparence,

quoi que je fentiffe bien qu'il y auroit des moyens de les concilier avec mes idées, je n'étois pas content de mes tentatives en ce genre. Je ne ceffois pas un inftant de penser qu'il n'y avoit point de Génération proprement dite, & que tout se réduisoit à un simple développement. J'avois en main divers Faits qui fembloient concourir à le prouver. Je tâchois d'aprofondir ces Faits; je les comparois entr'eux, je les décompofois; j'oppofois mon hypothèse à celle qu'un Célèbre Académicien venoit de publier, & ce parallèle, qui ne m'étoit pas défavorable, achevoit de me confirmer dans mes premiers principes. Cependant il reftoit toûjours à démontrer que le Germe appartenoit à la Femelle, qu'il préexistoit ainsi à la Fécondation, & que l'Evolution étoit la Loi univerfelle des Etres organifés.

ENFIN cette découverte importante que j'attendois & que j'avois ofé prédire, me fut annoncée en 1757. par Mr. le Baron DE HALLER, qui la tenoit de la Nature elle-même. J'avois dit dans mon Ecrit (a), en répondant à une objection qu'on pouvoit tirer des obfervations de MALPIGHI fur le Poulet, qu'on

() Voyez l'Article 125.

voulait juger du tems où les Parties d'un Corps organise ont commencé d'exifter, par celui où elles ont commencé de devenir fenfibles. Оп ne confidère point, ajoutois-je, que le repos, la petiteffe & la transparence de quelques-unes de ces Parties, peuvent nous les rendre invifibles, quoi qu'elles exiftent réellement. La découverte de Mr. DE HALLER démontroit rigoureufement cette grande vérité. Elle prouvoit encore d'une manière incontestable, que le Poulet appartenoit originairement à la Poule qu'il préexiftoit à la Conception. Ses beaux Mémoires fur la Formation du Poulet, que cet illuftre Phyficien m'envoya bientôt après, me donnèrent tous les détails que je demandois. Je me hâtai de lui en témoigner ma jufte gratitude & ma fatisfaction, dans la Lettre fuivante dattée de Genève le 30. d'Octobre 1758.

&

Vos Poulets m'enchantent: je n'avois pas efpéré que le fecret de la Génération commenceroit fitôt à fe dévoiler. C'est bien vous, Monfieur, qui avez fçu prendre la Nature fur le fait. J'avois tenté, il y a une dizaine d'années, de la deviner, & j'ai été bien agréablement furpris, lors que j'ai vú vos obser

vations s'accorder fi parfaitement avec mes conjectures, & vôtre hypothèse avec la mienne. Si vous avez gardé mes Lettres, & fi vous prenez la peine de parcourir celles que j'ai et l'honneur de vous écrire depuis quatre ans, vous y trouverez les premiers rudimens de cette hypothèse. Elle fait le fujet d'un Ecrit que je compofai en 1747; & que j'avois quelque deffein de rendre public. D'autres occupations m'étant furvenuës, je n'ai pû le retravailler: mais j'ai bien envie de le foumettre, tel qu'il eft, à vôtre jugement, &c.

MR. DE HALLER voulut bien me témoigner de l'empreffement à voir mes méditations. Je les lui envoyai donc, en les faifant précéder d'une Lettre qui en contenoit l'histoire, & dont je place ici la copie.

A' Genève le 4°. de Décembre 1758:

Vous voulez donc, Monfieur, que je vous ennuye en vous donnant à lire mes méditations fur la Formation des Corps organisés. Fo

béis; les voilà donc en Original, telles que je les ai écrites ou dictées, il y a dix à onze. ans. Je n'y ai pas changé un feul mot, afin que vous puiffiez mieux juger quelles ont été mes premières idées fur ce fujet intéressant, & quelle a été la marche de mon Esprit dans ces routes ténébreuses.

Vous reconnoitrez aux numéros des Cha

pitres, des paragraphes & des pages, que ce Manufcript fait partie d'un Ouvrage, dont voici en deux mots l'hiftoire. L'Etude des Infectes m'ayant extrêmement fatigué la vuë, je fus forcé de me févrer d'un plaifir si vif pour moi; mais mon Efprit naturellement très-actif, ne put fe livrer à un repos abfolu; je me mis donc à méditer fur toutes les parties de la Nature. Farrangeai mes méditations dans un certain ordre; j'en formai une espèce de Système harmonique que j'intitulai CONTEMPLATION DE LA NATURE. Infenfiblement mon Ouvrage groffit, & dans peu d'années je me trouvai un Volume de méditations de plus de 900 pages. C'étoit une fuite de Tableaux

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