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qu'on juge fe multiplier fans accouplement. C'étoit donc encore une nouvelle raison pour douter de l'existence des Animaux qui fe fuffifent à eux-mêmes & c'étoit un nouveau motif pour ne fe rendre que fur les expériences les plus directes & les plus démonstratives. Ce furent de femblables confidérations qui portèrent en 1733, un habile Naturalifte, Mr. BREYNIUS, à proposer aux Phyficiens le Problême fuivant (a).

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PROBLEMA PHYSICUM.

An indubitate demonftrari poffit, in rerum Natura, genus aliquod Animalium vere Ane drogynum, id eft, quod fine adminiculo Maris fui generis, ova in & a fe ipfo fœcundata ,, parere, adeoque folum ex & a fe ipfo genus fuum propagare poffit?"

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Genus Animalium ejusmodi Androgynum, ajoûte Mr. BREYNIUS, licet a multis iisque primi ordinis Nature Confultis ftatuatur, a nemine tamen quod equidem fciam, ita demonftratum fuit, ut non multa, eaque haud levia, ei poffint objici dubia.

303. Découvertes de l'Auteur fur les Puce

rons.

Solution du Problême physique.

(a) Abes des Curieux de la Nature, pour l'an 1733. pag. 18. de l'Appendice.

Suites de Générations élevées en folitude & leurs résultats.

TEL étoit l'état de l'Hiftoire Naturelle rélativement à la queftion fi fouvent agitée des Androgynes; & telle étoit en général la difpofition des Efprits, lors que j'entrepris il y a 21 ans en May 1740, ma première Expérience fur les Pucerons. Ces Infectes fi féconds, & dont les espèces font fi nombreuses, étoient depuis longtems au rang de ces Animaux, qu'on s'étoit hâté de mettre dans la claffe des vrais Androgynes dont parle Mr. BREYNIUS; & cette conclufion précipitée ne prouvoit autre chofe finon que de bons Obfervateurs peuvent quelquefois manquer de Logique: parce qu'ils n'étoient jamais parvenus à furprendre des Pucerons accouplés, ils s'étoient preffés d'en conclurre, que les Pucerons multiplioient fans accouplement. Ce n'étoit pourtant là qu'un doute ou au plus qu'un fimple foupçon; mais ce foupçon, Mr. DE REAUMUR l'avoit accrédité en l'adoptant, & en l'étayant de quelques obfervations qui lui étoient propres, & qui laiffoient toûjours la question indécife (a).

MA première Expérience la décida, & elle m'apprit que les Pucerons étoient de vrais Androgynes. On a vû dans le Tome VI. des Mé

(a) Mém. pour fervir à l'Hift. des Inf. Tom. III. Mém. 3. Tom. VI. pages 523. & fuivantes.

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moires de Mr. DE REAUMUR (a), & dans la 1ere. Partie de mon Traité d'Infectologie (b), quels furent les foins & les précautions avec lefquels je tentai cette Expérience importante Un Puceron pris au moment de fa naiflance & renfermé à l'inftant dans la plus parfaite folitude, y mit au jour, fous mes yeux, 95 Petits.

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JE me hâtai de faire part des détails de cette Expérience à feu mon Illuftre Ami Mr. DE REAUMUR, qui la jugea digne d'être communiquée à la fçavante Compagnie dont il étoit un des principaux ornements. Sûr, dit-il (c), du plaifir que les obfervations de Mr. BONNET feroient à l'Académie, je tardai peu à lui lire fa Lettre du 13e Juillet, dans laquelle elles étoient détaillées. Il parût à l'Académie entière que Mr. BONNET avoit porté les précautions & les foins même au de-là de ce qu'on eut ofé le fouhaiter: quelque convaincuë qu'elle fût qu'il n'avoit rien négligé pour éclairer toutes les démarches de fon Puceron, qu'il avoit été pour lui un Argus plus difficile à tromper que celui de la fable, elle jugea néanmoins qu'une feule Expérience, , quoique très bien faite, ne fuffifoit pas pour ôter tout doute par rapport à un Fait contraire à une loi dont la généralité avoit femblé établie par le concours unanime de tous les Faits vûs jusqu'alors. On n'a que trop

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(a) Pages 530. & fuivantes.
(b) Pages 26. & fuivantes.
(c) ibid. Tom. VI. pag. 537.

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,, d'exemples de circonftances qui ont échappé à des yeux clairvoyants & attentifs. L'Académie ne pût done s'empêcher de défirer que la même Expérience fût répétée par Mr. BONNET, autant de fois, & fur le plus de Pucerons de diffèrentes efpèces qu'il lui feroit poffible; je fûs chargé de l'en prier de fa part, & je le fis."

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JE ne pouvois manquer de répondre au defir de l'Académie; je répétai donc ma première Expérience fur la même espèce de Pucerons, & je l'étendis, en même tems, à plufieurs autres efpèces (a). Ce fût toûjours le même fuccès; tous les Pucerons élevés en folitude depuis l'instant de leur naiffance, devinrent Mères, & mirent au jour, fous mes yeux, une nombreufe poftérité. Je portai même l'exactitude au point de dreffer des Tables des jours & heures des accouchements de chaque Solitaire, & je me ferois difpenfé de publier ces Tables, fi le fujet que je traitois eut été moins neuf, & fi je n'avois pas eu des raifons de préfumer qu'elles pourroient fervir à des comparaisons utiles. Ces nouvelles Expériences, faites avec un foin vraîment fcrupuleux, fatisfirent pleinement l'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES & Mr. DE REAUMUR; & l'aprobation dont ils les honorèrent, ne laiffoit pas lieu de douter, que le Problême de Mr. BREYNIUS n'eut été bien refolu.

(a) Traité d'Infectologie &c. prem Part. Obferv. II. III.

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JE fongeois donc à laiffer repofer mes yeux, fatigués par l'attention foutenuë que j'avois donnée à de fi petits Infectes, lorfqu'un foupçon imprévû & fort étrange que me communiqua Mr. TREMBLEY, vint m'engager dans une fuite de recherches plus pénibles encore que les précédentes. Dans une Lettre que ce célèbre Obfervateur m'écrivit de la Haye, le 27. Janvier 1741, il s'exprimoit ainfi. Fai forme depuis le mois de Novembre le deffein d'élever plufieurs Générations de fuite de Pucerons folitaires, pour voir s'ils feroient toujours également des Petits. Dans des cas fi éloignés des circonftances ordinaires, il eft permis de tout tenter. Je me difois, qui fçait fi un accouplement ne fert point à plufieurs Générations? Il faut avouër que ce qui fait étoit bien gratuit; mais il partoit de Mr. TREMBLEY, & c'en fût affez pour me perfuader que je n'avois pas pouffé la démonstration affez loin. L'aprobation d'une Compagnie refpectable m'avoit rendu jaloux de mes premières Expériences, & fort jeune encore je ne pouvois fouffrir qu'elles fuffent, en quelque forte, infirmées par un foupçon même très léger. Ce foupçon excitant mon amour-propre, je me mis à élever en folitude plufieurs Générations confécutives de Pucerons de différentes espèces. J'élevai ainsi quatre Générations d'une espèce, cinq d'une autre, fix d'une troisième (a). Il étoit donc rigoureufement démontré par ces nouvelles Expériences, que fi la fécon(a) Traité d'Infectol. 1. Part. Obs. III, IV, V.

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