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que les Animalcules des Infufions appartiennent au genre des Polypes; j'ignore profondément la ftructure de ces Animalcules, leur origine & leur manière de multiplier mais je veux donner à entendre que leur exceffive petiteffe ne nous permet pas de juger de ce qu'ils font.

MR. NEEDHAM conclud encore de fes ob. fervations , que les Animalcules, qui fe détachent des filamens, font produits par les filamens. Je n'en vois aucune preuve. Des Animalcules aëriens ou aquatiques, d'une petiteffe extrême, qui s'introduiroient en grand nombre dans la fubftance filamenteufe du Grain, qui s'en nourriroient, qui s'y développeroient & s'y multiplieroient, & qui l'abandonneroient enfuite les uns après les autres, ne produiroientils pas des apparences qui fe rapprocheroient beaucoup de tout ce que nôtre Auteur nous raconte? J'en dis autant de femblables Animalcules qui fe logeroient dans une Moififfure & qui y multiplieroient, comine quantité d'Infectes fe logent & multiplient dans différentes Parties des Plantes.

LES filamens qu'on découve dans la Liqueur féminale peuvent être d'une toute autre nature que ceux des Infufions, & je ne trouve pas qu'il foit mieux prouvé que les Animalcules fpermatiques naiffent de ces filamens, qu'il l'eft que les Atomes des Infufions naiffent de cette forte de Moififfure dont j'ai parlé. Nous ne connoiffons point l'origine des Vers Spermatiques:

c'est beaucoup que nous fachions feulement. qu'ils exiftent. Sommes-nous plus au fait de l'origine des autres Vers du Corps humain, qui font d'énormes Coloffes en comparaison? En conclurons - nous qu'ils la doivent à une Force productrice, ou au concours de certaines molécules organiques communes au Végétal & à l'Animal? Mais, pourrions-nous oublier ces Mouches Ichneumons qui vont déposer leurs Oeufs dans le Corps des Infectes vivans, & d'autres Mouches plus hardies qui vont pondre dans le Nez du Mouton, dans le Rectum du Cheval, dans le Gozier du Cerf? Combien d'Infectes invisibles qui, femblables en ce point à ces Mouches, donnent naiffance à des milliers d'Animalcules, fur l'origine desquels on s'épuise en vains fyftêmes!

J'AI dit que Mr. NEEDHAM avoit reconnu que les prétendues Anguilles qu'il croyoit avoir vûes dans le Bled niellé, étoient des filamens ou des Zoophytes pareils à ceux des Infufions. Son excellent Traducteur, dont le Génie philofophique & lumineux éclairciroit des matiè res plus difficiles & plus obfcures encore que celle-ci, fait fur ces prétenduës Anguilles une remarque importante, qui, fi elle étoit plus aprofondie, pourroit nous donner la clef de ces Découvertes. Voici cette remarque. Il arrive, dit-il (a), affés fouvent, à ces An

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(a) Nouvelles Découvertes faites avec le Microfcope, &c. page

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guilles de fe rompre, & alors on voit fortir de leur Corps plufieurs petits globules, noi,, râtres; enveloppés dans une fine Membrane; or j'ai obfervé plufieurs fois que de ces pa,,quets de globules, il fortoit de petits Corps ,, qui nageoient dans l'eau avec beaucoup de viteffe. Ces globules qu'on peut même découvrir dans le Corps de l'Anguille à cause de fa transparence, font-ils donc de petits Animaux, renfermés dans l'Anguille comme dans un étui? Pour être en état de réfoudre la question, il faut obferver de fuite une ,, Anguille jufqu'à ce qu'on ait vû tous les globules en fortir; examiner ce qu'elle devient ,, alors, & fuivre les progrès de ces derniers". Telle eft, en effet, la meilleure route à fuivre pour s'inftruire de l'histoire fecrette de ces petits Corps, & fi Mr. NEEDHAM l'avoit fuivie, nous ne ferions peut-être pas réduits aujour d'hui à de pures conjectures. Remarquez, je vous prie, que le Traducteur n'infinue point, que les Anguilles ou filamens foient des Zoophytes, qui produifent des Animalcules. L'obfervation n'a point fait naître cette idée dans. fon Efprit, il se borne fagement au fimple récit de ce qu'il a vû, & il fait très-bien voir. Il dit qu'il arrive fouvent aux Anguilles de fe rompre, & qu'alors on en voit fortir des globules noirâtres. Il ajoute, qu'il a obfervé plufieurs fois, qu'il fortoit de ces paquets de globules de petits Corps qui nageoient avec viteffe. Il n'ofe pas même décider que ces petits Corps

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foient des Animalcules.

Admettons néanmoins avec Mr. NEEDHAM, que c'en font réellement: puifqu'ils paroiffent renfermés dans le filament comme dans un étui, ne feroit-ce pas une raifon de foupçonner que cet étui eft leur ouvrage ? Les mouvemens très fenfibles des étuis, dépendroient ainfi de ceux des Animalcules, s'ils ne tenoient encore au reffort naturel des Parties du Grain ou à l'action de l'eau fur ces Parties.

Quoi qu'il en foit, cette curieufe obfervation eft, à mon avis, une preuve affés directe, que les filamens du Bled niellé, dont parle Mr. NEEDHAM, ne font point de vrais Zoophytes, qui engendrent des Animalcules. Et comme il penfe, que ces filamens font de même nature que ceux des Infufions; nous pouvons en inférer, que ces derniers ne font pas non plus des Zoophytes; mais qu'ils font probablement des efpèces de fourreaux habités par des Animalcules, ou pleins de Globules mouvans.

Je ne cherche point à deviner quelle est l'origine de ces fourreaux, quelle en eft la nature, comment ils font formés, pourquoi ils fe rompent, &c., je ne cherche qu'à prémur ir mes Lecteurs contre des conféquences qui re reffortent pas immédiatement des Faits, & qui font contraires à tout ce que nous connoiffons de plus certain de l'Hiftoire des Animaux.

JE fuis donc fort difpenfé d'examiner d'où provient cette dégradation continuelle des flainens & des Animalcules, ou pour fuivre l'idée

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de nôtre Auteur, cette converfion graduelle des Zoophytes en Animalcules, & des Animalcules en Zoophytes toûjours décroiffans. Ce ne font là que de pures apparences, & Mr. NEEDHAM l'auroit fans doute reconnu fi fes Yeux qui nous ont découvert tant de chofes lui avoient permis de reprendre des obfervations qui auroient exigé de leur part de nouveaux efforts. Mr. DE REAUMUR n'avoit point été trompé par ces apparences. On peut fe rappeller ce qu'il en écrivoit à Mr. TREMBLEY, & qu'il m'avoit confirmé à moi-même dans fes Lettres (4). Il est très-faux, difoit ce grand Obfervateur, qui ne voyoit dans la Nature que ce qui y étoit; il est très-faux que les Générations de ces Animalcules foyent d'Animaux de plus en plus petits, comme l'ont avancé M. M. NEEDHAM & de BUFFON; tout va ici comme à l'ordinaire, les petits deviennent grands à leur

tour.

Au refte, fi l'on foupçonnoit le moins du monde, que j'euffe trop preffé les idées de Mr. NEEDHAM, fur la manière dont il penfe que les Animalcules des Infufions font formés je n'aurois, pour diffiper ce foupçon, qu'à citer le paffage fuivant de l'Auteur lui-même. Les Animalcules microfcopiques, dit-il, ne font pas engendrés & n'engendrent pas de la manière ordinaire; mais, ils fervent cependant comme de clef pour conduire à la Génération des

(a) Voyez l'Article 135.

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