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ou dont la couleur eft blanchâtre (a), ne fe réproduifent pas avec la même régularité. Si l'on ne fait que retrancher à un de ces Vers la Partie antérieure, il en réproduit une nouvelle. Mais fi on le partage transverfalement en deux ou plufieurs Portions, toutes réproduifent une Queue à la place où elles auroient dû réproduire une Tête. L'efpèce de constance du phénomène ne permet pas de le mettre au rang de ces productions fortuïtes & monftrueufes que l'on voit quelquefois dans le Règne animal. Les Polypes à Bras offrent de femblables productions on voit s'élever fur leur Corps des Queues furnuméraires, dont ils fe fervent comme de leur bout poftérieur pour fe cramponner. Mais Mr. TREMBLEY fait affez fentir que c'est-là un cas extraordinaire en difant, qu'on ne l'obferve que quelquefois ; ce font fes termes (b). Je ne chercherai point à deviner pourquoi les Portions de nos Vers blanchâtres pouffent une Queue à la place où elles auroient dû pouffer une Tête; je ne connois aucun Fait qui puiffe m'éclairer là- deffus; je ferai feulement remarquer que cette Queue farnuméraire étant auffi bien conformée que celle qui croît au bout poftérieur, il eft vraifemblable qu'elle a la même origine. Elle provient d'un Germe qui s'eft développé à la place où une Partie antérieure auroit dû naître, Il femble qu'on puiffe infèrer de mes Expérien

Ibid. Obf. XXII, XXIII.

(b) Mém. fur les Pel, à Bras; in 8vo. Tom. 2. pag. 114

ees que cette Efpèce de Ver a été conftruite de manière qu'il ne fe trouve des Germes de Tête que vers la Partie antérieure de l'Infecte, & que par-tout ailleurs il n'y ait que des Germes de Queue. Nous ignorons pourquoi l'AUTEUR de la Nature a refferré ici la Réproduction dans de telles limites, & pourquoi IL les a fi fort étendües dans d'autres Infectes; mais nous voyons au moins, qu'IL a mis nos Vers blanchâtres en état de reparer la perte qu'ils étoient le plus fouvent exposés à faire, je veux dire celle de leur Partie poftérieure. Ils la tiennent, ordinairement hors du limon dans lequel ils font leur demeure: elle eft donc plus expofée à être mangée par des Infectes voraçes que ne l'eft le refte du Corps.

A l'égard du développement de la Queuë furnuméraire il peut dépendre en partie de l'abfence d'un Germe de Tête. Le Germe de Queue placé au bout antérieur reçoit seul les fucs nourriciers qui vont à ce bout pour la nourriture des Parties qu'il renferme. Mais tout ceci n'eft que conjecture, & je n'y infifterai pas davantage: la ftructure de ces Vers m'eft trop peu connuë,

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262. Tentatives pour expliquer la Réproduction des Pattes de l'Ecreviffe.

CE que la Réproduction d'une Tête & d'une Queue eft aux Vers que j'ai multipliés de Bouture, la Réproduction des Jambes & des C 4

Cornes l'eft à l'Ecreviffe. Nous avons vû que la Patte naiffante fe montre d'abord fous la forme d'un Mamelon conique qui s'allonge de jour en jour. Une Membrane affez épaiffe qui recouvre les Chairs, & l'extrême délicateffe de celles-ci, ne permettent pas dans ces premiers tems à l'Obfervateur, de diftinguer les Parties propres à la Patte. Mais lors qu'elles fe font un peu fortifiées, elles deviennent fenfibles, & en perçant alors l'enveloppe, on met à découvert des articulations très reconnoiffables. Nous fommes donc fondés à regarder la nouvelle Patte comme un nouveau Tout organique, dont le Germe exiftoit dans le Tronçon de l'ancienne Patte. La rupture de celle-ci a donné lieu au développement de ce Germe, en détournant à fon profit des fucs qui fe feroient portés à d'autres Parties.

IL fe préfente ici une difficulté qui mérite que je m'y arrête. J'ai dit ci deffus, qu'en quelqu'endroit qu'on coupe la Patte, ce qui fe réproduit eft toûjours précisément femblable à ce qu'on a retranché. Mr. DE REAUMUR a beau coup infifté fur cette difficulté, & il convient de l'entendre lui-même.

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DEVONS-NOUS entreprendre, dit-il (a), ,, d'expliquer comment fe font ces Réproductions! Nous ne pourrions tout au plus que hazarder quelques conjectures; & quelle foi ajoûteroit-on à des conjectures, lors qu'it

(a) Mém. de l'Acad. Royale des Sciences. Am, 1712.

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,, s'agit de rendre raifon de Faits, dont les raifonnemens clairs fembloient prouver l'impoffibilité! Nous dirions bien que vers la Partie ,, coupée il fe porte beaucoup de fuc nourri,, cier, & affez pour former de nouvelles Chairs, Mais où trouver la caufe qui divife ces Chairs ,, par diverfes articulations, qui en forme des ,,Nerfs, des Mufcles, des Tendons différents. Tout ce que nous pourrions avancer & de plus commode, & peut-être de plus raifon,,nable; ce feroit de fuppofer que ces petites Jambes que nous voyons naître, étoient cha,,cune renfermées dans de petits Oeufs, & ,, qu'ayant coupé une Partie de la Jambe, les mêmes fucs qui fervoient à nourrir & faire croître cette Partie, font employés à faire dé,,velopper & naître l'espèce de petit Germe ,, de Jambe renfermé dans cet Oeuf. Quelque cominode après tout que foit cette fuppofition, peu de gens fe refoudront à l'admettre. Elle engageroit à fuppofer encore, qu'il n'est ,, point d'endroit de la Jambe d'une Ecreviffe, où il n'y ait un Oeuf qui renferme une autre ,, Jambe; ou ce qui eft plus merveilleux, une Partie de Jambe femblable à celle qui eft de», puis l'endroit où cet Oeuf eft placé jusqu'au bout de la Jambe: de forte que quelque endroit de la Jambe que l'on affignât, il s'y ,, trouveroit un de ces Oeufs, qui contiendroit une autre Partie de Jambe, que l'Oeuf qui eft un peu au-deffus, ou que celui qui eft

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१२.

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un peu au - deffous. Les Oeufs qui feroient à l'origine de chaque Pince, par exemple, ne contiendroient qu'une Pince; près du bout des Pinces il en faudroit placer d'autres ,, qui ne cóntinffent que des bouts de Pinces. Peut-être aimeroit-on mieux croire que chacun de ces Oeufs contient une Jambe entière: mais ne feroit-on pas encore plus ein,, barraffé, lors qu'il faudroit rendre raifon pour,, quoi de chacune de ces petites Jambes, il n'en renaîtroit qu'une Partie femblable à celle ,, que l'on a retranchée à l'Ecreviffe? Ce ne feroit pas même affez de fuppofer qu'il y a un Oeuf à chaque endroit de la Jambe d'une Ecreviffe, il faudroit y en imaginer plufieurs, & nous ne faurions déterminer combien. Si l'on coupe la nouvelle Jambe, il en renaît une autre dans la même place. Enfin il faudroit encore admettre que chaque nouvelle Jambe eft comme l'ancienne, remplie d'une infinité d'Oeufs, qui chacun peuvent fervir à renouveller la Partie de la Jambe qui pourroit lui être enlevée,

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PEUT-ETRE pourtant, que dans chaque Jambe Ecreviffe il n'y a qu'une certaine provision de Jambes nouvelles, ou de Parties de Jambes. Comme la plupart des jeunes Animaux ont une petite Dent cachée au-deffous de chacune des leurs: de là il arrive que fi on leur arrache une Dent, il en revient une autre dans la place; mais fi on arrache cette» dernière, fa place demeure vuide, la Nature

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