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confiderant de plus près, que le reffort qui l'avoit rétenuë jufqu'alors étoit attaché par le lambris au volume, & que c'étoit la façon dont il l'avoit remué pour l'ôter de fa place, qui en avoit occafionné l'échapement; il tira des confequences de cette découverte. Il fut chercher de la lumiere, pour entrer par elle étoit couverte en dédans

cette porte;

d'une portiere, deux degrés. C'étoit un grand cabinet vouté, meublé d'une tapifferie à l'antique,avec fix chaifes, & un lit de repos.

il la leva & defcendit

Il y avoit quatre Tableaux qui couvroient les quatre pans de la muraille. Le premier à gauche avoit cette infcription: Valzan porte la balle, & se marie à la fille d'un Procureur: il reprefentoit ce qui étoit infcrit affez groffierement. Dans le fecond on voyoit le même Valzan; il étoit aifé à reconnoître à un chapeau à l'Hollandoife qui le couvroit dans tous fes portraits. Il étoit au pied d'un lit qui y paroiffoit; il avoit un doigt fur la bouche dont il fembloit faire figne à une femme qui entrou

vroit le rideau, & qui d'une main lui montroit deux perfonnes qui y étoient couchées. Dans le troifiéme on decouvroit une gran de place; un nombre de boutiques & de Marchands faifoient connoître que c'étoit une Foire; Valzan y paroiffoit affis dans un comptoir éminent, il étoit chargé de beaucoup de facs, dont les borderaux de l'argent qui les rempliffoient étoient en dehors. L'on voyoit dans les coins du même Tableau une grande riviere chargée de plufieurs bâtimens dont les banderolles étoient orneés de plufieurs W doubles.

Le quatrième enfin faifoit voir dans l'éloignement la maison de celui-ci ; elle étoit aifée à reconnoître. L'on voyoit fur le devant du Tableau deux hommes qui s'embrasfoient, dont l'un,qui paroiffoit être le même Valzan, lui remettoit d'une main une bourfe, & de l'autre lui montroit la maison dont nous venons de parler, & portoit deffous fon bras un gros livre, tel que celui dont il a été question.

Valzan examina tous ces Tableaux ; il ne

pouvoit s'empêcher d'y prendre le plus tendre interêt; il les remua tous les uns après les autres. Il lui fembloit; qu'à chaque pas qu'il faifoit, il y devoit trouver des chofes extraordinaires; il retourna le dernier, il y vit quelque chofe d'écrit, il approcha fa lumiere & y lut ces paroles :

Infenfe que tu es, peux-tu t'imaginer que l'on cache des Trefors dans l'épaiffeur d'une muraille ne peut-elle pas s'écrouler d'un moment à l'autre ? Ne doivent-ils pas retourner dans le fein dont on les a arrachés?

Il trouva cette fentence judicicufe; il jugea qu'elle lui indiqueit de foüiller dans les caves, il fut chercher celles de la maison, & n'en trouva aucune. Il revint dans le lieu dont il étoit forti, il l'examina avec la plus curieufe attention. Il s'apperçut alors le fol étoit couvert d'une nate, il la leva avec peine & trouva un anneau; il étoit attaché à une trape, il l'ouvrit & y vit un foûterrain où il y avoit des degrés. Lorfqu'il fut defcendu, il fut effrayé du fpectacle qui s'offrit à fa vûë. Le cadavre

que

d'un Vieillard y étoit expofé dans un cercueil élevé fur des trétaux; fa phifionomie étoit douce & avoit l'air animé. Valzan reffentit une horreur fecrette à cette vûë, fes fens fe glacerent, il refta immobile; sa fermeté prit cependant le deffus, & lui donna le courage de parcourir les objets differens qui le frapperent. A côté de la bière étoit une grande table; elle étoit chargée de vivres, que le tems avoit gâtés. A fa gauche on voyoit fur une autre plus petite, une lampe, des livres, plufieurs bouteilles, & autres chofes nécefaires à la confervation. de la vie. Sur le tond de la muraille, au côté oppofé du cercueil, étoient écrit en groffes lettres ces paroles : Ce lieu a été bâti par Valzan, pour cacher fon trefor & la fin de fa vie. Il étoit Calvinifte; & fe trouvant trop âgé pour fortir du Royaume, il a mieux aimé s'enterrer tout vif que de changer de Religión. Mortel, qui que tu fois, je te fais prefent des tréfors que tu trouveras ici: fouviens-toi d'en faire un bon ufage; tous ceux de la terre ne pourront l'empêcher de finir comme moi.

L'idée des richeffes que Valzan alloit poffeder, firent évanoüir fes frayeurs. Il fit une recherche exacte dans ce fouterrain; il apperçut bientôt une petite trape de fer audeffus des trétaux qui foutenoient la bière. Il l'ouvre, il y met la main, il fent quelque chofe de froid & de glacé; un fiflement terrible qui fit retentir le caveau, la lui fait retirer précipitamment; il demeure incertain de ce qu'il doit faire. D'un côté la frayeur le retient, l'efpoir des richeffes l'encourage de l'autre. Il avance la main, il la retire; il veut lever la trape fatale que la crainte lui avoit fait refermer. L'interêt l'emporte enfin, il l'ouvre: Mais, ô Ciel! qu'y voit-il ? Deux yeux flamboyans arrêtent leurs regards fur es fiens, un ferpent affreux y fait fa demeure, il fifle, il s'élance; Valzan faifi d'effroi fe laiffe tomber à la renverfe, & fa lumier s'éteint.

Fin de la premiere Partie.

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