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achevant ces mots, ils monterent dans un

flacre, & ils furent defcendre chez Madamer de Frafay, où ils trouverent grande compagnie.

CHAPITRE III.

D'Orneville mene le Chevalier chez une Confeillere au Parlement.Son portrait. Elle en devient amourenfe. Remarques fur les femmes. Qui étoient ceux avec qui on devoit fouper.

L

E Chevalier d'Elby ne s'y attendoit pas, il en fut un peu furpris. D'Orneville vint au fecours de fon embarras, il fut le préfenter à la Maîtreffe du logis. J'ai l'honneur, lui dit-il, lui dit-il, Madame, de vous amener le Chevalier d'Elby; je lui ai parlé de vous, il ne croyoit jamais vous rendre fes devoirs affez tôt : Pouvoit-il mieux commencer en arrivant à Paris ! Je fuis fenfible à fon empreffement, repliqua-t-elle en parcourant avec plaifir fa figure, fi vous vous êtes trompé en lui parlant avantageude croire fement de moi, vous ne l'êtes pas que venant de votre part il foit reçu favorablement. Il fe fit fur cela un combat de

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politeffes. La belle Confeillere le termina en demandant au Chevalier fi c'étoit le premier voyage qu'il faifoit à Paris. Oui, Madame, répliqua-t-il, il y avoit long-tems que mes defirs m'y portoient. Hé-bien, qu'en dites-vous,s'écria Madame de Frasay comment le trouvez-vous ? Ce que j'en ai vû aujourd'hui, reprit-il, m'a charmé. Il faut voir, ajouta-t-elle, les fpectacles, les promenades & les cérémonies publiques; toutes ces chofes vous donneront une idée de fa grandeur. A propos de fpectacles, je dois aller demain à l'Opera; vous me feriez, dit-elle à d'Orneville, un plaifir infini d'y amener Monfieur, c'est une fête moi pour que l'étonnement qu'il aura; toutes les femmes ont des manies, la mienne eft d'aimer mon Paris à la folie, & je fuis enchanté des impreffions qu'il fait fur un Etranger. Le Chevalier d'Elby ne répondit que par une inclination. Il fembloit que c'étoit à lui cependant que Madame de Frafay s'adreffoit, elle avoit toujours les yeux

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fur

lui; le Jeune-homme levoit à peine les

Tiens, il n'étoit pas accoutumé aux regards des femmes de Paris. Cette modeftie ne déplaifoit point; fon air nouveau, fa contenance embarraffée donnoient à la belle Confeillere une fecrete fatisfaction. L'amour propre y trouvoit fon compte: imaginer de captiver un cœur neuf & exempt de paffion, eft un triomphe à la beauté, & un ragout nouveau & friand pour une femme du monde. D'Orneville d'un regard pénetra toutes ces chofes, & il fe flatta que le Chevalier feroit les impreffions qu'il avoit foupçonné. Vous nous honorez infiniment, lui dit-il, de nous permettre de faire cette partie avec vous, & j'aime trop le Chevalier pour ne pas l'en feliciter. Elle continua à en faire l'examen. Et répondant à fa penfée : Mais ce n'eft qu'un enfant, dit-elle avec un certain air de complaifance, je gage qu'il n'a pas plus de feize à dix-fept ans. Vous ne vous trompez pas, Madame, reprit le Chevalier, mon embarras le fait affez connoître. Point du tout, reprit-elle, je vous trouve assez bien, vous ne perdrez

que trop tôt cet air timide, ; il vous fied bien, confervez-le le plus long-tems que vous pourrez. Pendant qu'elle difoit ces chofes, on lui vint préfenter des cartes pour jouer. Elle leur propofa de faire une partie de Quadrille, ils firent une profonde réverence: refus poli & fecourable pour ceux qui ne peuvent ni ne veulent joüer. Mettez-vous donc auprès de moi, dit-elle au Chevalier, il faut apprendre ce jeu ; un homme doitfçavoir amufer les femmes, & je veux que vous m'ayez cette obligation. Il obéit, la partie commença ; & d'Orneville ayant apperçu un de fes amis, il fut le joindre & caufer avec lui.

Madame de Frasay fut bien plus occupée, pendant la reprise,du foin du jeune Cavalier de fon jeu. Les premieres impreffions avoient un credit infini chez elle. Il étoit

que

heureux qu'elle fût d'un temperament fage; car avec la vivacité qu'elle avoit pour ceux qui lui plaifoient, on lui auroit fait faire du chemin en peu de tems. Elle n'étoit pas d'une beauté parfaite; mais les

graces qui

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