Imágenes de páginas
PDF
EPUB

que fur les Grecs & fur les Ro

mains.

Les Grecs n'ont jamais paffé pour être fort attachés à la vérité: & c'eft ce defaut qu'on leur a toujours reproché, qui a fait donner à la Grece le nom in urieux de Grecia mendax. Ce que nous avons d'eux avant les Olympiades, ne mérite pas qu'on s'y arrête; & nous ne fommes guere mieux informés de ce qui s'eft paffé au commencement du temps hiftorique. Comme ils n'avoient point d'Annales publiques, & que les Poëtes tiennent le premier rang parmi leurs anciens auteurs, il eft aifé de juger quelles fortes de relations on doit attendre de leurs Hiftoriens. Ils fuivoient des traditions incertaines, ou, ce qui eft bien pis, ils copioient les Foëtes. Ainfi leurs Hiftoires avoient trespeu d'ordre. C'étoient plutôt des poëmes, que des hiftoires. Les

Romains les en ont repris affez librement. Quintilien n'a pas eu beaucoup de ménagement pour eux ; il compare la liberté qu'ils fe font donnée, à une licence poëtique. a Jofeph bles a décriés plus que perfonne; il dit que leurs écrits font remplis de contes faits à plaifir; qu'ils n'ont point d'infcriptions publiques & authentiques, ni d'auteur plus ancien qu'Homere ; & que leurs Hitoriens fe contrarient les uns les autres; qu'Hellanique eft différent d'Acufilas; qu'Acufilas reprend Hefiode ; qu'Ephore traite Hellanique d'impofteur; que Timée n'a pas plus d'égard pour Ephore; que d'autres n'épargnent pas Timée, & que tous en géné ral accufent Hérodote d'être fabuleux. C'eft pourtant-là cet HéBodote, qui a été appellé le Pere

a Inftit. lib. 2. cap. 4. Contr. Appion. lib. 1.

de l'Hiftoire, quoiqu'on puiffe le nommer auffi-bien le Pere de la Fable. Je fçai qu'il a eu des Apo. logistes, fur-tout depuis les derniers voïages & les dernieres découvertes. Mais il fuffit de dire que l'on cherche inutilement à le défendre. Les preuves qu'on a données en fa faveur,fervent plus à faire connoître l'efprit de fes partisans, qu'à rétablir sa réputation. Ses erreurs font trop grof fieres pour être excufables; & elles font en trop grand nombre, pour pouvoir être compenfées avec ce leger rapport, qui se trouve par hazard entre fes écrits & quelques découvertes modernes.

Il faut avouer que quelquesuns des Hiftoriens fuivans ont écrit avec plus de précaution; & en cela les enfans ont furpaffé leur pere. On a vanté Thucydide pour fon exactitude: mais fans me prévaloir de l'autorité de Jo

feph, qui ne lui pas fait plus de grace qu'aux autres, je dirai qu'une grande partie de fon Hiftoire eft remplie de longues harangues tirées de fa feule imagination. Le refte de fon livre est trop refferré, pour éclaircir fuffifamment les temps anciens. Il fe plaint lui-même de leur obfcurité.

Diodore de Sicile eft celui qui s'eft le plus étendu. Il commence par l'origine du Monde, & le parcourt dans la fuite des fiècles. Si l'on veut lui paffer fes fuppofitions, on ne lui refufera pas le nom d'Historien: mais fes cinq premiers livres font un tiffu de fables. Il y décrit plus de fiècles que le Monde n'en a duré; & il y parle de nations qui n'ont jamais exifté. L'Hiftoire véritable de Lucien n'eft prefque pas plus incroïable que celle de cet Auteur. Tout ce qu'on peut dire de

mieux pour fa défense, c'est qu'il paffe condamnation, puisqu'il intitule fes premiers livres, Hiftoire Mythique, c'est à dire, fabuleuse. Je n'en dirai pas davantage fur ce fujet qui a été traité amplement par une plume favante.* Quoique les Romains foient plus dignes de foi, il s'en faut bien qu'ils approchent de ce degré de vérité, que l'on voudroit trouver dans les Hiftoriens. L'Hiftoire Romaine la moins imparfaite & la feule générale que nous aïons, eft celle de Tite-Live. Il femble que fon génie ait égalé la majefté du peuple dont il écrit les faits. Mais outre la Patavinité, c'est à dire, felon le fentiment de quelques-uns, la partialité qu'il a pour fon païs; outres fes longues harangues, qui font de pures fictions; outre fes prodiges étonnans, capables d'amufer feuOrigines facræ, cap. 4.

« AnteriorContinuar »