ques-uns*, qui ont crû que Pytagore l'avoit aidé ; ce qui doit paffer pour un Anachronisme. Mais il me femble qu'il réduifit l'année dans un meilleur ordre qu'un fiècle fi peu éclairé ne donnoit lieu de l'efperer; ajoûtant les deux mois qui manquoient à l'année de Romulus, & faifant faire les intercalations néceffaires pour confumer les jours fuperflus. Néanmoins, foit par I'mperfection de ce Calendrier, foit par la négligence des Pontifes qui devoient veiller à l'interpofition des jours extraordinaires, soit enfin que ces deux caufes concouruffent enfemble au defordre, il eft certain que du temps de Jules Céfar, l'année étoit fi dérèglée, que les mois avoient rétrogradé L'Hiver arrivoit en Automne; on trouvoit l'Efté au Printemps; & fi ce Prince n'y eût remédié

* Blondel. ibid. chap. 2.

l'Hiver auroit remonté à l'Esté. En qualité de Souverain Pontife, il entreprit une réformation génerale: il appella pour ce fujet auprès de lui Sofigene, qui étoit un fçavant Aftronome de ce temps-là. Après qu'il eut fait écouler tous les jours irréguliers dans une année qui cût quinze mois, felon Suétone, ou quatre cens quarante-cinq jours, felon Cenforin, & qui fut nommée l'année de confusion, le Calendrier parut être bien reglé. Il n'étoit pourtant pas affez exact, nonobitant la capacité du Réformateur; car en moins de mil trois cens ans depuis le Concile de Nicée, il se dérangea encore ; & du temps de Grégoire XIII. on remarqua qu'il n'étoit pas d'accord avec les Ĉieux, & qu'il y avoit une différence de dix jours par rapport au cours du Soleil, & de quatre jours par rapport à celui de la Lune.

Cela

Cela donna lieu à ce Pape de faire une nouvelle réformation en l'année mil cinq cens quatrevingtdeux, que l'on nomme l'année de

correction.

On a frappé des Médailles en mémoire de ce nouveau Calendrier. Il a semblé fi parfait, qu'on lui a donné le nom de Calendrier perpétuel. Cependant il y auroit de la témérité à foutenir que l'exactitude en est fi grande, qu'on n'y doive rien changer à l'avenir. On fçait que peu après qu'il eut paru, il fut cenfuré. Scaliger & Calvifius prétendirent en avoir découvert les defauts. Clavius un de ceux qui y avoient eu le plus de part, en fit l'Apologie: mais felon Scaliger*, avec fi peu fuccès, que ce Calendrier auroit besoin d'un nouvel Apologifte. Pour établir une regle invariable fur les mouvemens du So

Scaliger, An. p. 5.

de

leil, il faudroit qu'ils fuffent parfaitement égaux & réguliers, même jufqu'aux minutes, aux fecondes, &c. Puifqu'il n'en eft pas ainfi, fuivant les plus juftes cal culs, on fe flatte envain d'une perfection, à laquelle il eft prefqu'impoffible d'atteindre. Au reste ce Calendrier n'étant pas reçu plus généralement qu'il ne l'a encore été,vrai-femblablement il ne fervira qu'à caufer de la confusion. Comme il ne s'étend guere audelà des Royaumes qui font fous l'obéïfance du Pape ; & que l'on fuit le Calendrier Julien dans la plupart des autres parties Chretiennes de l'Europe, ce fera dans quelques centaines d'années un travail pour les Critiques, que les conteftations qui s'éleveront fur les dates par rapport au vieux & au nouveau ftile.

Ce récit hiftorique des temps marque fuffifamment l'incerti

tude de la Chronologie. Si nous voulons en avoir une autre preuve,paffons des temps aux hommes. Scaliger & le Pere Petau font ceux qui ont le plus aprofondi cette Science. Le premier s'y eft donné des peines prodigieufes, comme il eft aifé de le remarquer dans plufieurs de fes Ouvrages. A confiderer la grande opinion qu'il eut de fon livre de Emendatione temporum, & l'éloge que les Sçavans en firent, traitant cette piece de Divine & d'immortelle; ne fe feroit-on pas imaginé qu'il avoit démêlé toutes les difficultés renfermées dans la fupputation des temps, & qu'il n'y reftoit plus rien à éclaircir? Cependant il n'y avoit pas long-temps que cet OuDivin avoit paru, lorfque

vrage le Pere Petau l'examina. Ce Religieux qui avoit autant travaillé fur la Chronologie, que Scaliger, ne lui donne pas des louanges ou