imaginaire. Voffius amateur de Paradoxes, qui a donné à l'ancienne Rome plus de foixante-dix Milles de circuit, & quatorze millions d'Habitans a, a encore plus éloigné la Chine. Les Miffionnaires Jéfuites ont prétendu corriger cette faute par les obfervations Mathématiques, dont nous venons de parler: mais Voffius n'a pu pénétrer la force de leurs raifonnemens ; & je doute fort que l'on s'en fût rapporté à eux, fi le différent n'avoit été terminé d'une maniere moins conrestable par un Miffionnaire de la même Compagnie. Il a ouvert un paffage à la Chine par la Mofcovie; il en a marqué les différens féjours, & il a montré par des relations certaines le temps qu'on pouvoit mettre à ce voïage. On n'a pas la même facilité fur Var Obfervat. p. 23. 34. 168. Avril. lib. 2. l'Ocean; l'Océan; il n'eft pas fi aifé de le mesurer, ni d'y faire avec nos Télescopes des Obfervations auffi régulieres que fur la terre ferme. Les Jéfuites eux-mêmes conviennent qu'ils y font fort embaraffés. Ce qui a caufé la diverfité des Longitudes de l'Orient, eft rapporté par Voffius; & ce qu'il en dit, peut trouver ici fa place. Environ dans le même temps que les Espagnols firent la découverte de l'Amérique, les Portugais découvrirent les Indes Orientales. Alexandre V I. divifa le Globe en deux Hémifphéres; & par des Bulles folemnelles bil adjugea la partieOccidentale aux Efpagnols, & la partie Orientale aux Portu gais. A la vérité les Hollandois & les Anglois ne fe crurent pas obligés de fe foumettre à fa décifion. Mais quand les deux Nations qui a Var. Obfervat. p. 169. S approuvoient le partage, vinrent à reclamer leurs portions refpectives, la difficulté fut de fixer les degrés de Longitude; & comme le Pape n'eft point infaillible sur les calculs de Mathématiques, les Efpagnols & les Portugais eurent à vuider le différent. Les fles Moluques furent le grand fujet de la contestation: les Efpagnols les revendiquoient: les Portugais de leur côté prétendoient qu'elles tomboient dans leur lot. On confulta de part & d'autre des gens experts. Les Géographes Efpagnols s'y prirent d'une maniere; les Portugais d'une autre; & les deux peuples fe trouverent fi éloignés de compte, qu'i's différoient dans leurs calculs de près de quarante degrés, qui font une grande partie du Monde entier. Enfin l'opiniâtreté de chaque nation alla fi loin, que par des Edits publics on défendit de marquer dans les Cartes Géographiques les degrés & les Méridiens autrement qu'ils n'avoient été fixés. Il s'enfuit de-là que nos Méridiens font tombés dans une grande confufion, pendant que les Longitudes ont été déterminées fr diverfement par autorité abfoluë. Voffius croit qu'on n'y a pas remédié depuis. Mais pofons que la Terre ait été exactement mefurée, a-t-elle été décrite avec autant d'exacti tude? Je ne le crois pas. Combien nos Géographes modernes fontils incertains fur la véritable fituation des Places anciennes. Ils ne font pas plus affurés de la pofition de Babylone * Ville autrefois la plus fameufe de la Terre, que de celle du moindre Village. Souvent même ils s'égarent dans des fentiers connus. Ferrarius nous a donné un Dictionnaire * Luy ts. p. 494i Géographique, qu'il prétendoit univerfel. Cependant Baudrand l'a tellement augmenté & changé enfuite, qu'on le prendroit pour un nouveau Dictionnaire, Ils ont paffé tous deux pour fçavans Géographes. Malgré cela, il n'y avoit pas plus d'un an que le dernier avoit publié fon ouvrage, lorfque Sanfon y fit remarquer * cinq cens fautes feulement fous la lettre A. Nous avons eu depuis en Anglois un livre de la même efpece, compofé par deux perfonnes de mérite. Sanfon ne l'a pas critiqué: mais avec le peu de lumieres que j'ai en Géographie, j'y pourrois montrer, fous la lettre A, de plus grandes fautes qu'il n'y en a dans Ferrarius & dans Baudrand, En voici une feulement; ils ne font point de différence entre les Ifles Açores & les Ifles Canaries. C'est Nouv. de la Rap. Ann. 84. p. 310. |