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& le refte par d'autres perfomes; de forte que c'est l'ouvrage de plufieurs Sçavans. M Lily, fous le nom de qui elle paffe, n'a jamais voulu s'en faire honneur pendant fa vie; & suivant les apparences, il n'y avoit pas le plus

de

part.

que

Si le temps nous avoit confervé de Célar & de Varron plus d'ouvrages fur cette matiere que nous n'en avons, peut être feroitce un avantage confidérable pour nous: mais tous ceux de Célar font perdus ; il ne nous refte quelques morceaux de Varron: ce font des fecours qui nous manquent. Il eft vrai que fi l'on en juge par les fragmens, que nous avons de Céfar, nous n'avons pas fait une grande perte. Aulu-Gelle a parlé a de cet auteur en termes équivoques. Charifius b ancien

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Grammairien l'a cité deux ou trois fois pour le corriger : Ez les endroits qu'il en a rapportés, paroîtront dignes de cenfure à tous ceux qui prendront la peine de les examiner. Pour ce qui est de Varron fes livres roûlent principalement fur les étymologies des mots; & les étymologies ne font pas de grande utilité à

caufe de l'obfcurité & de l'incertitude qui s'y trouvent.

Les Grammairiens fuivans font encore plus imparfaits. Putschius en a fait un ample recueil. Contre la coutume des Editeurs, qui méprisent rarement les auteurs qu'ils mettent au jour, il confeffe ingenuëment qu'il y en a parmi eux, qui ne méritent prefque pas d'être imprimés. Comme la plûpart ont écrit dans un temps que les Sciences étoient en décadence, ou après que les Barbares fe furent répandus dans l'Empire, il

,

n'eft pas furprenant que ces Grammairiens ne faffent rien d'extraordinaire, & que pendant qu'ils donnent des regles fur la langue Latine ils écrivent à peine dans un Latin fuportable. Il ne faut pas même excepter Prifcien: malgré les recherches fcrupuleufes & la féverité avec laquelle il critique les autres, il ne le garantit pas lui-même de barbarifmes. Il ne faut que jetter la vuë fur les premieres lignes de fon livre, pour en juger.

Quelques-uns de nos Critiques modernes ont mieux réüffi. Ils

font par leur pureté & par leur élégance au - deffus de plufieurs anciens Grammairiens. Valla, Erafme, & Linacer ont fait de grands efforts. Ils ont montré Beaucoup d'intelligence en cette matiere: & enfuite, comme s'ils n'avoient rien fait de bien, Sanctius s'éleve, & après lui Sciop

pius, qui réforment tout ce qui avoit paru auparavant. Ciceron & Quintilien étoient des aveugles auprès d'eux. Ils ont fait des découvertes, aufquelles pas un des Anciens n'avoit penfé. Il n'y a point eu avant eux de Grammaire qui n'ait été un amas confus d'observations très- méprifables. Leur méthode eft la feule véritable. Ils prétendent qu'elle eft entierement appuïée fur la raifon; qu'elle contient peu de regles toutes aifées, & qui n'ont prefque point d'exceptions.Néanmoins à l'examiner, on ne la trouvera pas moins fautive que les autres. Le grand principe fur lequel Sanctius fe fonde, eit que les langues, & particulierement la Latine, ne dépendent pas quement de l'ufage; qu'on a obfervé une analogie, & que l'on peut rendre raifon des idiomes des langues. Voilà fur quel fon

uni

dement il établit une Grammaire raifonnée. Peut-être cette opi nion pourroit-elle fe foutenir en quelque maniere à l'égard des mots hebreux, qui ont été formés fur de juftes confidérations: mais dans la langue Latine dont il traite, qui depuis fa naiffance s'eft accrue confufément chez un peuple barbare, nous ne devons pas attendre une fi grande régularité. Les Romains n'ont fçu ce que c'étoit que Grammaire jufqu'au temps d'Ennius, où cette Langue avoit déja fait affez de progrès. Ils n'avoient donc point fuivi de regles, en formant leur langage. Ainfi vouloir fixer maintanant l'analogie des mots, c'est mettre des bornes, où l'on n'a jamais eu deffein d'en mettre, & imaginer des raifons, auxquelles on n'a jamais pensé.

Si la Grammaire étoit auffi ancienne que les Langues, nous

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