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nalogie ni dans le Grec, ni dans le Latin.

3o. Nous ne fommes pas plus heureux dans l'étude de la Syntaxe, foit que nous nous attachions aux regles, foit que nous fuivions l'autorité des meilleurs Auteurs. Le nombre des regles eft devenu à charge. La quantité des excéptions eft encore plus embaraffante. Si nous en croyons Scioppius, nos Grammaires ordinaires contiennent cinq cens regles fur la Syntaxe feule des noms, des verbes, & des participes. Il n'y a prefque pas une de ces regles qui n'ait plufieurs exceptions, Il en eft de même à proportion des autres parties de la Syntaxe; & ce travail prend beaucoup de notre temps. Voulons-nous avoir recours aux autorités? Les Critiques ont été fi févères, & fi impitoïables, qu'à peine fçavonsnous quel Auteur nous devons

pas

fuivre. Ciceron, qui eft le plus irréprochable, n'a pas été exempt de leur cenfure. Ils ne l'ont plus épargné que les autres. Valla & Erafme lui ont reproché des follecifmes: Diutiùs commorans Athenis.. erat animus ad te fcribere.. & quum in animo haberem navigandi. a Ce font-là des paffages marqués à ce fujet. Ciceron n'a pas été regardé de fon temps comme il l'eft de nos jours; il paffe parmi nous pour le modele de la langue Latine. Atticus b dans une Epître qu'il lui addreffe, l'accuse d'écrire en mauvais Latin; & pour le prouver, il lui oppose le ftile élégant de Térence. Quelque eftime que nous faffions de Ciceron, Térence pour lors l'emportoit donc fur lui. On peut dire qu'ils ont des defauts l'un & l'au

a Vid. Erafm. Cicer. Dial. op. tom. 1. p. 823. V. Valla. lib. 1. cap. 25.

61.7. Ep. 3.

tre, auffi bien que tous les auteurs en général.

4. La prononciation a caufé de grandes difputes; & elle a été fur-tout négligée dans la langue Grecque. Il fembleroit que c'eft une matiere peu fufceptible de conteftation. Cependant la négligence de la prononciation a fait un tort confidérable à cette Langue. Les Grecs modernes ayant fait peu d'attention à la valeur de leurs lettres, ont mêlé & confondu les fons de leurs diphtongues. Ils ont réduit deux fons en un ; & à la fin ils ont écrit plufieurs mots, comme ils les prononçoient ce qui a beaucoup contribué à la corruption de leur langue. Cette prononciation défectueuse a été apportée par Grecs réfugiés en Italie. Elle s'eft répanduë de-là par les livres dans la plus grande partie de l'Europe, jufqu'à ce qu'elle ait trouvé ici

:

les

en

en Angleterre deux hommes trescélebres, qui l'ont arrêtée, tous deux Profeffeurs l'un après l'autre en l'Univerfité deCambridge, Thomas Smith, & Fean Cheek. Comme cette conteftation n'est

pas bien connuë, & qu'elle peut donner quelque éclairciflement fur la prononciation du Grec, je rapporterai fuccinctement cette guerre grammaticale. Sur la fin du regne d'Henri VIII. Smith & Cheek commencérent à obferver les mauvais effets que caufoit la défectuofité de la prononciation grecque. Ils remarquérent que l'on avoit perdu les fons de plufieurs voyelles & de plufieurs diphtongues; que c'étoit ce defaut qui privoit la langue de fon ancienne beauté, de fon véritable efprit, & de fon caractere propre, & qui la rendoit languiffante & infipide. Dans cette prononciation ils ne fen

D

toient point cette harmonie, ni ces périodes coulantes, qui avoient acquis un fi grand nom aux anciens Rhéteurs & Orateurs Grecs. Ils ne pouvoient eux-mêmes faire paroître d'éloquence dans leurs difcours ni dans leurs harangues, parce que la beauté & la varieté des fons leur manquoient: c'est ce qui les fit penfer à une réformation.* Ils confulterent la plupart des anciens Rhéteurs & des anciens Auteurs Grecs, qui avoient traité des fons; & comme ils y trouverent dequoi introduire un changement, ils fe mirent à travailler, du confentement de la plupart des Sçavans de l'Univerfité. Il y eut d'abord quelques petites contrariétés: mais enfuite l'approba tion fut prefque générale.

*V. Cheek, de Ling. Gr. Pronunt. Difput. eum Steph. Vuint. Sparl.

V. Smith, de Pronunt. Ling. Gr.

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