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N livre comme celuici,dont le titre révolte

d'abord, a befoin d'une Préface qui prévienne le Lecteur, & qui l'empêche de former des préjugés defavantageux. Je veux rechercher les defauts des Scien

ces, moins pour pour en blâmer l'étude, que pour reprendre les hommes du mauvais ufage qu'ils en font. Autrement je tomberois dans une erreur, qui a toûjours fait honte au jugement de ceux qui l'ont foutenuë: car il

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n'y a jamais eu que des ignorans qui aïent méprifé les Sciences. Je penfe même que fi l'on entreprenoit de les décrier, il feroit tout-àfait impoffible d'y réüffir. En effet, ou les raisonnemens que nous employerions feroient accompagnés d'érudition; & alors en parlant contre les Sciences, nous parlerions en leur faveur par le fecours que nous

en tirerions, & tous nos argumens tourneroient de néceffité contre nous : ou fi l'ouvrage étoit groffier & mal entendu, il n'iroit point à fa fin, & mériteroit d'être rejetté comme inutile.

Mon unique but eft de dégrader les Sciences de leur élévation prétenduë,en découvrant la vanité des unes, l'imperfection des autres, & je crois pouvoir dire, les difficultés infurmontables qu'elles renferment toutes. Ce deffein peut avoir fon utilité dans un fiècle où les Sciences femblent être trop exaltées, & où les Savans s'élevent jufqu'à perdre tout fentiment de Religion.

La Science eft notre guide affidé. Nos gens d'efprit ne veulent plus rien admettre que ce que la raison délicate & fcrupuleufe ap

prouve; & chacun raisonne felon fon idée. Examinez çes puissans Défenseurs de leurs propres entêtemens, ils n'ont rien de plus folide que les autres hommes. Ils affectent feulement une liberté de juger comme il leur plaît, & s'il leur étoit poffible, de leur propre o pinion, ils en feroient la regle du genre humain. Ils foutiennent le parti de la droite raison : mais par la droite raifon, ils entendent la leur. Ils parlent d'une Religion raifonnable, tandis qu'ils s'en écartent par leurs fauffes idées ; & au lieu d'une Décffe, ils embraffent

un nuage. En même temps la foi fouffre de leurs difputes; ils nous détournent de la voye la plus fûre pour nous, & ils nous font infenfiblement tomber dans les erreurs d'une Religion naturelle.

La confidération de ces abus m'a fait faire des réflexions, & m'a infpiré des penfées peut-être trop féveres & trop pleines d'aigreur en quelques endroits, pour être du goût de ce temps. Mais fi mes Juges veulent bien attendre ma conclufion, j'ofe efperer qu'elle réparera ce qui aura femblé trop dur dans le cours

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