contenu dans fon livre & dans celui de M' Vvotton, n'a point de rapport à mon fujet, parce que je ne parlerai pas de Peinture, d'Architecture, d'Agriculture, c. qui font proprement du genre des Arts Mécaniques. S'il fe trouve des gens qui veuillent abfolument les mettre au rang des Sciences, je ne m'y oppoferai pas, & j'irai toûjours mon chemin.

On n'a déja que trop écrit fur les Sciences. Dans ces derniers temps, la Librairie a enfanté tant de volumes, qu'il n'est pas befoin d'en augmenter le

nombre. La vaste étendue des Bibliotheques ne fert qu'à diftraire nos efprits, & qu'à ralentir nos efforts. On auroit de la peine à nombrer les Auteurs qui ont écrit fur Ariftote. En trespeu de fiecles, depuis Albert Le Grand jufqu'à quelques années aprés Luther, on en compte douze mille, ou qui ont commenté les Ouvrages de ce Philofophe, ou qui l'ont fuivi dans fes opinions. Nous tenons cela de bonne part; & l'Auteur qui le rapporte, ne s'eft pas fouvenu qu'il alloit lui-même contre fon objection, en donnant un volume

fort gros, pour parler uni-quement d'Ariftote, de fes écrits, & de fes fectateurs*.

Aprés tout, fi nous avons

beaucoup d'Ecrivains fur la

Philofophie ancienne,nous

pouvons avancer fans exa

gération, que depuis Luther

jufqu'à préfent, il y en a eu

deux fois autant fur la Phi

fi

lofophie nouvelle. Quoiqu'il y ait des gens auprés de qui les temps fertiles en volumes passent pour des temps éclairés, je fuis d'un fentiment bien oppofé; & je trouve que c'eft abfolument là ce qui

v. Fr. Patric Difcuff. Peripat. 1. 10. P. 145+ Baf. fol.

fait tout le malheur du fiè

cle où nous vivons, & que nous ferions plus favans, si nous avions moins de li

vres.

Néanmoins je me fuis hazardé à en mettre encore un au jour : mais c'en eft un tres-petit, & de plus fait à deffein de diminuer le nombre des autres. Je n'en attens ni honneur ni profit; car je prendrai un foin particulier de n'être pas connu. S'il peut contribuer au bien de la Religion Chretienne, fans faire tort aux Sciences, je parviendrai à la fin que je me fuis propoféc. J'ai lieu d'efperer qu'il fera

de quelque utilité, parce que c'eft uneHiftoire des erreurs que les Commençans doivent éviter. Peut-être même ne fera-t-il pas inutile à ceux qui font plus avancés. Je le préfente au Public, tel qu'il est. Si l'on en tire quelque fruit, j'en

aurai en moi-même toute la fatisfaction imaginable; & s'il en arrive autrement, je confentirai volontiers d'être regardé comme un exemple récent de la foibleffe de l'efprit humain que j'entreprens de prouver.