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merce favant diverfes matieres, dont la principale ou la plus instructive eft la Refraction aftronomique.

Ce fut principalement à l'occafion de la Mesure de la Terre, commencée par l'Academie en 1669, que l'on s'aperçût des differentes refractions d'un objet veu fur la terre. Elles font d'autant plus grandes, qu'il eft plus élevé, ou plus éloigné, plus grandes le matin qu'à midi, & qu'aux heures correspondantes aprés midi, differentes en differens jours, le tout fans aucune proportion bien connüe. Tout cela peut s'expliquer par differentes couches de vapeurs répandues dans l'air, les inferieures plus groffieres que les fuperieures, plus mêlées ensemble & moins differentes, lorfque le Soleil a eu le temps d'agir fur elles. La quantité, la confistence, & le mélange de ces vapeurs dépendent d'une trop grande combinaison de caufes particulieres, pour nous permettre aucune détermination précise.

Il feroit de conféquence dans l'Astronomie de çonnoître au juste les réfractions des Aftres à l'horison, ou, ce qui revient au même, la variation que les réfractions caufent à l'apparence de l'horison fenfible, qu'elles élevent plus ou moins. L'Obfervatoire du P. Laval à Marseille est commode pour cette recherche, parcequ'il eft en vûë de la Mer, & a par consequent un horifon fenfible qu'on peut appeller veritable en comparaison des horisons terreftres, qui font prefque toûjours trop hauts, ou trop bas.

Le P. Laval a obfervé que l'horison de fon Obfervatoire terminé à la Mer, n'eft jamais plus bas que de 15 Minutes, ni moins que de 13, c'est à dire que l'arc de la circonference de la Terre, compris depuis l'Obfervatoire jusqu'à l'horifon, varie entre ces grandeurs, d'où M. Caffini conclut, par le moïen du Rayon de la Terre connu affés exactement, que l'étenduë de l'horison est de 7 petites lieuës, & que l'Obfervatoire eft élevé fur la furface de la Mer de 175 pieds.

C'est une chose remarquable, que quand la Mer a été groffe, ou que le Nord-Oüeft, ou le Sud-Eft ont été frais,

& que l'air a été rempli à l'horifon d'une brume déliée, le P. Laval a trouvé ordinairement fon horison plus bas, c'est à dire que la refraction a été moindre, puifqu'elle l'a moins élevé. Cependant ces circonstances auroient pû faire croire que l'air plus chargé de vapeurs auroit dû la rendre plus forte.

Il fembleroit de même que la refraction d'un Aftre vû au travers d'un nuage devroit être plus grande. Elle ne l'eft pourtant pas, & c'eft ce que M. Caffini & le P. Laval ont obfervé plufieurs fois. Delà M. Caffini conjecture qu'il pourroit y avoir dans l'air une matiere refractive differente de l'air.

D'un autre côté cependant les refractions paroiffent avoir un certain rapport à la conftitution de l'air. Le P. Laval trouve au Solftice d'Hiver la diftance du Soleil à l'Equateur ou l'obliquité de l'Ecliptique moindre qu'il ne la trouve au Solstice d'Esté, ce qui apparemment vient d'une refraction plus grande en Hiver qu'en Efté. Toujours il eft certain, comme nous l'avons dit dans l'Hift. de 1700 *, que vers l'Equateur les refractions horisontales font moindres que celles de nôtre climat d'environ an tiers, & que vers les 65 ou 66 degrés de latitude elles font prefque doubles des nôtres.

Entre les Tropiques, le Barometre en général s'éleve moins que dans les païs Septentrionaux, ce qui marque fûrement que l'air de la Zone Torride eft plus leger, & ce plus de legereté s'accorde bien avec de moindres refrations. Mais d'ailleurs le Barometre ne s'éleve pas plus à Stokolm qu'à Paris, du moins felon les obfervations d'un certain nombre d'années, quoique les refractions de Stokolm ayent toûjours été plus grandes. Voilà bien des contrarietés apparentes, qui éloignent beaucoup l'établiffement d'un fiftême; il fuffit maintenant de ramaffer tous les fujets d'incertitude, & peut-être quand ils feront en affés grand nombre, produiront-ils quelque certitude, ou quel que vrai-femblance.

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V. les M. P. 91. & 148.

*p. 68.

SUR L'APPARITION

L

D'UNE COMET E.

E Ciel confirme ce que nous avons dit dans l'Hift. de 1702*, que les Cometes qui étoient affés rares deviennent communes, depuis qu'il y a des Obfervateurs en plus grand nombre, & plus appliqués. Il a paru une Comete en 1698, deux en 1702, une en cette année, c'est à dire, 4 Cometes en 8 ans, mais il eft vrai qu'elles n'ont paru qu'aux yeux des Aftronomes, qui voudroient encore en voir plus fouvent, & qu'elles n'ont pas fervi à épouvanter les peuples.

Celle de cette année fut découverte par M Caffini & Maraldi, la nuit du 18 au 19 Mars, proche de la Couronne Septentrionale. Elle étoit de la grandeur d'une petite Etoile nebuleufe, plus claire vers le milieu que vers les bords, & mal terminée. On la reconnut pour Comete à fon mouvement propre, qui fut bien-tôt apperçû.

Par les obfervations des trois premieres nuits, où l'on pût la voir, on détermina que fa route étoit fur un grand Cercle qui coupoit l'Ecliptique vers le milieu de la Vierge & des Poiffons, & qui dans fon plus grand éloignement de l'Equateur, en étoit à 55 degrés, que le mouvement de la Comete fur ce Cercle étoit alors de 4 degrés par jour, contre l'ordre des fignes, & qu'elle s'approchoit toûjours de l'Ecliptique, allant du Nord Eft au Sud-Oüeft. On détermina même par la diminution sensible de fon mouvement, qu'elle avoit dû être vers fon Perigée au temps de la premiere observation.

Cette détermination du Perigée eft tout à fait impor tante. Quand elle eft une fois faite, M. Caffini fuppofe que la Comete au lieu de décrire un arc de Cercle ou de quelque autre Courbe, décrit la Tangente d'un Cercle concentrique à la Terre, qui a pour rayon la distance de

la

la Terre à la Comete dans fon Perigée. Cette Tangente l'est dans le point du Perigée. Quoique ce foit une ligne droite, elle peut dans une grande étendue être prise pour l'arc même de l'Orbe de la Comete, à cause de l'énorme grandeur dont cet Orbre doit être. De plus, M. Caffini fuppofe le mouvement de la Comete égal, & en effet il l'eft du moins par rapport à nous, tant à caufe de la grande distance, que de la petite partie de l'Orbe qui nous est vifible. Il prend enfuite par obfervation le nombre de degrés celeftes que la Comete a parcourus en un jour depuis fon Perigée, par exemple 4 degrés, il les pofe fur fa Tangente à compter depuis le Perigée, & par l'extrémité de cette étendue de 4 degrés, il tire au centre de la Terre une ligne qui eft l'hipotenufe de l'angle droit formé par le rayon du Cercle & par la Tangente. Les 4 degrés font la mefure, & dans la fuppofition prefente, la bafe de l'angle du centre. Voilà donc un triangle rectangle dont les trois angles font connus, & par confequent le rapport de fes côtés. Dans l'exemple prefent, fi le rayon du Cercle eft de 100 parties, les 4 degrés valent 7 de ces parties, d'où M. Caffini tira cette confequence, que le chemin de la Comete en un jour étoit les de fa plus petite distance à la Terre. Enfin la Tangente étant divifée en parties qui foient toutes égales à ces, on a le chemin de la Comete pour chaque jour, & on peut le prédire, de forte que fi on a été plufieurs jours de fuite fans la pouvoir obferver à caufe du mauvais temps, on fçait dés que le temps permet l'observation, à quel endroit du Ciel il faut pointer la Lunete pour retrouver l'Aftre. Il eft vifible que cette divifion de la Tangente en parties égales donne la diminution du mouvement apparent de la Comete, à mefure qu'elle s'éloigne de fon Perigée, car ces parties égales font vûës fous des angles toûjours plus petits, dont la diminution est aifée à connoître, & deft par-là que M. Caffini prédit les lieux de la Comete dans le Ciel.

Comme la fuppofition de la Tangente décrite par la Comete eft fauffe, on ne trouve plus l'Aftre sur cette li1706,

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V. les M.

P. 95.

gne droite, quand fon cours nous eft visible dans une étendue confiderable. Ainfi la Comete de cette année qui difparut le 16 Avril commençoit à s'écarter de la Tangente. Elle n'étoit plus même dans le plan d'un grand Cercle, c'est à dire d'un Cercle dont le plan eût paffé par le centre de la Terre.

A la fin de fon cours, fon mouvement n'étoit pas d'un degré par jour. Sa grandeur diminuoit en même temps.

Il parut en 1580 une Comete qui eut la même viteffe, & qui tint à peu prés la même route. On en pourroit tirer une conféquence favorable à l'Hipothefe des Retours.

La Theorie que nous avons rapportée, & par laquelle M. Caffini calcula le mouvement de cette Comete répondit auffi jufte aux obfervations que les meilleurs Tables de la Lune. On pourroit être étonné que le cours de la Lune, qui eft fi proche de nous, & toûjours exposée à nos yeux, ne nous fut pas plus connu que celui de ces Aftres étrangers, fi éloignés de nous, & le plus fouvent cachés, mais la proximité même de la Lune & fa préfence continuelle font la difficulté de connoître fon cours.

SUR LA PLANET E

M

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Ercure, qui à nôtre égard ne s'éloigne jamais plus du Soleil que de 28 degrés, en eft ordinairement fi proche, qu'il eft perdu & abîmé dans fa lumiere, & invifible à la vûë fimple. Quand il fe dégage des rayons du Soleil le plus qu'il eft poffible, il eft encore le plus fouvent dans les Crepufcules, & comme il eft beaucoup plus petit que la Terre, on ne le découvre pas fans peine, fuppofé même que le temps foit alors favorable.

Depuis l'ufage des Lunetes, on l'a vû plus commodément, mais rarement encore, & prefque toûjours le matin ou le foir. Or les observations faites en ces temps-là

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