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Lune à la Terre, ou, ce qui eft la même chofe, le demidiametre de fon Orbite étant environ de 60 demi-diametres de la Terre, un degré de l'Orbite de la Lune vaut 60 degrés d'un grand Cercle de la Terre, ou 1500 lieuës. Or la Lune parcourt un degré de fon Orbite environ en 2 heures, ce qui donne à son ombre une vîteffe de 12 lieuës par Minute, & dans ce même temps un boulet de Canon ne parcourt que prés de 3 lieuës. Nous n'entrons point ici dans les circonstances particulieres, qui peuvent faire varier la vîteffe de l'ombre, telles que font les inégalités da mouvement de la Lune, fes differentes distances à la Terre, la differente obliquité de la projection de l'ombre sur differentes parties de la furface du globe terreftre, la diverfité même des refractions des rayons du Soleil.

Le Languedoc, la Provence, & le Dauphiné fe font trouvés fur la route de la ligne qui partageoit par le milieu l'ombre de la Lunele 12 Mai, c'eft à dire qu'ils ont vû l'Eclipfe totale, & même centrale. Les lieux qui voyent une Eclipfe totale peuvent ne la pas voir centrale, parceque la Lune peut couvrir entierement le Soleil, fans que la ligne tirée du lieu de l'observation au centre de la Lune paffe auffi par le centre du Soleil. Mais ceux qui voyent une Eclipfe centrale la voyent auffi totale, fi elle peut l'ê tre, & de la plus grande durée dont elle puiffe être, du moins à peu de chofe prés. Les lieux qui voyent l'Eclipfe totale la voyent plus ou moins longue felon qu'ils font de part & d'autre plus ou moins éloignés des lieux qui la voyent centrale.

A Arles l'Eclipfe fut centrale, & dura totale pendant s', ce qui eft à peu prés la plus grande durée qu'une Eclipse totale de Soleil puiffe avoir. Puifque le diametre apparent de la Lune excedoit celui du Soleil de 2', la Lune aprésqu'elle eut entierement couvert le Soleil, eut ces 2 à par courir dans fonOrbite,avant que de pouvoir laiffer la moin dre partie du Soleil découverte. Or fi laLune fait 1 degré de fon Orbite en 2 heures, elle en fait 2' en s'. A Arles, auffibien que dans plufieurs autres Villes qui eurent l'Eclipse

ou centrale ou totale, l'obscurité fut fi grande que l'on ne vit plus ni à lire, ni à travailler; à peine fe reconnoifloiton les uns les autres; les Oifeaux de nuit fortirent de leurs trous, & ceux qui volent de jour fe cacherent. Les Astronomes virent auprés du Soleil Mercure, Venus & Saturne, & plufieurs fixes de toutes parts. Quand la plus petite partie du Soleil commença à reparoître, ce fut comme un éclair fubit & tres-vif.

La Societé Royale des Sciences établie depuis peu à Montpellier fur le modele de l'Academie, obferva avec beaucoup de foin cette Eclipfe. Ces Ms ont remarqué que pendant qu'elle fut totale l'obfcurité ne ressembla ni à celle de la nuit ni à celle du Crepufcule, mais qu'elle fut d'une espece particuliere, qui ne fe peut non-plus exprimer que la lumiere ou le fon. Il eft affés étonnant que la varieté qui regne dans la Nature s'étende jufque fur l'obfcurité, qui femble n'avoir qu'une caufe, & par confequent devoir être fort uniforme.

Mais de tous les Phenomenes de cette Eclipfe le plus confiderable, & en même temps le plus difficile à expliquer, ce fut une Couronne d'une lumiere pâle, large de la 12me partie du diametre de la Lune, qui parut autour de fon difque dans les lieux où l'Eclipfe fut totale. Les Aftronomes de la Societé Royale de Montpellier, plus attentifs & plus exacts que d'autres Obfervateurs, remarquerent que cette Couronne, qui, à la verité, ne s'étendoit point avec une égale vivacité au delà des bornes qu'on vient de lui donner, alloit beaucoup plus loin en s'affoibliffant toûjours, & formoit un grand espace circulaire de 8 degrés de diametre, & dont la Lune étoit le

centre.

D'où pouvoit venir cette Couronne lumineuse? puifque le diametre apparent de la Lune furpaffoit celui du Soleil, l'Eclipfe n'étoit pas annulaire, c'est à dire que la circonference du difque du Soleil ne demeuroit pas dé couverte, & d'ailleurs l'éclat de cette Couronne étoit fans comparaison moindre que celui de la plus petite par

tie du Soleil. Cette apparence auroit pû être caufée par une Atmosphere de la Lune, mais il n'eft guere vrai-femblable qu'elle en áit, puifque quand elle rencontre quelque Etoile & la cache, on ne voit point ordinairement ou la figure ou la vîteffe apparente de cette Etoile changer par la refraction que l'Atmosphere de la Lune cauferoit à fes rayons.

M. Caffini a donc recours à une autre hipothese. Il découvrit en 1683 une Lumiere qui fuit le Soleil, & qui l'a peut-être toûjours fuivi, fans avoir jamais été apperçûë jufque-là, parceque quand il y a des clairs de Lune elle en eft toûjours effacée, & hors delà, prefque toûjours par les Crepufcules, qui ne la laiffent paroître que quand ils font les plus courts, & n'en laiffent paroître que l'extremité la plus foible. Il fuppofa que cette Lumiere étoit caufée par une matiere répandue autour du Soleil jufqu'à une certaine distance, plus épaiffe à proportion qu'elle en étoit plus proche, & capable de reflechir les rayons vers nos yeux, lorfqu'ils n'y viennent plus directement. II avança même alors, conformément à fon fiftême, que fi on pouvoit voir cette Lumiere en prefence du Soleil, elle lui for -meroit une espece de chevelure, au lieu qu'elle ne paroifsoit qu'une traînée de lumiere d'une certaine largeur, toûjours étendue fur le Zodiaque, parcequ'on ne la voyoit que quand le Soleil étoit fous l'horifon. Il y a tout lieu de croire que la grande Couronne qui dans l'Eclipfe totale sa été vûë autour de la Lune, ou, ce qui revient au même, autour du Soleil, eft la Chevelure prédite par M. Caffini. En effet, elle n'a paru qu'au même degré d'obfcurité à peu prés où l'on voit, aprés la fin des Crepufcules, la Lumiere qui s'étend fur le Zodiaque jufqu'à un certain terme. Il eft tres-poffible, pour ne rien dire de plus, que cetste même Chevelure ait déja paru dans d'autres Eclipfes, & que faute de connoître la Lumiere qui la produifoit, on ait pris pour annulaires des Eclipfes totales, & même plus que totales. Plus on fait de découvertes, plus on voit qu'on n'en fçauroit trop faire, & qu'elles font toutes in*portantes.

V. les M. P. 462.

V. les M. P. 471.

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Toutes les obfervations de cette Eclipfe que l'Academie pût avoir de differents lieux, fervirent, felon la methode de M. Caffini, à déterminer les Longitudes.

La troifiéme Eclipfe de cette année fut une Eclipfe de Lune, qui arriva le 21 Octobre au foir. Selon la Connoif fance des Temps le commencement devoit être à 6h 3′ 37′′, le milieu à 7 22′ 1′′, la fin à 8h 40′ 25′′. La grandeur devoit être de 7 doits 26'. Le temps fut ici tres-contraire à l'observation, & la rendit fort imparfaite, mais à Marfeille & à Boulogne en Italie il fut plus favorable, & les observations qu'on y fit fe font trouvées, aprés les redu ctions neceffaires, aflés conformes à la Connoiffance des Temps,

SUR UNE CONFONCTION
DE JUPITER

L

AVEC LE COEUR DU LION.

Es meilleures Tables Astronomiques, & les plus propres à representer les mouvements celeftes, étant une fois construites, ce n'eft pas un repos acquis aux Aftronomes. Elles demandent à être tous les jours comparées avec le Ciel, foit parcequ'elles ne peuvent jamais être de la derniere exactitude, foit parceque peut-être le Ciel changera. M. de la Hire ayant comparé à fes Tables de Jupiter une observation qu'il fit le 17 Octobre 1706 de la conjonction de cette Planete avec l'Etoile nommée le Cœur du Lion, ou Regulus, fut content de leur juftesse, & à cette occafion il examina les deux feules conjonctions de Jupiter avec la même Etoile, dont il y ait memoire parmi les Aftronomes.

vée

La premiere eft de l'an 508 obfervée à Athenes, troupar M. Boüillaud dans un ancien Manufcrit de la Bibliotheque du Roi. La feconde a été observée en 1623

par

par M. Bouillaud lui-même, encore fort jeune. Nous n'entrerons point dans le détail des reflexions de M. de la Hire fur ces deux obfervations, & fur les confequences que M. Bouillaud en a tirées pour la longitude ou la latitude de Jupiter. Nous rapporterons feulement ici un fait digne de remarque. M. de la Hire voyant fes Tables trop éloignées de la pofition que M. Bouillaud donnoit à Jupiter dans la conjonction de 508, & foupçonnant quelque er reur dans les calculs de cet Aftronome, quoique treshabile, trouva qu'effectivement il n'avoit pas fait attention que l'année 508 étoit Biffextile, & cette legere inad vertance étoit la feule caufe de tout le mal. Ce qui prouve combien il est aifé de tomber dans une semblable erreur, c'est qu'il eft même difficile de s'appercevoir qu'un autre y foit tombé,

Parmi toutes les difcuffions délicates où M. de la Hire eft conduit par le sujet qu'il traite, il propofe un foupçon qui lui eft venu, que le mouvement des Noeuds des Pla netes pourroit bien n'avoir pas toûjours la même direction, mais retrograder quelquefois, & avoir des efpeces de vibrations irregulieres. A l'égard de la Lune, cela est conftant, il croit en être fûr pour Saturne, peut-être dans les autres Planetes les irregularités du mouvement des Nœuds font-elles moins fenfibles. Il eft toûjours certain que quand on ramene les chofes à la Phifique le préjugé eft grand contre l'uniformité ou l'égalité exacte.

SUR LE

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LES TACHES.

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Elon le plan que nous avons exposé dans l'Hift. de 1705. & en fuppofant les connoiffances préliminai- * p. 116. res qui y ont été établies, voici le réfultat des Obfervations que M's Caffini, de la Hire & Maraldi ont faites des Taches qui ont paru cette année dans le Soleil.

1706.

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