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en a faites autrefois, on ne voit les Abeilles s'attacher qu'à ces Etamines, & non aux endroits d'où il peut fortir quelque liqueur.

M. Lemery a examiné la nature du Miel par les analifes Chimiques. Il en a pris de differents païs, de Narbonne, de Champagne, & de Normandie, le Miel diminuë en bonté felon l'ordre où ces lieux viennent d'être nommés, mais les analifes font peu differentes.

Les trois quarts de la fubftance du Miel s'en vont en liqueur par la diftillation. De cette liqueur, qui change felon les degrés du feu, & la durée de l'operation, il y en a plus d'un quart qui n'eft qu'une eau infipide au goût, & cependant acide en elle-même, puifqu'elle rougit le Tournefol, prefque tout le refte est une eau fenfiblement acide qu'on appelle Efprit de Miel; il ne vient que fort peu d'Huile. Le quart de la fubftance du Miel qui demeure folide, eft un charbon noir & leger, qui lorfqu'on le met tremper dans l'eau, y bouillonne comme de la Chaux. On en tire par la lixiviation un peu de fel Alcali.

De tout ce qui fort du Miel, rien n'en conferve legoûr, ni même un goût approchant, & il n'y a pas lieu d'en être furpris; la faveur, ainfi que toutes les autres proprietés des Mixtes, dépend d'une certaine liaison des principes M. Lemery croit que le doux vient d'un mêlange intimet d'un Acide avec un fouffre ou une huile qui le tempere & le corrige. Il prouve cette penfée par l'exemple du fucre de Saturne, ainfi nommé pour fa douceur. C'eft du Plomb;. metal infipide de lui-même, mais tres-fulfureux, diffous par un Acide. Il n'eft pas toûjours aifé à l'Art, ni de faire un mêlange affés intime des deux matieres qui compofent le doux, ni d'en rencontrer précisément la dose.

M. Lemery a voulu éprouver fi l'Efprit de Miel rectifié diffout l'Or & d'autres Métaux, comme l'ont écrit plufieurs Chimiftes. Il a trouvé que cet Efprit tiroit de l'Or une teinture jaunâtre, & du Cuivre un peu d'odeur fans. teinture, qu'il penetroit le fer, le Plomb & le Mercure, mais non-pas l'Argent ni l'Etain.

V. les M. P. 411.

65.

SUR LE FER DES PLANTES.

L

Es operations de M. Lemery fur le Miel rapportées dans l'Article précédent, lui ont fourni une Réponse à la Question que M. Geoffroy propofa dans l'Hift. de * p. 64. & 1705*, s'il peut y avoir des Cendres de Plantes fans fer? Nulle matiere tirée des Plantes ne paroît devoir être plus exempte de fer que le Miel, qui n'eft qu'un Extrait fort délicat des fleurs, travaillé encore dans les Visceres du petit corps de l'Abeille, cependant M. Lemery aprés avoir pris toutes les précautions poffibles contre le fer, qui auroit pû furvenir par accident, & se mêler dans fes operations, a trouvé dans le Charbon noir qui est resté des difcillations du Miel, de petits grains que l'Aiman attiroit.

Il y a plus. M. Lemery le fils en a trouvé auffi dans le Caftoreum, qui est une matiere animale.

Il faut donc, ou que quelqu'autre matiere que le fer puiffe être attirée par l'Aiman, ou qu'il fe forme du fer par la calcination qui fait les Cendres, ou qu'enfin il foit réellement contenu dans les Plantes, & même dans quelques parties d'Animaux. M. Lemery le fils tient pour dernier parti.

le

Ces grains tirés des Plantes, & fur lefquels l'Aimanagit, fe fondent au Miroir ardent précisément de la même maniere, & avec les mêmes circonstances que de la limaille de fer. Pourquoi donc ne feroient-ils pas de veri

table fer?

On doit préfumer qu'ils en font, fi rien n'empêche de le croire, & c'est en fuivant ce raisonnement que M. Lemery le fils répond à toutes les difficultés qu'on pourroit oppofer. Quelque étroits que foient les tuyaux des Plantes, il prouve que le fer fe peut divifer en affés petites parties pour y paffer aifément. Quelque pefant qu'il foit, il peut s'y élever, étant diffous dans une liqueur. Il est in. conteftable que des parties de terre s'y élevent.

Une recherche plus particuliere fur la facilité du fer à s'élever, a produit à M. Lemery le fils une experience curieuse. Sur une diffolution de limaille de fer par l'Esprit de Nitre, contenue dans un Verre, il a verfé de l'Huile de Tartre par défaillance; la liqueur s'eft fort gonflée, quoiqu'avec une mediocre fermentation, & peu de temps aprés qu'elle a été repofée, il s'en eft élevé des efpeces de branchages, attachés à la fuperficie du Verre, qui continuant toûjours à s'étendre & à croître l'ont enfin entierement couverte, & fe font même répandus enfuite fur la fuperficie exterieure. La figure de branchages eft fi parfaite, qu'on y apperçoit jufqu'à des efpeces de feuilles & de fleurs, & cette vegetation de fer peut auffi legitimement être appellée Arbre de Mars qu'une vegetation de Mercure, quoique differente, a été appellée Arbre de Diane. Si la liqueur qui en montant fe répand hors du verre fans le mettre en branchages, y eft reversée, elle recommence bien-tôt à monter, & fe durcit en rameaux, foit en tout ou en partie, de forte qu'il n'y a qu'à reverfer dans le Verre ce qui eft demeuré liquide, & à la fin le tout fe confume à la formation de l'Arbre. Il y a quelque legere varieté d'effet qui dépend de la dofe de la diffolution du fer, & de l'Huile de Tartre.

L'extrême volatilité de cette liqueur ne peut être attri buée qu'au fer, puifque certainement l'Efprit de Nitre, & l'Huile de Tartre mêlés enfemble ne produiroient pas une femblable vegetation. Par-là, M. Lemery le fils n'a pas de peine à comprendre que du fer diffous dans la Terre par des Acides s'éleve jufqu'au haut des Plantes, & que peut-être il aide à l'élevation de la feve; il comprendroit même que la figure que le fer prend naturellement en s'élevant dans le Verre, peut contribuer à celle des Plantes où il est enfermé, & que c'eft lui en partie qui leur fait jetter des branches; mais cette penfée eft encore trop nouvelle, & même trop contraire à plufieurs apparences aflés fortes, pour être propofée fans beaucoup de défiance. Il eft bon qu'on en hazarde quelquefois de cette

efpece, comme les Medecins hazardent des Remedes, mais il faut à leur exemple y apporter les précautions neceffaires.

V. les M. P. 507.

SUR LANALISE DE DEUX

V

PLANTES MARINES.

Oici un des premiers fruits de l'union de l'Academie des Sciences avec la Societé Royale de Montpellier établie en 1706 par le Roi. M. Matte, l'un des membres de cette Societé, ayant envoyé à M. Geoffroy le détail de l'Analife qu'il avoit faite d'une espece de Lithophyton, ou Plante pierreufe née dans la Mer, M. Geoffroy fut furpris de ce qu'elle avoit donné autant de fel volatil urineux qu'auroit pû faire une matiere animale, quoiqu'il foit conftant jusqu'ici par toutes les experiences des Chimiftes, que les matieres vegetales en donnent beaucoup moins. La curiofité de M. Geoffroy ayant été excitée par cette nouveauté, il fit l'Analife d'une Eponge de la moïenne efpece, autre Plante marine, & il en tira autant de fel volatil que l'on en tire de la foye, celle de toutes les matieres animales qui en donne le plus. Les Chimistes font perfuadés que les Poiffons en rendent ordinairement moins que les Animaux terreftres, mais en récompense voilà des Plantes de Mer, qui en ont plus que cel

les de la Terre,

M

OBSERVATION

CHIMIQUE.

Onfieur Lemery ayant examiné par les épreuves
Chimiques une Eau minerale qui eft dans le
de M. Billet au Fauxbourg S. Antoine, & qui commence
Jardin

à avoir de la réputation, a trouvé qu'elle contenoit un fel nitreux, mêlé avec une terre entierement argilleuse, ou fulphureufe. Il ne croit pas cette terre entierement inutile pour la vertu de l'eau; car étant intimement unie avec le fel, comme elle l'eft, elle fait une espece de favon doux, qui rend l'eau plus capable de fondre & de dissoudre les humeurs, que fi elle ne contenoit que le fel.

N

C

Ous renvoyons entierement aux Memoires la fuite
des Effais de Chimie de M. Homberg.

Ette année M. Lemery publia fon Traité de l'Antimoine, annoncé dans le premier Volume de nos Hiftoires, & depuis dans tous les autres jufqu'à celui-ci. Comme l'Antimoine eft un des principaux objets de la curiofité des Chimiftes, &, ce qui eft encore plus important, l'un des plus grands Remedes de la Medecine modernę, M. Lemery a jugé à propos de l'examiner à fond, & d'y épuifer tout l'art de la Chimie. Les Diffolutions, les Sublimations, les Distillations, & les Calcinations de ce Mineral, combiné avec toutes les matieres dont on a pû efperer quelque effet, divifent tout l'Ouvrage en quatre parties. M. Lemery n'a pas negligé même de rapporter les operations qui n'ont pas réüffi, pour en épargner la peine à d'autres Chimiftes, & prévenir des deffeins inutiles, ou du moins, pour faire voir en quelles circonftances elles ne réüffiffent pas. L'exactitude & la fincerité, fi rares juf qu'à prefent en Chimie, doivent relever le prix de cet Ouvrage.

V. les M. P. 160.

1706.

F

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