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tume de Judée, & 4 onces d'Opopanax, & ayant mis dans fes poches toutes ces Drogues, chacune envelopée dans un petit fac, horfimis le Sagapenum & l'Opopanax qui étoient ensemble, fut fort étonné, quand il rentra chés lui, de ce que tout le monde trouvoit qu'il fentoit horriblement le Mufc, car chacune de ces Drogues en particulier a une odeur trés puante, & trés pénétrante, à la réserve du Bitume de Judée, qui cependant ne sent rien d'approchant du Mufc, & ces mêmes Drogues là font employées dans la Medecine contre les Vapeurs que le Mufc & d'autres odeurs femblables peuvent avoir caufées. Il examina tous les facs l'un aprés l'autre, ils étoient tout neufs, aucun n'avoit fervi à enveloper du Musc, ni ne le fentoit, & ils n'avoient que l'odeur de la Drogue qu'on y avoit mife. Il les rapprocha tous, & ils produi

firent une odeur de Mufc. Celle dont les habits de M. Lémery étoient parfumés lui dura jufqu'au lendemain & affés forte. On ne fe feroit pas avifé de ces ingredients pour former une bonne odeur, car celle du Mufc doit pafler pour telle, quoique peu à la mode aujourd'hui, & affés décriée.

VI.

M. Poupart a donné l'Histoire du Formica-Leo dans les Memoires de * 1704 & nous la fuppofons pour l'in- p. 235. telligence de ce qui fuit. Un Ami de M. Carré cherchant de ces Infectes à la Campagne, trouva un grand nombre de ces trous qu'ils fçavent faire avec tant d'adreffe, mais la plûpart étoient fans Formica-Leo, ce qui lui fit croire qu'ils avoient été la proye de quelques Animaux, plus Lions qu'eux-mêmes. Il fut bientôt détrompé, en remarquant au fond de ces trous de petits Vers longs d'environ 6 lignes fur une demi-ligne de large. Il en prit quelques-uns qu'il mit dans du fable, où il leur vit faire leurs trous à la maniere du Formica-Leo. Il leur jetta des Fourmis, que les Formica-Leo aiment tant, & ils s'en faifirent avec ardeur en les envelopant avec la moitié de leur corps, car l'autre demeure enfoncée dans le

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fable. Comme ils n'ont pas autant de force que les Formica-Leo, leur proye leur échape fouvent, & pour la rattraper ils fe fervent de la même rufe, ils conftruisent leur foffe plus en talut, ce qui fait retomber l'animal. Les Formica-Leo s'en accommodent fort bien, quand on leur en donne, mais il ne faut pas s'en étonner, puif qu'ils s'accommodent bien de leur propre efpece. Ces Vers fe metamorphofent en un Infecte fort femblable au Coufin, finon qu'il eft plus long, & plus gros. L'Obfervateur les nomme Formica-vulpes, pour les diftinguer des Formica-Leo, & marquer leur fineffe.

VII.

Le même Ami de M. Carré examinant le Cristallin d'un Serpent, qui avoit une ligne de diametre, le trouva d'une fphericité parfaite, même avec la Loupe. Comme il ressembloit à une Lentille faite à la Lampe, il voulut s'en fervir pour voir les objets à travers, & il trouva qu'il les groffiffoit extrémement, & autant qu'une femblable Lentille de verre, mais que la tranfparence du verre y manquoit, apparemment à caufe de la membrane qui envelope le Cristallin. Il est certain par là que ces Animaux doivent voir les Objets incomparablement plus grands que nous ne les voyons.

VIII.

I

Le même Observateur de la Nature a rencontré par hazard un Ver long de 2 pouces fur 1 ligne de large, & d'épaiffeur, d'un jaune affés foncé, comme les Perceoreilles, & qui a 80 jambes de chaque côté. La tête & la queue different fi peu par leur figure, qu'on ne peut conjecturer laquelle des deux extrémités eft la tête. On ne le diftingue point non plus au marcher de l'Animal, car quand on le contrarie dans fa marche, il ne fe détourne pas à côté comme les autres, mais retourne tout court für fes pas en allant à rebours, de forte que la partie qui dans le premier mouvement étoit la posterieure, devient l'anterieure dans le fecond, & ces deux mouvemens font d'une égale facilité. Peut-être cet In

fecte

fecte a-t-il deux têtes & deux cerveaux, comme d'autres ont plufieurs poumons. Quoiqu'il en foit, fes deux extré mités fe terminent en pointe avec deux petites Cornes femblables à ses jambes, & longues environ d'une ligne. Il eft fort vif, & fort agile, & l'ordre avec lequel il remüe successivement fes 160 jambes eft admirable.

Le Philofophe qui l'observoit le coupa en deux parties égales, & dont par conféquent chacune avoit 80 jambes, elles marcherent toutes deux avec la même agilité que l'Animal entier, elles cherchoient à fe cacher dans quelque trou, & l'Obfervateur ayant mis de l'eau à leur paffage, chacune s'y engagea un peu, mais elles fçurent bien en fortir. Il coupa de nouveau chaque partie en deux, & toutes les quatre marcherent encore, mais plus lentement; elles faifoient fouvent des contorfions femblables à celles des Queües de Serpents que l'on a coupées. Les parties feparées ne cherchoient point à fe rejoindre; quand on les remettoit l'une contre l'autre, elles fe recoloient un peu par le moyen d'un fuc vifqueux qui fortoit des playes, mais elles ne s'accordoient pas dans leurs mouvemens.

IX.

Ce Philofophe a encore trouvé un Infecte Poiffon qui fe transforme en Demoiselle. Quand il est dans l'eau, il a prés de 2 pouces de longueur, une queue qui en tient les deux tiers, & qui a 4 lignes de large au milieu, & se termine en pointe. Elle eft platte en deffous, & ronde en deffus. Dans l'autre tiers de la longueur de l'Animal, on voit fa tête, & 6 jambes. La Demoiselle qui en fort eft de celles qui voltigent fur les eaux dormantes, où elles dépofent leurs Oeufs. Voilà un Animal qui de Poiffon devient Oiseau, different apparemment des deux efpeces dont M. Poupart a parlé dans les Memoires de 1704 *; peut-être trouvera-t-on à force d'observer que ce changement d'habitation & d'Element eft affés commun.

X.

P. 246. & fuiv.

'P. 22. &

Ce que nous avons raporté dans l'Histoire de 1703*, Luiv. 1706.

B

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de ces Pierres tirées dans le Veronois qui renferment des Plantes & des Poiffons deffechés, a été confirmé par M. Leibnits. Il dit que dans le Païs de Brunfvic aux environs d'Ofteroda, dans la Comté de Mansfeld aux environs d'Eiflebe, & en beaucoup d'autres endroits d'Allemagne, on trouve des veines d'Ardoife horisontales à peu prés, où il y a des representations, mais trés exactes & trés finies, de diverfes fortes de Poiffons ou de Plantes, qui paroiffent dans leur longueur & dans leur largeur naturelles, mais fans aucune épaiffeur. Ces traces font fouvent marquées fur un mélange de Cuivre, qui contient même de l'Argent. Il y a quelques-unes de ces Plantes que l'on ne connoît plus en ces Païs-là, mais on les retrouve dans les figures des Plantes des Indes.

M. Leibnits conçoit qu'une espece de terre a couvert des Lacs & des Prés, & y a enfeveli des Poiffons & des Plantes, ou que quelque eau bourbeufe chargée de terre les a envelopés ou emportés. Cette terre s'eft depuis durcie en Ardoife, & la longueur du temps, ou quelque autre caufe a détruit la matiere délicate du Poiffon ou de la Plante, à peu près de la même maniere dont les corps des Mouches ou des Fourmis l'on trouve que enfermés dans l'Ambre jaune, ont été diffipés, & ne font plus rien de palpable, mais de fimples délinéations. La matiere du Poiffon ou de la Plante étant confumée, a laiffé fa forme empreinte dans l'Ardoife par le moyen du creux qui en eft refté, & ce creux a été enfin rempli d'une matiere metallique, foit qu'un feu fouterrain cuifant la terre en Ardoife en ait fait fortir le metal qui étoit mêlé, foit qu'une vapeur metallique penetrant 'Ardoife fe foit fixée dans ces creux. M. Leibnits ajoûte qu'on peut imiter cet effet par une operation affés curieuse. On prend une Araignée, ou quelqu'autre Animal convenable, & on l'enfevelit fous de l'argile, en gardant une ouverture qui entre du dehors dans le creux. On met la maffe au feu pour la durcir; la matiere de l'Animal s'en va en cendres, qu'on fait fortir le par moyen

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de quelque liqueur. Aprés quoi on verse par l'ouverture de l'argent fondu, qui étant refroidi, on trouve au dedans de la Maffe la figure de l'Animal assés bien reprefentée en argent.

pas.

Plufieurs Auteurs ont appellé ces fortes de reprefentations de Poiffons ou de Plantes dans des Pierres, Jeux de la Nature; mais c'eft là une pure idée Poëtique, dont un Philofophe tel que M. Leibnits ne s'accommode Si la Nature fe joüoit, elle joüeroit avec plus de liberté, elle ne s'affujettiroit pas à exprimer fi exactement les plus petits traits des Originaux, &, ce qui eft encore plus remarquable, à conferver fi jufte leurs dimenfions. Quand cette exactitude ne fe trouve pas, ce peuvent être des Jeux, c'eft à dire, des arrangemens en quelque forte fortuits. Il eft vrai qu'une reprefentation d'une Plante des Indes dans une Pierre d'Aliemagne femble d'abord contraire au Siftême de M. Leibnits. Mais que la Plante representée se retrouve aux Indes, c'eft deja un grand préjugé qu'il n'y a pas là de Jeu; il eft aifé d'imaginer plufieurs accidents par lefquels une Plante aura été apportée des Indes en Allemagne, même dans les temps où il n'y avoit pas de commerce entre ces Païs-là par la navigation; & enfin il paroît à plufieurs marques, qu'il doit s'être fait de grands changemens phifiques fur la furface de la Terre. M. Leibnits croit que la Mer a prefque tout couvert autrefois, & qu'enfuite une grande partie de fes eaux se font fait un paffage pour entrer dans des abismes creux, qui font au dedans de nôtre Globe. De-là viennent les Coquillages des Montagnes. Mais toute cette matiere meriteroit une plus ample discussion.

Ous renvoyons aux Memoires:

V. les M.

Le Journal des Obfervations de M. de la Hire pendant l'Année 17052 fur la Quantité d'Eau de pluye, P.1. 6, & fur les Vents, &c. Celles de M. le Baron de Pontbriand,

II.

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