Imágenes de páginas
PDF
EPUB

OBSERVATION

De l'Eclipfe de Lune du 28 Avril 1706 faite
à l'obfervatoire.

L

PAR Mrs. DE LA HIRE,

E Ciel fut tout couvert, & il plut dans tout le commencement de cette Eclipfe; mais vers le milieu la Lune commença à paroître entre les nuages. Nous n'en pûmes faire que les obfervations fuivantes avec le Micrometre appliqué à la Lunete de 7 piés.

à 1 43′ 24′′ La Lune étoit éclipfée de 46 16

2 044

8 12

20.38

doits 40minutes.

[ocr errors]

40 A

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

1706. 5. May.

4146 3428

Fin de l'Eclipfe, mais un peu douteuse, à cause qu'on ne peut pas bien juger de l'ombre veritable qui ne paroît plus fur le difque de la Lune.

L'ombre paffa un peu au-delà du Promontorium acutum, & il nous fembla qu'il fut tout caché à 1 51′30′′; mais il étoit fort difficile d'en bien juger, à caufe que l'ombre paroiffoit aller fort lentement en cet endroit.

Nous ne pûmes pas obferver les Emerfions des Taches ni même de Tycho, les nuages qui paffoient continuelle ment fur le corps de la Lune ne le permettant pas.

L'ombre étoit fort noire, & lorfque le Ciel étoit le plus ferein, on voyoit affez difficilement le bord du difque qui étoit obfcurci. Elle étoit d'ailleurs affez nette & tranchée.

29′37′′

Nous obfervâmes auffi le diametre de la Lune de 29′ 37′′ à la hauteur de 15° 40′. Nous avions fait le jour précedent quelques obferva

1706.

8. May.

tions de la Lune, comme fon paffage par le meridien, pour le comparer à celui qui précedoit l'Eclipfe; mais on ne pût pas à cause du mauvais tems.

Il faut remarquer que dans les Eclipfes de Lune, lorf que l'ombre eft fort noire, ce qui arrive affez rarement, il eft difficile de déterminer l'Emerfion des Taches, qu'on ne peut pas voir avant qu'elles foient forties; car on ne diftingue pas facilement les Taches dans l'ombre.

L

OBSERVATIONS

SUR LE FER

AU VERRE ARDENT.

PAR M. HOMBERG.

E Fer forgé étant exposé au verre ardent en petits morceaux, comme font les pointes de clous de Maréchal ou des broquettes de Tapiffier, s'y fond affez vîte, mais d'une maniere differente des autres metaux. Tous les metaux quand ils commencent à fondre, c'est toute la masse ensemble qui fe liquefie peu à peu, comme l'on voit le plomb fe fondre ou l'étain au feu ordinaire: mais le fer fe fond au Soleil tout autrement. Voici comment.

D'abord il paroît fur la fuperficie du fer une matiere fondue comme de la poix noire, qui fe diftingue fort bien d'avec une autre fubftance du fer qui eft blanche & plus difficile à fondre, fur laquelle cette matiere noire coule & change de place comme la cire fondue couleroit fur un metal chaud. Le fer fe tient quelquefois un bon miferere dans cette fituation avant que la matiere blanche com mence à fe fondre, laquelle paroît inégale & raboteuse fous cette matiere noire, jufqu'à ce que toute la maffe du fer foit fonduë: alors fi le fer eft foûtenu d'un charbon, la matiere noire fe joint au charbon, s'enflamme, le creu

se fort vîte & faute en étincelles, qui petillent comme le fer qui brûle dans la forge d'un Maréchal.

Les étincelles en fortent d'abord fort groffes & en grande quantité; elles diminuënt enfuite jufqu'à ce qu'à la fin il reste une maffe de fer fondu qui ne jette plus d'étincelles, & qui fe tient en fonte auffi tranquilement qu'une goute d'huile se tient fur une affiete d'argent.

Pendant que le fer eft dans cette fonte tranquile où il ne jette plus d'étincelles, il s'amaffe fur fa fuperficie un verre transparent, mais qui ne s'y tient pas de la même maniere qu'il fait fur les autres metaux qui fe vitrifient, où le verre nage fur le metal fans fe bourfouffler, comme une goute de graiffe nageroit fur l'eau chaude: mais le verre du fer fe bourfouffle & s'éleve en écume blanche, qui de temps en temps fe rabat en une goute unie & traníparente, & qui un moment aprés fe releve en écume; ce qui arrive fucceffivement & fouvent. Mais le fer étant refroidi, le verre n'eft ni blanc ni tranfparent comme il pa roiffoit étant liquide, mais fort noir comme feroit un émail noir.

Pendant le temps que le fer petille & que les étincelles en fautent, il s'attache fur toute la fuperficie du charbon qui foûtient le fer, une tres-grande quantité de petites boulettes, qui ne font autre chofe que la partie inflammable du fer qui s'en fepare en forme d'étincelles, & qui tombe fur le charbon. Si l'on remuë un peu le charbon pendant la fonte tranquile du fer, enforte que ces petites boulettes des étincelles puiffent retomber fur ce fer fondu; alors ce fer recommence à jetter des étincelles juf qu'à ce que la matiere étincelante en foit entierement refortie.

Il y a beaucoup d'apparence que la matiere qui fournit ces étincelles, ou la matiere inflammable du fer, eft cette matiere noire qui fe fond d'abord que le fer paroît au foyer du verre ardent; puifque le fer ne commence à jetter des étincelles, que lorfque cette matiere noire commence à toucher le charbon, & que la partie du fer qui fe

tient en une fonte tranquile fans étinceler, eft cette matiere blanche du fer qui fond la derniere; que la premiere eft une matiere non encore metallique, & que la derniere est le vrai fer ou la partie metallique du fer.

Le hazard nous a découvert que dans toutes les cendres il se trouve une poudre noiratre qui eft un vrai fer: ce que l'on peut verifier de cette maniere. Brûlez en cendres quelle forte d'herbes feches ou du bois que vous voudrez: prenez les précautions neceffaires pour qu'il ne s'y puiffe mêler quelque matiere ferrugineufe: puis foüillez dans ces cendres avec une lamme de coûteau bien nette & qui foit aimantée d'un Aimant vigoureux; vous trouverez au bout de vôtre coûteau une barbe d'une poudre noiratre comme fi vous l'aviez trempé dans de la limaille de fer. Ramaffez cette poudre : faites cela tant de fois yous en aïez affez pour la pouvoir fondre; ce que vous ferez aisément au verre ardent: il vous en viendra une grenaille de fer, qui jettera des étincelles fur le charbon comme fait un morceau de fer qu'on rougit fortement à la forge.

que

Cette experience nous marque avec beaucoup d'évidence que dans le brûlement ou dans l'incineration de toute matiere vegetale il se compofe du fer, puisqu'il s'attache au bout du coûteau aimanté en forme d'une poudre noiratre, ce qui n'arrive à aucune autre matière qu'au fer ou à l'acier, qui eft du fer purifié : Et comme dans le brûlement de quelque matiere vegetale que ce foit, les cendres qui en proviennent confiftent en une partie de fel fixe de la plante, en un peu d'huile fetide & en un peu de terre, il pourroit fort bien être que la fubftance du fer confifte de même en une partie de terre & de fel fixe de la plante, dont les parties font fi fortement collées enfemble & envelopées dans le feu par l'huile fetide du vegetal brûlé, que la flamme a de la peine à les feparer les unes des autres, & qu'elles s'y fondent plutôt ensemble pour produire un corps dur & cependant malleable que nous appellons du fer,

Nous

que

Nous avons obfervé la matiere noire du fer eft une matiere huileuse, qui s'enflamme avec le charbon ou femblable & non autrement. Il pourroit bien être que cette matiere huileufe ou noire du fer foit un refte fuperflu de l'huile du bois ou d'autre vegetal, qui par fon incinera. tion a produit le fer, & qui ne s'eft pas joint affez intimement ou en trop grande quantité avec les autres principes qui entrent dans la compofition du fer, & qui fe rejoint dans l'occafion aux parties huileufes ou inflammables du charbon comme à fon femblable, & y produit cette inflammation ou étincellement comme la matiere huileuse vegetale ou animale en se joignant à quelque fel lui donne le caractere du falpetre, & qui s'en détache en s'enflammant à chaque fois qu'elle touche à un charbon ardent.

L'étincellement du fer n'arrive ordinairement que lorf qu'on le fond fur un charbon: car fi on le fond fur quelqu'autre metal, dans un creuset ou fur de la porcelaine; le fer n'étincelle point, & alors la matiere blanche du fer se separe de la noire dans la fonte, & fait un culot à part, fur lequel nage la matiere noire, comme les fcories furnagent un metal fondu. La matiere blanche eft dure comme l'acier trempé; & étant caffée, elle est jaunâtre en dedans, & quelquefois blanche comme de l'argent. La matiere noire, étant réduite en scories, eft tendre & friable comme du verre outré au Soleil.

Le fer joint aux autres metaux par la fonte produit des effets differens felon les metaux aufquels on le joint, & felon le temps qu'on le joint à ces metaux. Quand on fond le fer avec quelque metal fulphureux, comme avec l'or, avec le cuivre ou avec l'étain; la matiere blanche du fer fe mêle avec ces metaux, & la matiere huileuse ou noire les furnage comme une scorie qui s'en separe fort aifément par un coup de marteau, comme toutes les fcories fe feparent de deffus les metaux fur qui elles tiennent. Quand on fait fondre le fer le premier fur un charbon, & qu'enfuite on met l'autre metal sur ce fer fondu, alors 1706.

X

« AnteriorContinuar »